Remixes

Chronique

Alors qu’ils sont en sessions new-yorkaises d’enregistrement de leur prochain album (dont la sortie est planifiée à la fin de l’année 2011), ceux qui ont été lancés sur la scène internationale sous l’appellation particulièrement séminale de couple aveugle du Mali, se signalent à notre bon souvenir dansant par une compilation de remixes, pour la moitié inédits, de chansons majoritairement extraites de leurs deux derniers opus en date, Dimanche à Bamako et Welcome to Mali.

On avait depuis longtemps pu apprécier le travail des sorciers des studios sur la pâte sonore originelle proposée par Amadou et Mariam, car, depuis tout aussi longtemps, les deux chanteurs n’avaient pas hésité à enrichir leur art par la vision de l’autre : c’est en 2005 que Yuksek transforme « La Réalité » en un brûlot urbain, iridescent des halètements de la ville, et bien plus récemment (2010) que Bob Sinclar avait passé à l’hormone de croissance les tambours de « Africa ».

Les découvertes iront donc ici au travail des Suédois de Miike Snow, et leur vision de « Sabali » tout en pop sépia, ou d’une participation de Teophilus London à la même mélodie, cette fois remixée par Grey X Sage. De même, le tressautant « Ilbiwan » revisité par Laskez, ou l’ouvertement disco « Artistiya » tel que l’a rêvé SABO feront les belles nuits des dance-floors. Plus torturé et ondoyant, « Poulo », comme l’a déconstruit et réédifié Busta Funk, ou une troisième version de « Sabali » (décidément le refrain de la sélection), plus mélancolique celle-là, par le français Vitalic, retiendront l’attention des amateurs de sonorités irisées et mouvantes. On conservera néanmoins la préférence au faussement martial «Je pense à toi, mon amour, ma chérie » élaboré par DJ Alix, compilant des vocaux, utilisés comme on pourrait le faire d’une section de cuivres, et illuminé par des rythmiques en provenance directe des jerks électroniques de Michel Colombier.

Remixes est un album qui ne dénature en rien les chansons initiales : le paysage est identique, seule la façon de le contempler change. Et c’est sans doute là la marque des plus grands.



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