Qobuzissime

Elle n’a que 24 ans mais déjà tout d’une grande chanteuse soul. Une voix chaude et grave qui se module et se balade avec agilité, un talent brut et un charisme naturel désarmant font d’elle une artiste magnétique, pour laquelle on fond littéralement et qu’on s’empressera de voir dans de petits jazz clubs tamisés ou sous le soleil des grandes scènes des festivals d’été. Avec quatre EP truffés de morceaux taillés comme des singles (Cross My Mind, Be My Own Boyfriend, Slowly, What I’m Gonna Do On Sundays?), sortis chez le petit label indépendant anglais AMF Records entre 2019 et 2021, Olivia Dean a très vite tapé dans l’oreille du plus grand EMI.

D’autres avant eux ne s’y étaient pas trompés. Rudimental les premiers. En 2017 déjà, la formation de drum’n’bass l’invitait – Olivia n’a alors que 18 ans - à remplacer en live Emeli Sandé sur le plus dance Free, puis deux ans plus tard à les rejoindre au disque sur Adrenaline, qui clôt leur dernier album Toast to Our Differences. Un tout autre registre dont elle s’éloigne sur son premier EP OK I Love You Bye, alignant quatre titres plus soul et R&B.

Elle fait ensuite partie des jeunes talents programmés dans l’édition 2021 du festival de Boiler Room, puis celui d’Arte Concert l’année suivante. Mais sa voie, plus jazzy, se trace encore plus nettement lorsque le mythique Jazz Café de Londres l’invite pour un court concert filmé et enregistré, où elle chante avec une formation élargie (trompette, saxophone et trombone) qui donne plus d’ampleur à ses morceaux.

Avec Messy, “désordonné” en français, celle qui a grandi à Haringey, dans le nord de Londres, pose un ADN clair. Olivia opte pour un mélange de R&B classieux teinté de jazz, poli aux cuivres, de soul, influencé par Amy Winehouse, Erykah Badu ou Lauryn Hill. En 12 pistes pour 35 minutes qui passent trop vite, elle slalome avec aisance entre des ballades sobres en piano-voix qui chantent les ruptures amoureuses ou prônent l’émancipation (Be Me Own Boyfriend), et des bijoux d’envolées pop qui restent en tête comme Dive. Si, dans ce riche paysage de la soul britannique, on risque vite la comparer à ses compatriotes Joy Crookes ou Jorja Smith, la jeune chanteuse fait déjà valoir sa singularité. Une diva en puissance, qui va vite être partout, et longtemps. Qobuzissime !