Si les lecteurs de musique en réseau sont en nombre croissant sur le marché et probablement en passe de devenir la source de demain, les amplificateurs intégrant leur propre lecteur réseau, et souvent par la même occasion plusieurs entrées numériques permettant à des sources numériques externes d’accéder à leur convertisseur interne, sont une denrée beaucoup plus rare. Le Cyrus Streamline se positionne donc sur un marché encore assez inexploré avec de bonnes aptitudes naturelles en termes de qualité musicale et de souplesse d'emploi et devrait conquérir sans peine son auditoire.

Composée de passionnés de reproduction musicale, la société anglaise Cyrus Audio est devenue une sorte d'icône grâce aux boîtiers "légendaires Cyrus" (dixit le constructeur) qu'utilisent tous ses appareils.

Il est de fait que ceux-ci sont très particuliers puisqu'ils sont réalisés en alliage d'aluminium monobloc formé sous forte pression (un peu à la manière d'un bloc moteur) et cela leur permet à la fois une grande solidité et une grande longévité. Ces boîtiers sont repris à la main avant la phase de finition qui leur donne leur aspect définitif.

Cyrus Audio propose trois lecteurs de CD et un "drive" (lecteur de CD sans convertisseur et ne sortant qu'un signal numérique), un lecteur de musique en réseau disponible en trois déclinaisons, deux convertisseurs numérique analogique, cinq amplificateurs intégrés, deux pré-amplificateurs et quatre blocs d'amplification de puissance, ainsi que quelques accessoires.

Les trois déclinaisons du lecteur de musique en réseau sont les suivantes :Stream X, Stream XP et enfin Streamline.

Le modèle Stream X est un lecteur de musique en réseau "classique", dirons-nous, qui sera raccordé par liaison analogique à un amplificateur intégré.

Le modèle Stream XP dispose en plus d’une section pré-amplificateur qui lui permet d’être directement associé à un bloc amplificateur de puissance (c’est-à-dire ne comprenant aucun réglage) ou à des enceintes amplifiées.

Enfin le modèle Streamline intègre en plus une section d’amplification de 2 x 30W et devient de cet fait un système intégré «tout en un» comme on a coutume de le dire pour un système ne nécessitant que d’être raccordé à une paire d’enceintes pour délivrer de la musique. C’est ce modèle Streamline que nous allons vous présenter au travers de ce banc d’essai.

Présentation

Le Cyrus Streamline se présente avec une façade étroite et une profondeur importante. Cela permet éventuellement de juxtaposer des éléments d’une même gamme plutôt que de les empiler.

Disponible en noir ou argenté, cet appareil est d’une esthétique agréable et typique à la marque avec une légère proéminence de la partie inférieure sur laquelle prennent place la plupart des touches de commande. On y trouve trois touches pour les sources, à savoir, aux (12), radio Internet (13), music (réseau) (14), une touche play/pause (11) pour l’écoute des fichiers, une touche de retour au fichier précédent (10) et une de passage au fichier suivant (9) et une et enfin une touche qui permet de remonter dans les menus (8).

La navigation dans les menus et les fichiers et le réglage de volume se font par la molette (7) qui se trouve à droite de l’affichage (6). Celui-ci est un modèle monochrome à fond vert dont nous trouvons l’aspect un peu suranné (mais c’est une opinion tout à fait subjective). Une pression sur cette molette sélectionne le menu ou le fichier. A la gauche de l'afficheur se trouvent le récepteur de télécommande infrarouge (5) (celle-ci permet, grâce au système MC-Bus, de piloter d'autres appareils de la marque), le bouton de mise en marche (2) avec sa LED bicolore témoin (3) et deux autres touches, l’une permettant de déconnecter les enceintes pour écouter au casque (4), et l’autre «coupant» le son (mute) (1).

La télécommande

Superbe objet doté d’un afficheur couleur rétro éclairé, la télécommande du Cyrus Streamline (appelée n-remote) est livrée avec un socle chargeur se branchant sur le secteur via un adaptateur muni d’une liaison USB. Elle n'utilise donc pas de piles mais une batterie interne que l'on peut également recharger par un câble USB muni d'une mini prise à l'une de ses extrémités. Elle est équipée d'un détecteur de mouvement qui la sort de son "sommeil" d'économie de batterie en activant le rétro éclairage de l'affichage (idem lors de l'appui sur une touche quelconque).

Cette télécommande nécessite d’être appariée au Streamline avec lequel s’établit un dialogue bidirectionnel par liaison radio. L’afficheur de cette télécommande double alors celui du Streamline (avec la couleur en plus !) et l’utilisateur peut naviguer depuis la télécommande en plus de toutes les autres fonctions dont elle dispose, dont un accès direct au menu d’accueil (Home symbolisé par une petite maison, Home, sweet home…) et un clavier numérique de type téléphonique pour entrer, entres autres, la clef de cryptage du réseau Wi-Fi.

Elle peut également contrôler jusqu'à trois zones séparées et dispose d'une diode émettrice infrarouge pouvant envoyer des ordres à d'autres appareils Cyrus.

La connectique

La face arrière du Cyrus Streamline est assez bien garnie et comporte de nombreuses entrées numériques et aussi une sortie numérique coaxiale. Toutes les prises sont inventoriées ci-dessous.

1 - Prises pour haut-parleurs - 2 - Prise pour casque Jack 3,5 mm - 3 - Sortie préampli à niveau variable - 4 - Sortie à niveau fixe (pour enregistreur analogique) - 5 - Connexion MC-Bus (entrée et sortie) - 6 - Port USB - 8 - Entrées numériques optiques (x 2) - 9 - Entrées numériques coaxiales (x 3) - 10 - Sortie numérique coaxiale - 11 - Prise Ethernet - 12 - Prise antenne Wi-Fi - 13 - Antenne de télécommande - 14 - Connecteur RS232 - 15 - Prise secteur sans terre

Boîtier et organisation interne

Le boîtier du Cyrus Streamline est réalisé en alliage d'aluminium coulé d'un seul bloc. Des ailettes de refroidissement sont ménagées de chaque côté de ce boîtier afin de dissiper les calories dégagées par l'électronique, en particulier les amplificateurs de puissance. C'est une fabrication très sérieuse avec des éléments de qualité qui inspire confiance.

Les deux amplificateurs sont intégrés dans un unique boîtier portant la référence LM4780 qui est issu du fabricant National Semiconductor et délivre une puissance de 2x30W dans 8 ohms (boîtier grossi dans le cadre du visuel ci-dessous).

Un gros transformateur toroïdal (1) fournit le courant pour l’alimentation analogique (2) avec ses gros condensateurs de filtrage, chargée d’alimenter les amplificateurs de puissance (6) et la partie conversion numérique analogique qui se trouve sous le module de réception Wi-Fi (4).

Ce transformateur délivre aussi du courant à l’alimentation des circuits numériques (3) ainsi qu’au circuit radio de réception des ordres de la télécommande (5) dont une partie se trouve à l’extérieur du boîtier (afin de pouvoir capter les ondes), protégée par une pièce saillante en plastique épais.

Section analogique

Celle-ci se trouve en grande partie cachée sous le récepteur Wi-Fi, aussi nous a-t-il fallu démonter ce dernier pour avoir accès aux circuits dérobés aux regards.

Nous avons découvert un MAX3225 de Maxim qui assure l’interface entre les signaux RS232 provenant d’un ordinateur et la circuiterie interne.

Visiblement le Cyrus Streamline fait usage de conversion de taux d’échantillonnage puisqu’on y trouve un SRC (Sample Rate Converter ou Convertisseur de taux d’échantillonnage) de type AK4125VF du fabricant Asahi Kasei.

Un autre circuit de ce même fabricant, un AK4118 se charge de l’émission et de la réception des signaux numériques. La conversion numérique analogique est assurée par un PCM1791 du fabricant réputé Burr-Brown (Texas Instruments) travaillant jusqu’à 24 bit à 192 kHz.

Le filtrage est confié à de performants amplificateurs opérationnels à faible bruit OPA2134, tandis que le réglage de volume fait appel à un circuit intégré PGA2311 dont la commande numérique agit sur un réseau de résistances internes augmentant ou diminuant le gain de deux amplificateurs opérationnels intégrés.

Utilisation et écoute

L’utilisation et le paramétrage du Cyrus Streamline ne nous ont pas causé de soucis particuliers, et si les menus ne sont pas disponibles en français, le manuel d’utilisation les indique en anglais avec traduction française pour les personnes non anglophones.

Il est également très agréable de pouvoir piloter toutes les fonctions, y compris la navigation, depuis la télécommande radio qui n’oblige pas à se trouver en vue directe du Streamline et de voir s'afficher les informations, et la pochette du disque écouté, sur le petit afficheur couleur.

Bien que le Cyrus Streamline fasse usage d’un convertisseur de taux d’échantillonnage, technique envers laquelle nous avons déjà émis quelques réserves, nous avons trouvé les résultats sonores tout à fait bons et que celle-ci semblait ici avoir assez peu d’incidence sur l’écoute.

Donc, à l’écoute d’extraits musicaux, dont notre bien aimée Fantasia on British Sea Song, le Cyrus Streamline nous a paru être un appareil fortement recommandable et s’est montré fort respectueux de cette œuvre qui nous sert très souvent de référence sonore. La restitution sonore du Streamline est très propre et ne cherche pas à faire dans le sensationnel et nous avons noté un beau piqué de l’aigu sur les excellentes colonnes Focal Electra 1038Be que nous utilisons depuis peu dans les nouveaux locaux de Qobuz (pour les amateurs soucieux de détails, celles-ci étaient raccordées à l’amplificateur par des câbles haut-parleurs Positive Cable Phoenix), tandis qu’à l’écoute de musiques «musclées» issues de mixages en studio, le registre grave ne souffrait d’aucune carence (un amplificateur de 2x30W n’est peut-être pas hyper puissant dans l’absolu, mais comme en écoute domestique à niveau raisonnable on ne sollicite que quelques watts de sa part, et encore, il reste de la marge !).

Certes, les audiophiles férus d’amplification ésotérique regretteront l’emploi d’amplificateurs intégrés, mais ceux-ci fonctionnent très bien, et pour tout dire certains amplificateurs de haut de gamme réputés font usage de circuits d’amplification de puissance National Semiconductor.

L'auteur a également procédé à des écoutes à son domicile en utilisant le Cyrus Streamline comme pré-amplificateur grâce à ses sorties analogiques à niveau variable. Cela pour pouvoir discerner plus facilement le rôle de la partie réseau conversion numérique analogique en ne se servant pas des amplificateurs internes et en utilisant des enceintes amplifiées aux caractéristiques sonores parfaitement connues.

Globalement nous avons retrouvé la "personnalité sonore" (nous ne parlons pas de puissance) ressentie lors de l'écoute faite avec l'amplification interne dans les locaux de Qobuz, en particulier la confirmation d'une petite tendance à la sagesse dans l'expression de la dynamique dont nous ne pouvions dire si elle était du fait de l'amplification ou des étages amont et qui semble bien due à ces derniers.

Pareillement, l'effet de la conversion de taux d'échantillonnage reste assez peu sensible dans cette configuration pré-amplificatrice, ce qui est un bon point pour le Cyrus Streamline.

Pour le reste, c'est très bien, l'image sonore est probante et la restitution sonore bénéficie d'une agréable aération qui donne vie à la musique en la faisant largement sortir du cadre des enceintes.

En conclusion, le Cyrus Streamline est un lecteur réseau amplificateur "tout en un" offrant des performances sonores homogènes et de bon niveau ainsi qu'une grand souplesse d'utilisation agrémentée par le confort d'une télécommande inter active assurant aussi un rôle d'afficheur. Associé à de bonnes enceintes, il pourra constituer le coeur d'un système haute fidélité se montrant à l'aise avec de nombreux genres musicaux pourvu qu'on ne lui demande pas de faire un concert à domicile ou de sonoriser des soirées dansantes, ses 30 watts par canal le réservant à des écoutes moins exigeantes en décibels. Par ailleurs, rien n'empêche de le faire évoluer par adjonction d'un bloc amplificateur de puissance grâce à ses sorties pré-amplifiées.

Spécifications

Manuel d'utilisation (français)

Site Cyrus Audio