Esoteric fait partie des marques japonaises de prestige et n'est autre que la branche de haut de gamme du constructeur beaucoup plus connu (y compris pour les lecteurs du Magazine Qobuz Hi-Res) TEAC.
Esoteric est apparue en 1987, c'est-à-dire en pleine période faste de la Haute Fidélité, soit près de trente cinq ans après la naissance de TEAC, pour répondre aux demandes des audiophiles en quête de performances de très haut niveau.
La marque propose de superbes réalisations dont, entre autres, des lecteurs de CD-SACD (avec ou sans convertisseur numérique analogique intégré) équipés de mécanismes de ultra haute précision (VRDS-NEO Mechanism).
Esoteric a été également la première marque à développer un processus de ré échantillonnage des signaux audio numériques sur 32 bits et actuellement le convertisseur numérique analogique Grandioso D1 utilise le 36 Bit D/A processing. Bref, le haut de gamme à l'état pur.
Le lecteur réseau N-05, qui sera l'objet de ce banc d'essai, se contente pour sa part du 34 Bit D/A processing, qui va donc transformer en interne tous les fichiers audio numérique en fichiers 34 bits (soit plus du double de la quantification d'un vulgaire fichier CD, excusez du peu), même les fichiers Qobuz qui seront streamés nativement en Hi-Res via l'application Qobuz intégrée dans son application de pilotage pour iPad. On pourra donc goûter la Hi-Res, mais revisitée à la sauce 34 bits Esoteric.
Présentation
Le lecteur réseau Esoteric N-05 est un très bel appareil à la présentation sobre mais qui dégage un indéniable sentiment de qualité avec son coffret entièrement réalisé en aluminium massif brossé et anodisé naturel.
Pas de surcharge de boutons en façade puisqu'on trouve dans la partie gauche le bouton de mise en marche, avec débrayage automatique après un certain temps en cas d'absence de signal, un petit bouton permettant d'accéder au menu surmonté d'une LED indiquant l'utilisation d'une horloge de synchronisation externe.
Le large affichage bleu prend place en position centrale et à sa droite sont situées les touches de sélection d'entrée ainsi que deux touches permettant de choisir parmi les options proposées par les menus. Ceux-ci ne permettent cependant qu'un paramétrage basique (hormis les sur-échantillonnages) et c'est par le biais de l'application pour iPad que l'on pourra accéder aux nombreuses possibilités de paramétrage proposées.
Connectique
Le lecteur réseau Esoteric N-05 offre une connectique qu'on peut qualifier de complète pour un appareil de ce type. On trouve, bien sûr une connexion réseau sur prise RJ45 côtoyant une prise USB A permettant le branchement d'un support de stockage USB, clef ou disque dur.
Le N-05 est également un DAC à part entière puisqu'il dispose d'une entrée USB B compatible PC, Mac et aussi smartphone et tablettes Android, ainsi que de trois entrées pour signal audio numérique S/PDIF, deux coaxiales et une optique. On trouve également une entrée pour une horloge externe de haute précision comme les modèles G-01 et G-02 du constructeur, cette horloge pouvant servir à un autre appareil grâce au connecteur de sortie situé à côté. Une sortie S/PDIF coaxiale, qui peut être désactivée par le menu, est également présente sur le panneau arrière.
Les signaux audio analogiques sont disponibles en mode symétrique sur des connecteurs de type XLR trois broches ou en mode asymétrique sur des prises Cinch, mais ces deux modes ne pourront pas être utilisés simultanément, le choix d l'un ou l'autre étant effectué via le menu, avec la possibilité d'inverser les points chaud et froid sur les prises XLR. On peut également désactiver les sorties analogiques, auquel cas le circuit du convertisseur numérique analogique cesse de fonctionner. Dans ce cas le lecteur réseau N-05 se transforme en drive (ou transport), dont le seul rôle est de véhiculer les signaux, la conversion numérique analogique étant assurée par un DAC externe.
Réalisation
L'intérieur du lecteur réseau Esoteric N-05 est réalisé avec un grand soin et les différents blocs fonctionnels occupent leur propre circuit et les liaisons inter-blocs sont réalisées soit par des nappes de fils quand cela s'impose, comme pour les alimentations qui doivent véhiculer du courant, ou pour les signaux analogiques, soit par des circuits souples pour les signaux d'autres natures.
Commençons par l'alimentation, largement dimensionnée, qui est un modèle traditionnel, communément appelé alimentation linéaire par les électroniciens et qui reçoit son énergie d'un beau transformateur toroïdal fabriqué sur mesure. Ce n'est pas moins de huit condensateurs de 6800 F/35V et deux de 1800 μF/50V qui filtrent les tensions redressées par des diodes Schottky à faible seuil de type FSQS05A065 fabriquées par Nihon Inter Electronics Corporation et supportant un courant de cinq ampères.
Trois régulateurs NJM2388 fabriqués par JRC (Japan Radio Company) montés sur dissipateur assurent la stabilité des tensions de 3,3V, 5V et 12V.
Sur la face inférieure de la carte réseau on trouve un transceiver (émetteur-récepteur) Ethernet AR8035 fabriqué par Atheros qui se charge des données et des flux audio numérique en provenance du réseau.
La face supérieure de cette même carte réseau accueille quelques circuits à découpage fabriquant localement les alimentations dont a besoin la carte, ainsi qu'un micro contrôleur coiffé d'un dissipateur (donc impossible à identifier) qui va décoder les flux audio sachant que ceux-ci peuvent être de nombreux types. Son micro logiciel est contenu dans la mémoire FLASH Spansion S34ML04G100 situé juste à côté et il utilise quatre mémoires SDRAM Nanya NT5TU128 pour ses calculs.
L'interface USB occupe un petit circuit indépendant et utilise un circuit DSP (Processeur numérique de signal) Texas Instruments TMS320C6748B programmable et intégrant un port USB 1.1 et un port USB 2.0 qui est utilisé pour gérer les flux audio en provenance de la liaison USB. Pour info, on trouve cette même carte USB sur le lecteur réseau TEAC NT-503.
Un autre chip Texas Instruments, à savoir un TPS6507O, fournit une alimentation 5V à la carte située au-dessous (visuel ci-après) et sur laquelle se trouvent les entrées S/PDIF.
Les entrées, ainsi que la sortie S/PDIF sont réunies sur un circuit sur lequel un récepteur Burr-Brown PCM9211 (24 bits à 192 kHz) assure l'interface avec ces entrées ainsi que leur commutation. A ses côtés se trouve un circuit Xilinx XC2C256 (un CPLD ou complex programmable logic device, circuit logique programmable complexe) qui se charge de ré échantillonner tous les signaux, selon le paramétrage effectué via le menu (original, 2Fs, 4Fs, 8Fs, DSD ou FIX), et ce quelle que soit leur provenance (USB, S/PDIF ou réseau).
Ces signaux sont alors pris en charge un micro contrôleur 32 bits Renasas uPD70F3746 (près du milieu, à droite sur le visuel) qui, grâce au 34 Bit D/A processing, sont transformés en signaux 34 bits. Ceux-ci sont ensuite interfacés par deux isolateurs Silicon Labs SI86655 avant d'être transmis aux puces de conversion numérique analogique. Ces SI8655 sont situés sur la carte horloge au cœur de laquelle on trouve un réseau de portes programmables (FPGA) Xilinx Spartan-6 XC6SLX25 ainsi que l'horloge de précision utilisant un oscillateur VCXO (voltage controlled crystal oscillator, repère X400) développé conjointement par Esoteric et Nihon Dempa Kogyo (NDK).
La conversion numérique analogique est réalisée indépendamment pour le canal gauche et le canal droit, les composants de chaque canal occupant respectivement les parties situées de part et d'autre de la partie horloge, la séparation se faisant jusque dans les alimentations. On trouve ainsi deux régulateurs ajustables, un LM317 et un LM337, montés sur radiateur, et chargés de stabiliser les alimentations de la partie analogique de la conversion sur chaque canal.
Chaque voie utilise deux convertisseurs numérique analogique Asahi Kasei AK4490, le top du top actuellement puisque ce circuit est compatible 32 bits à 768 kHz et DSD jusque 11,2 MHz. Le lecteur réseau N-05 étant doté de sorties analogiques asymétriques et symétriques, l'un de ces deux AK4490 sert à fabriquer le signal direct (encore appelé positif ou chaud) et l'autre le signal inversé (négatif ou froid).
Un amplificateur opérationnel double à faible bruit Texas Instruments NE5532 filtre ensuite chaque composante du signal symétrique et chacune d'elle passe ensuite par un buffer de sortie de type HCLD (High Current Line Driver), composé d'un amplificateur opérationnel double Muses 8820 et de transistors. Grâce aux relais de sortie, ces buffers fonctionnent indépendamment en mode symétrique et sont mis en parallèle lors de l'utilisation de la sortie asymétrique afin de réduire encore l'impédance de sortie.
Utilisation, écoute
L'application Esoteric reprend les grandes lignes de celle développée par Lumïn pour ses lecteurs réseau mais s'en différencie cependant au niveau des paramétrages car les fonctionnalités ne sont pas les mêmes et l'application Esoteric ne donne pas accès aux ré-échantillonnages auxquels on peut accéder depuis la façade du N-05.
Commençons les écoutes sur l'entrée USB, dans notre configuration habituelle, c'est-à-dire Foobar2000 sur PC en mode KS, et notre (modeste) amplificateur Sony UDA-1 pilotant nos (à peine moins modestes) enceintes Triangle Antal Anniversary et avec l'Allegro moderato du Concerto pour violon de Tchaikovski par Patricia Kopatchinskaja au violon et l'ensemble MusicAeterna sous la direction Teodor Currentzis. Les fichiers sont conservés dans leur format original.
Finalement ce premier choix s'est révélé assez judicieux car il a permis de bien cerner, nous semble-t-il la personnalité sonore de cet Esoteric N-05.
La dynamique d'abord. Aucun doute, le 34 Bit D/A processing donne un sacré coup de fouet à la restitution sonore et cet enregistrement, qui n'en manque vraiment pas par nature, se voit encore dopé, un peu, si nous pouvons oser la comparaison, comme si un expanseur de dynamique était passé par là et on en prend vraiment plein les oreilles à l'arrivée du fameux thème du premier mouvement de ce concerto où l'orchestre lâche les décibels et où nous on s'éclate !
Les timbres ensuite. C'est vrai que la musique est restituée avec beauté et ampleur, mais, pour avoir écouté ce concerto de nombreuses fois et avec des DAC très analytiques et respectueux des timbres, le violon de Patricia Kopatchinskaja a perdu de son impertinence, si l'on peut dire, de son mordant, on n'entend plus ces véritables grattements sur les cordes, et il en va aussi pour l'orchestre qui a laissé une partie de sa sauvagerie à l'entrée du N-05, ce que l'on pourra néanmoins aimer.
Passons en écoute sur réseau avec l'album Vespri per l'Assunzione di Maria Vergine de Vivaldi par le Concerto Italiano dirigé par Rinaldo Alessandrini. Là encore le lecteur réseau Esoteric N-05 nous gratifie d'une fort belle restitution, ample et chaude avec un orchestre et des chœurs bien présents et des cuivres rutilants à souhait, mais il nous manque la vivacité extrême des attaques des cordes, ces coups d'archets que nous aimons tant dans cette interprétation et que non seulement nous entendons mais aussi que nous visualisons mentalement. Très beau mais un rien sage à notre goût.
L'aération du message sonore se montre particulièrement bonne à l'écoute du fameux Kind Of Magic de l'album The Platinum Collection de Queen avec également une très bonne spatialisation, tandis que la conversion d'échantillonnage améliore encore ces paramètres, bien qu'ayant tendance à éclaircir de manière assez sensible les registres médium et aigu lorsque l'on convertit en DSD, ce qui a par ailleurs assez bien réussi au titre Paradis Perdus, un peu sombre et compact d'origine, de l'album Chaleur Humaine de Christine and the Queens.
En conclusion, le lecteur réseau Esoteric N-05 est assurément un très bel appareil à la technique particulièrement élaborée, intégrant l'application Qobuz et offrant des capacités de lecture peu communes, et dont les résultats sonores, s'ils nous ont semblé parfois assagir un peu les interprétations, n'en demeurent pas moins fort beaux.
Mode d'emploi (Fr, En, Sp)
Synergie-esoteric (distribution France)
Capacités de lecture
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