Toti Nation

Chronique

C’est avec son premier EP paru en 2013, Un Prince Dans Un HLM, que Tito Prince a véritablement pris son envol. Grâce à des titres tels que « Hôpital de la Fontaine », « Housewife » ou encore « Dîner de cons », il imposait son rap stylé, sa production léchée et son flow technique sur un discours conscient et étonnamment mature.
 
On attendait dès lors son premier véritable album mais c’est avec une nouvelle mixtape que ce disciple de Disiz surprit ses fans. Les Prémices de Toti Nation avait ainsi pour mission de les faire patienter jusqu’à la sortie imminente de Toti Nation. Le rappeur de Vigneux-sur-Seine démarre fort avec « Victory », un morceau introspectif doté d’une rythmique claquante, à l’instar de « Ils m’ont appelé P’tit », qui le suit de près. Les deux titres démontrent d’emblée à ceux qui en doutaient que Tito Prince possède aujourd’hui l’un des flows les plus élaborés du circuit hexagonal, tout en ménageant d’excellents refrains.

Cette évidence mélodique se retrouve sur « Payer cash », écho direct à « Hôpital de la Fontaine », issu de son premier EP. Les guitares électriques, discrètes mais d’une grande justesse, lui donnent toute sa profondeur et confortent l’aisance de l’artiste lorsqu’il s’agit de construire des morceaux alliant le fond à la forme. Plus prévisible est en revanche « Madame France », tant sur le message que sur son aspect technique, qui tourne davantage à l’exercice de style - certes impressionnant -, comme le feront plus loin le pourtant audacieux « Boy Different » et le paresseux « Dans quelle matris tu m’emmènes ». Tout le contraire de « Quand les frigos sont vides », aux paroles ciselées et à l’arrangement implacable, comme en témoignent les chœurs impeccables du refrain.

On retrouve Soprano en featuring sur « Courage Girl », et si les lyrics interpellent en abordant une crise traversée par un couple, Tito semble écrasé par la présence du rappeur marseillais, bien plus à l’aise paradoxalement que son hôte. D’autres titres tels que « La cassette » et sa mélodie puissante, l’alambiqué « Discussion avec un maçon », évoquant...la franc-maçonnerie, le percutant « Pas ton renoi de service », le refrain irrésistible de « Godson Power » ou le sublime « Le jour de ma percée » qui clôt l’album, prouvent que Tito Prince est bien porteur d’un vent de fraîcheur sur le rap français, et ce malgré quelques baisses d’intensité palpables.

Doté de 18 titres, Toti Nation aurait sûrement gagné à être quelque peu élagué mais il faudrait être sourd pour ne pas lui reconnaître une place à part dans l’océan du rap français.

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