Pour célébrer le 25e anniversaire de la disparition du grand organiste, Notre-Dame de Paris lui consacrera un hommage le 7 mars.

Le 5 mars 1984, s’éteignait Pierre Cochereau, organiste titulaire de Notre-Dame de Paris, qui a, pendant près de trente ans, illustré la tribune séculaire du grand orgue le plus célèbre du monde. Un instrumentiste brillant qui magnifiait l’improvisation. « L’improvisation est peut-être un art d’illusionniste, mais que vaudrait la vie si l’on venait à perdre l’entier de ses illusions. », disait-il… Dans le cadre du 25e anniversaire de cette disparition, un grand hommage lui sera rendu, samedi 7 mars, dans la cathédrale parisienne.

A 18h30 tout d'abord, une messe solennelle présidée par Monseigneur Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes et ancien recteur de la basilique Notre-Dame de Paris, avec la participation de la Maîtrise Notre-Dame de Paris dirigée par Lionel Sow, avec Yves Castagnet à l’orgue de chœur, et, au grand orgue, Philippe Lefebvre, organiste titulaire de Notre-Dame de Paris.

Cet hommage se poursuivra à 20h00 avec un récital au grand orgue par George Baker, organiste à l’Université de dallas au Texas, François-Henri Houbart, organiste titulaire de l’église de la Madeleine à Paris, et Philippe Lefebvre. Présenté par Monseigneur Jehan Revert, maître de chapelle émérite de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, ce concert proposera des œuvres de Bach, Cochereau, Dupré, Franck, Tournemire, Vierne, Couperin, etc.

Pierre Cochereau naquit à Saint-Mandé le 9 juillet 1924. Après des études de piano auprès de Marguerite Long et de Paul Pannesay, Pierre Cochereau entreprend des études d’orgue tout d’abord avec Marie-Louise Girod et Paul Delafosse, puis avec André Fleury. Il devient organiste titulaire du grand orgue de Saint-Roch à Paris, officiellement à partir de 1945. À cette période, il est élève du conservatoire national supérieur de musique de Paris où il remporte successivement plusieurs premiers prix dans les classes de Norbert Dufourcq (histoire de la musique), Marcel Dupré (orgue et improvisation), Maurice Duruflé (harmonie), Tony Aubin (composition).

Après avoir dirigé le conservatoire du Mans, Cochereau succède en 1955 à Léonce de Saint-Martin comme organiste titulaire de Notre-Dame de Paris et entreprend une éblouissante carrière de concertiste. Il donne plus de 2000 concerts au cours de son existence. Ses périples le mènent tour à tour en Amérique du Nord, au Canada, en Amérique du Sud, en Australie, au Japon, au Liban, en Turquie, à travers toute l’Europe de l’Ouest, du Nord au Sud, la Hongrie, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Russie...

Pierre Cochereau devient Directeur du Conservatoire de Nice en 1961 et crée en 1979 à la demande du gouvernement le Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon, qu’il dirige jusqu’à sa mort en 1984.

Avec Pierre Cochereau, l’orgue gagne une popularité jamais atteinte avant lui. Il fait connaître l’école d’orgue française dans le monde entier et le monde entier se rend à la tribune de Notre-Dame pour l’écouter. Interprète inspiré, il est une référence de la musique symphonique qu’il illustre à travers César Franck, Louis Vierne, Marcel Dupré et Maurice Duruflé. En faisant construire un orgue à tuyaux « itinérant » de 12 jeux il porte l’orgue et la musique d’orgue dans les lieux les plus divers et inattendus (salles de concerts, cinémas, théâtres, plein air) et avec la complicité de son ami trompettiste Roger Delmotte il contribue à la démocratisation de la musique.

Ses qualités pédagogiques et humaines sont reconnues de tous : enthousiasme, délicatesse, patience. Il est un homme d’esprit et d’humour, farceur à l’occasion, qui donne à la tribune de Notre-Dame le rang qu’elle occupe dans le monde musical depuis que, sous son impulsion, le clergé a autorisé les auditions du dimanche (près de 1000 concerts depuis 1968 jusqu’à sa disparition en 1984). Il y fait preuve d’un grand éclectisme en y accueillant les organistes du monde entier et en favorisant la création d’œuvres les plus modernes à son époque, comme Arvo Pärt ou Xenakis.

Pierre Cochereau crée l’Académie d’été de Nice où il enseigne lui-même l’orgue et l’improvisation à de jeunes organistes français et étrangers parmi lesquels les trois organistes qui lui rendront cet hommage. Toute sa vie est ainsi consacrée à la promotion des jeunes talents tant à la direction des conservatoire du Mans, de Nice et de Lyon qu’à travers le concours international d’orgue de Chartres dont il contribue à la création avec Pierre Firmin-Didot et dont il assurera de nombreuses années la présidence du jury.

Pierre Cochereau a peu composé. Il reste de lui, avant tout, la vision d’un improvisateur extraordinaire, flamboyant, engagé totalement et physiquement dans l’action. Le disque a conservé quelques-unes parmi les meilleures de ses improvisations, enregistrées pour la plupart aux orgues de Notre-Dame.

Le site officiel de Notre-Dame de Paris

Une improvisation de Cochereau à l'Auditorium de Lyon :

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