Depuis 10 ans, Lille accueille un festival de piano de premier plan. Lille Piano Festival se tiendra du 8 au 10 juin: deux journées intenses où Debussy, en cette année du 150e anniversaire de sa naissance, aura la part belle.

La cuvée 2012 du Lille Piano Festival se tiendra du 8 au 10 juin: deux journées intenses où Debussy, en cette année du 150e anniversaire de sa naissance, aura la part belle. Deux autres figures, John Cage et Marie Jaëll, feront l'objet de cette édition. Une trentaine de pianistes, en récital ou accompagnés par l’Orchestre National de Lille, dresseront leur portrait.

L’intensité sera à son comble quand Philippe Cassard s’engagera dans un « marathon Debussy » : le samedi 9 juin, il jouera l’intégrale de l’œuvre pour piano seul de Debussy, au Théâtre du Nord. Un défi exténuant (plus de six heures de musique) qui ne pouvait être assumé que par un des plus grands spécialistes de Debussy. Un compositeur pour lequel il s’est mobilisé sur tous les plans cette année: un album de piano 4 mains avec François Chaplin chaudement salué ; un disque de mélodies avec Natalie Dessay comprenant des mélodies inédites ; un essai à paraître à l'automne prochain...

Après être passé par Brahms, qu’il évoque dans notre rencontre-podcast, il revient donc à son compositeur fétiche, qu’il maîtrise sur le bout de doigts, et s’applique à en offrir une vue d’ensemble en une journée. Une vue d’ensemble où chaque pièce s’assemble pour composer comme un tableau final, où chaque partie prend sa cohérence en rapport avec les autres. Ainsi témoigne-t-il: «L’idée de jouer en une seule journée l’intégrale des pièces pour piano écrites par Debussy m’est venue devant les Nymphéas de Claude Monet. M’approchant, j’ai pris conscience de l’incroyable profusion de tâches, traits, points de couleurs au centimètre carré. En me reculant, le détail surchargé s’est replacé dans l’ensemble, le tout s’est mis à vibrer en un kaléidoscope vertigineux de formes gracieuses et de couleurs irisées. Telle m’apparaît l’œuvre pour piano de Debussy, saisie dans la dramaturgie d’une journée».

La programmation embrassera également un halo de compositeurs liés de près ou de loin à Debussy, inspirateurs ou héritiers, comme Dutilleux, Ravel, Franck, Fauré, ou Gershwin. Parmi les interprètes, le festival comptera notamment Jean-Frédéric Neuburger, Emmanuel Strosser, Vanessa Wagner. Aldo Cicollini et Jean-Claude Pennetier, ardents représentants de l’école française, feront se répondre Debussy et des compositeurs moins connus comme Ohana dans ses Préludes ou Satie.

Debussy partagera la tête d’affiche avec Cage, dont on fête cette année les 100 ans de sa naissance. Un axe baptisé « Open Cage », le dimanche 10 juin, donnera carte blanche à des pianistes rompus au répertoire contemporain, comme Francesco Tristano ou Wilhem Latchoumia, tous deux lauréats du prestigieux Concours International de Piano d’Orléans. Tout comme Latchoumia, Francesco Tristano lui a consacré un album, Bachcage, chez Deutsche Grammophon. Il y fait un parallèle entre deux compositeurs qu'a priori rien ne relie. A la fois pianiste classique et électro, le jeune pianiste formé à la Julliard School fait autant sensation dans les salles de concerts classiques que sur la scène des clubs électro. Gageons qu’il nous réserve des surprises.

La programmation fera également la part belle au « piano préparé », dont Cage a été le premier adepte, et dont les Sonates et interludes sont considérées comme le premier chef d’œuvre. Ce dispositif consistant à altérer le son du piano en plaçant divers objets dans ses cordes sera repris par Sophie Agnel dans un récital, toujours le dimanche 10 juin.

L’ « Open Cage » s’achèvera dans un « happening », cette manifestation artistique chère à Cage, dans laquelle le public devient acteur. Ce sera le « musicircus » imaginé par Cage: le public est invité à se rassembler pour interpréter simultanément la musique de son choix.

La pianiste, pédagogue et compositrice Marie Jaëll sera la figure du samedi 9 juin, à l’Opéra, où quatre manifestations lui seront consacrées. Pianiste admirée par Liszt, Saint-Saëns ou Fauré, pédagogue dont la méthode est encore utilisée de nos jours, Marie Jaëll est injustement tombée dans l’oubli. Cette journée lui rendra justice. Elle ne sera pas seulement musicale : en plus de deux concertos qui renaîtront, après un siècle de silence, sous les doigts de David Violi et Romain Descharmes, le philosophe et pianiste Sébastien Troester en dressera un portrait.

Le festival n'oublie pas pour autant le jazz, toujours à l'affiche, avec l’étoile montante du piano Thomas Enhco, accompagnée par la talentueuse percussionniste Vassilena Serafimova.

Le site du festival