Mystère

Chronique

En 2013, La Femme avait démarré sur les chapeaux de roue avec un premier album, Psycho Tropical Berlin, qui unissait avec assez de bonheur les guitares surf en provenance de Biarritz, QG du groupe, avec les sonorités electro de l'époque, le tout emballé dans un duvet parfumé aux années 1980.

Il y avait notamment une version revisitée de « Sur la planche », échantillon d'un bourgeonnement précoce, et c'était bien. Un équivalent existe dans le cru 2016, il s'intitule « Où va le monde » et n'a pas la même saveur, ce petit rien de tension, de frisson et d'aventure qui a disparu durant les trois années que le quintette a passé à peaufiner Mystère. De « mystère », il ne reste plus que des idées éparses, noyées dans l'obsession rétro d'une l'electro-pop française balbutiante symbolisée jadis par Elli & Jacno, Mathématiques Modernes, etc..

Si le titre d'ouverture, « Sphynx », rappelle encore les travaux plus complexes des débuts avec sa montée en gamme sensuelle, c'est une suite de morceaux potaches qui finit par kidnapper l'esprit un peu tordu qui régnait. Les comptines naïves s'enchaînent comme du yé-yé stylisé, avec orgue et tambourin Renaissance pour « Le Vide est ton nouveau prénom », diction scolaire sur « Septembre » ou martiale sur « Tatiana », dont l'effet de fuzz lui donne pourtant un bel air de garage rock.

Le chanté-parlé de ces chansons très écrites est d'ailleurs le principal défaut d'un album qui hésite entre la pose (faire des chansons branchées à fredonner : « S.S.D », « Elle ne t'aime pas ») et l'originalité (se différencier de la meute electro-pop ambiante : « Mycose »). La face B, pour reprendre une terminologie révolue, s'avère oubliable. Trop occupé à recréer l'esthétique d'un âge d'or en retour de vogue, La Femme en oublie de fabriquer la musique de son époque et les miniatures classiques qui vont avec.

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