Très attendue, la DJ américano-coréenne sort un premier long format XXL entièrement fait maison, récompensé par un Qobuzissime ! Retour sur un phénomène.

“When the walls are bangin’, I don’t fuck with family planning.” C’est avec ce genre de petits haïkus bien directs que Kathy Yaeji Lee, née en 1993 dans le Queens à New York et donc même pas 30 ans au compteur, entourait, sous ses airs de nerd sans accroc, le hook “Make it rain girl” de Raingurl, carton house de l’année 2017 qui la révélait au monde et durant laquelle elle a sorti quatre EP !

Yaeji - Raingurl

Yaeji

Après les 15 millions de vues de Raingurl sur YouTube, la New-Yorkaise est déjà estampillée “phénomène” et se hisse dans le top des artistes à suivre des magazines The Faber et Forbes, et des fans coréens commencent à la suivre dans ses tournées. Cerise sur le gâteau, Charlie XCX, dont elle avait remixé Focus, l’invite avec la chanteuse Clairo sur February 2017 de son dernier album Charli. Pour ne laisser ni le temps filer ni le succès lui monter à la tête, Yaeji embraye en plein confinement avec l’excellente mixtape What We Drew (2020), sur lequel elle conviait ses amies rappeuses à poser sur ses solides compositions deep house et R&B créées sur Ableton Live (son logiciel fétiche sur lequel elle se perfectionne du lundi au vendredi depuis ses études d’art visuel à l’Université de Pittsburgh), son clavier 64 touches et son sampler.

Après tous ces maxis, la voici enfin en long format. Composé en deux ans entre New York, Séoul et Londres et toujours sous pavillon XL Recordings, With the Hammer s’éloigne doucement de ses travaux précédents, en caressant avec finesse le trip hop (Done (Let’s Get It)) ou l’indie rock coréen, tout en s’appuyant sur ses bases deep house et R&B. Dans cette ode introspective où elle expose, à la fois en anglais et en coréen, son rapport à la colère (qu’elle métaphorise avec un marteau baptisé Hammer Lee), la DJ n’a pas peur d’endosser tous les rôles, productrice, songwriteuse, chanteuse. Mais elle fait aussi appel à Marcus Elliot Brown pour quelques détours jazz (Happy) , ainsi qu’aux voix féminines de la Londonienne Loraine James (1 Thin To Smash) et de l’Américain Nourished by Time, qu’elle échantillonne à l’envi. On n’a pas fini d’entendre parler de Yaeji !

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