Imaginez l’Orchestre Philharmonique de Berlin. Imaginez les trente-trois concerts de la saison. Imaginez six caméras, quarante-deux micros et six équipes de réalisation.
Imaginez surtout que tout cela est pour vous, à portée de clic, en direct le soir du concert, où que vous soyez. En streaming, en haute définition si vous êtes équipés, comme si vous étiez à Berlin ! Aucun autre orchestre au monde ne peut vous proposer cela à l’heure actuelle.
C’est tout cet imposant appareil que nous sommes venus explorer pour cette semaine du concert d’ouverture de la saison du Philharmonique de Berlin.
Il s’est fait expliquer toute la technique, donner tous les détails, dévoiler les coins et les recoins, il a assisté au travail de l’orchestre – cet après-midi Simon Rattle portait un t-shirt bleu en répétition, normal par cette chaleur –, ainsi qu’à la générale du matin et au concert de gala du soir. Voici déjà quelques-uns de ces détails, qui vous seront livrés tout au long de la saison. Au fur et à mesure des concerts.
En 2008, le premier violoncelle de l’Orchestre Philharmonique de Berlin suggéra à ses collègues et à la direction d’élargir le champ de diffusion de l’orchestre ; jusque là, les concerts étaient diffusés en direct à la radio– uniquement le son. Pourquoi ne pas diffuser l’image en direct, elle aussi, sur Internet ?
Mais le défi était d’un autre ordre. Là où, pour le seul son, les micros sont placés une fois pour toutes selon la disposition de chaque concert, il en va tout autrement pour la captation de l’image, qui se doit d’être mobile, vivante, différentiée : gros plans sur le chef, plans larges sur tout l’orchestre, ainsi que toute la panoplie des détails de musiciens et de groupes instrumentaux, le spectateur veut en voir le plus possible.
Il importait donc que la Philharmonie fût équipée d’un studio exclusivement dédié à la réalisation vidéo ; on prit possession de la régie, alors inoccupée, où furent enregistrés tous les vinyles de l’époque Karajan / Deutsche Gramophon Gesellschaft. Un phénoménal investissement, entièrement pris en charge par le sponsor principal de l’Orchestre.
Dans sa régie, un réalisateur, penché sur la partition qu’il a annotée mesure après mesure, indique aux cameramen où orienter et focaliser chacune des six caméras (commandées à distance par joystick ; aucun cameraman dans la salle, il convient de ne pas faire « studio de télévision »), tout en choisissant en cours de concert les séquences transmises en direct. Naturellement, le travail a été soigneusement préparé en amont au cours des répétitions… mais l’orchestre ne dispose que de trois répétitions par concert, en plus de la générale, ce qui ne laisse guère le temps aux cameramen et au réalisateur de chômer.
Le résultat est absolument remarquable de présence et de spontanéité ; et comme l’Orchestre fait appel à six équipes vidéo free-lance distinctes – il faut laisser le temps de préparation pour chaque concert, une équipe unique ne pourrait pas se charger de toute la saison –, le spectateur aura même loisir de comparer les styles de chaque réalisateur…
C’est en janvier 2009 que fut diffusé le premier concert en streaming vidéo direct ; depuis, chacun des concerts du Philharmonique de Berlin est ainsi offert au public. Que ceux qui rateraient un concert se rassurent.
Après quelques jours, la vidéo la plus récente est mise en ligne dans les archives, qui comptent déjà quelques 120 concerts : tous ceux captés depuis 2009 ainsi que plusieurs concerts de l’époque Abbado.
A ce jour aucun autre orchestre au monde n’offre cette possibilité ; faut-il justement que ce soit l’un des tout meilleurs qui ait décidé de prendre l’initiative !
Considérez également qu’à Berlin, les tickets peuvent coûter jusqu’à 220 € pour une place en première catégorie, et qu’une bonne partie des concerts affiche déjà complet des mois à l’avance - alors que vous, dans votre fauteuil à la maison, disposerez d’une vision privilégiée – meilleure même que la première catégorie ? qui sait… – et d’un son de qualité studio pour une fraction de cette somme.
Premier concert de la saison avec la Septième de Mahler, dirigée par Simon Rattle, vendredi 26 août à 19h. Votre serviteur y sera ; rendez-vous sur Qobuz !
Le site du Digital Concert Hall de l'Orchestre Philharmonique de Berlin. N'oubliez pas de demander vos codes pour pouvoir en profiter !