Le grand chef d’orchestre américain s’est éteint à l’âge de 84 ans.

Lorin Maazel est décédé le 13 juillet 2014 dans sa maison de Castleton, dans l’état de Virginie. Le maestro américain qui vient de s’éteindre dans sa 84e année passa la quasi-totalité de sa vie en musique. Lui le jeune prodige célébré alors qu’il n’a que neuf ans aura enchainé les expériences (plus de 150 orchestres dirigés), les rencontres, les répertoires (de Beethoven à Tchaïkovski, en passant par Debussy, Mahler, Rachmaninov, Sibelius, Strauss…) et les enregistrements (plus de 300) avec une impressionnante voracité. Une boulimie qui le mènera à la direction artistique ou musicale de nombreuses phalanges : Radio-Symphonie-Orchester Berlin et Deutsche Oper Berlin (1965 – 1975), Orchestre de Cleveland (1972 – 1982), Orchestre National de France (1977 – 1991), Opéra d'État de Vienne (1982 – 1984), Orchestre Symphonique de Pittsburgh (1984 – 1996), Orchestre Symphonique de la Radiodiffusion bavaroise (1993 – 2002), Orchestre Philharmonique de New York (2002 – 2009), Orquestra de la Comunitat Valenciana (2006 – 2014) et Orchestre Philharmonique de Munich (2011 – 2014).

Forte personnalité exigeant qu’on l’appelle Maestro Maazel, il entra de nombreuses fois en conflit avec les musiciens de certains orchestres qu’il dirigea, comme avec certains comités de direction ; notamment à la Royal Opera House, au Staatsoper de Vienne et à l'Orchestre de Cleveland. Maazel rêvait de succéder à Karajan à la tête du Philharmonique de Berlin mais c’est Abbado qu’on lui préfère. Le chef américain s’en remettra difficilement, décidant de ne plus se produire avec la phalange berlinoise…

Chef d’orchestre bien entendu mais aussi violoniste, compositeur (il a notamment écrit un opéra, adaptation du roman d’Orwell, 1984, qui sera créé à Covent Garden à Londres et sera même donné à la Scala de Milan), directeur d’opéra et même réalisateur, celui qui voit le jour le 6 mars 1930 à Neuilly-sur-Seine grandit sur la terre natale de ses parents, les États-Unis, qu’il foule dès 1932. Lorin Maazel n’a que 5 ans lorsqu’il commence à étudier le violon aux côtés de Karl Moldrem et la direction avec Vladimir Bakaleinikov. Surdoué, le jeune garçon foule rapidement les planches et dirige, officiellement, pour la première fois, à seulement 8 ans, la Symphonie inachevé de Schubert ! Mieux : le grand Arturo Toscanini invitera le jeune Maazel, âgé alors de seulement 11 ans, à conduire le NBC Symphony Orchestra !

Comme tout enfant prodige digne de sa « fonction », Maazel étudie en plus les mathématiques et la philosophie à l’Université de Pittsburgh. En 1951, une bourse lui permet de s’envoler pour l’Italie afin d’y étudier la musique baroque. Là-bas, un remplacement de dernière minute à Catane le propulse vers une tournée européenne. A 30 ans, il est alors le plus jeune chef d’orchestre (et le premier Américain) à diriger au Festival de Bayreuth, dans Lohengrin. En 1965, il entre même en fonction au Deutsche Oper de Berlin, premier poste d’une longue série…

En 1979, Lorin Maazel avait dirigé la musique du Don Giovanni réalisé par le cinéaste Joseph Losey. Pour le 7e Art encore, il sera à la baguette du Carmen de Francesco Rosi en 1984 et de l’Otello de Franco Zeffirelli deux ans plus tard. Au disque, Maazel n’a guère chômé, signant près de 300 enregistrements ! C’est lui encore qui est à la baguette de onze concerts du nouvel an, entre 1980 et 2005 ! Enfin, il était le fondateur du Festival de Castleton, manifestation destinée aux jeunes talents qu’il lance en 2009. «Cher Lorin! Un immense merci pour ton génie », a tweeté le ténor Placido Domingo, en apprenant la disparition du maestro…

LORIN MAAZEL | Beethoven's Symphony No. 9

krhanlon