Rotel a mis sur le marché il y a quelques mois trois nouveaux amplificateurs intégrés portant les références RA-10, RA-11 et RA-12.
Alors que le RA-10 reste un amplificateur tout à fait classique, les modèles RA-11 et RA-12, qui ne se différencient que par leur puissance (2 x 40W / 8Ω et 2 x 60W / 8Ω respectivement) et par leurs façades de hauteur légèrement différente, l'aspect général restant assez semblable, ont la particularité de posséder quatre entrées numériques S/PDIF pouvant être raccordées à toute source numérique délivrant ce type de signal (streamer, lecteur de CD ou DVD...).
Nous avons choisi de vous présenter le modèle RA-12 qui offre une puissance confortable et pourra constituer le coeur d'un ensemble Hi-Fi performant et ouvert sur la musique dématérialisée.
Présentation
Disponible en finition argent ou noir, l'amplificateur Rotel RA-12 arbore une présentation des plus classique et typique de la marque depuis de longues années. Le dessin de la façade en aluminium est assez épuré avec de discrètes petites touches bien ordonnées et des boutons relativement peu gros aux formes douces (dont la commande de volume et le sélecteur d'enceintes sont aussi en aluminium).
Le bouton de mise sous tension est un véritable interrupteur qui met donc totalement hors tension le RA-12. La mise en veille hors veille se fait depuis la télécommande. Deux LED bleues sont situées au-dessus de ce bouton. La plus proche indique que le RA-12 est sous tension, qu'il soit en veille ou hors veille, tandis que celle située plus haut signale que le relai de connexion des hauts-parleurs est désactivé, lors de la mise sous tension par exemple.
Immédiatement à droite prennent place une prise casque au standard Jack 3,5 mm et une prise USB A permettant de brancher un baladeur ou un iPod ou iPhone, ces derniers s'utilisant alors normalement mais c'est le RA-12 qui diffuse la musique.
Cette prise USB sert également à connecter le récepteur Bluetooth fourni autorisant une connexion avec un appareil portable ou un téléphone mobile compatible, le RA-12 apparaissant alors comme périphérique "Rotel Bluetooth".
Viennent ensuite la fenêtre du récepteur infrarouge, le sélecteur d'enceintes (Off, paire A, paire B et paires A + B). Les touches de sélection de source prennent place sous l'afficheur à rétro éclairage bleu ciel dont on peut moduler l'intensité.
Cet afficheur indique la source sélectionnée, le volume et les réglages de grave et aigu, ou leur mise hors service via le menu accessible par les touches situées à côté du réglage de volume.
Lorsqu'une source numérique est sélectionnée, la seconde ligne affiche la fréquence d'échantillonnage. A noter qu'il n'y a que deux touches pour quatre entrées numériques, et que chaque touche permet de sélectionner séquentiellement l'entrée optique ou l'entrée coaxiale.
La connectique
Une face arrière somme toute assez classique pour le RA-12 où les amoureux de disques noirs trouveront leur bonheur avec une entrée phono avec sa vis de mise à la terre.
Quatre entrées linéaires côtoient une sortie préamplifiée, puis viennent les quatre entrées numériques (deux coaxiales et deux optiques), une entrée micro-USB pour les mises à jour, une prise "Rotel link" permettant de télécommander cet appareil depuis la Passerelle Numérique RT-12, deux sorties trigger pour commander la mise en marche d'appareils compatibles, et les borniers pour les hauts-parleurs acceptant des fils dénudés ou des fiches banane.
Deux paires d'enceintes peuvent être raccordées au RT-12, mais leur fonctionnement simultané nécessite qu'elles présentent toutes une impédance de 8Ω pour ne pas avoir de risque de surcharge de l'amplificateur.
La fabrication
L'amplificateur RA-12 est un appareil de grande série fabriqué avec soin et sans petites économies et tout l'espace intérieur est occupé.
L'alimentation, primordiale dans un amplificateur (et de manière générale), fait appel à un gros transformateur toroïdal (1), dont nous estimons, à vue de nez, la puissance à plus de 300VA. Le filtrage est assuré par deux condensateurs de 10.000 μF/50V (2), fabriqués sur cahier des charges Rotel, un filtrage sérieux en regard de la puissance délivrée par l'amplificateur.
Les étages de puissance font appel à un "double push-pull" de transistors bipolaires complémentaires 2SD1047 et 2SB817 (3), chacun supportant 100W, utilisant la technologie "épitaxiale" réputée pour sa musicalité.
Ces transistors , sur lesquels sont montés d'autres transistors assurant leur stabilité en température, sont refroidis par un sérieux radiateur à ailettes en aluminium (4), lui-même équipé d'un capteur de température.
On notera que les pistes véhiculant des forts courants sont doublées par des lamelles en cuivre pur afin que l'ensemble présente une résistance infime et que deux relais (5) supportant de forts courants permettent de commuter les signaux vers la paire de hauts-parleurs A ou la paire B, ou les deux.
Sous la protection plastique marquée "caution" (6) se cache l'alimentation des circuits de veille, tandis que la partie conversion numérique analogique (7) et la carte de réception des signaux Bluetooth (8) prennent place à l'opposé du transformateur et qu'un petit circuit (9) accueille les composants pour les "trigger" et le "Rotel link".
La carte de conversion analogique numérique
La partie conversion utilise un convertisseur numérique analogique Wolfson WM8740 (1), très performant et acceptant des signaux jusqu'à 24 bits à 192 kHz.
Le filtrage des signaux en sortie de ce convertisseurs est assurés par des amplificateurs opérationnels OPA2604 (2) associés à des résistances de précision et des condensateurs "Syroflex" (3), ce type de condensateur utilisant un diélectrique (ou isolant interne) en polystyrène étant considéré comme le meilleur pour les petites valeurs, ce que l'on trouve en général dans les filtres actifs.
La commutation des signaux numériques en provenance des quatre entrées, ainsi que ceux provenant de la liaison radio Bluetooth (4) est assurée par un circuit Asahi Kasei AK4114 (5).
Sous cette carte se trouve le correcteur RIAA de l'entrée Phono qui utilise un amplificateur opérationnel à faible bruit NE5532 entouré de résistances de précision et de condensateurs Styroflex.
A l'écoute
Etant donné que l'amplificateur RA-12 ne possède que des entrées numériques S/PDIF, il nous a fallu, pour pouvoir écouter nos fichiers audio lus sur un ordinateur, avoir recours à un convertisseur USB-S/PDIF NuForce U192S, sortant simultanément des signaux numériques audio jusqu'en 24 bits à 192 kHz sur prise coaxiale et sur connecteur optique. Cela permet aussi de faire un test comparatif "instantané" entre le rendu sonore de la liaison coaxiale et de la liaison optique.
On pourra également raccorder l’une des entrées S/PDIF à la sortie numérique d’un lecteur réseau tel qu’un Sonos, ce qui semble presque plus judicieux (mais aussi plus cher) que l’utilisation d’un convertisseur USB-S/PDIF en liaison USB avec un ordinateur.
Nous avons donc essentiellement écouté cet amplificateur via ses entrées numériques en lisant des fichiers avec Foobar 2000 depuis un PC, la liaison Bluetooth ne nous semblant pouvoir servir qu'à titre occasionnel.
Les audiophiles qui connaissent les amplificateurs Rotel savent que ceux-ci sont du genre à offrir une restitution fouillée des messages sonores qu'on leur donne à retranscrire et ne les enrobent pas afin de leur ajouter une rondeur qu'ils n'ont pas. Ceux qui n'aiment pas pourront dire que "ça manque de matière", si tant est que l'on considère que la musique soit de la matière...
Toujours est-il que le RA-12 ne faillit pas à la règle de la famille Rotel et qu'il offre une restitution sonore fourmillant de détails, très aérée, suivant la dynamique dans ses moindres inflexions, le tout avec une image sonore se déployant avec ampleur.
Nous l'avons constaté à l'écoute de l'un de nos albums test "repère", La Fantasia on British Sea Songs" de Henry Wood. Tous les morceaux de cette oeuvre riche en timbres, en dynamique et en climats sonores ont bénéficié du pouvoir d'analyse poussé du RA-1 et de ses capacités à restituer l'enregistrement tel qu'il nous semble être. On notera en particulier une grande finesse de l'aigu sur le tintement du triangle, une large bande passante équilibrée et une sensation poussée d'aération du message sonore.
A l'écoute de la version Studio Masters (24 bits à 96 kHz) des Tableaux d'une Exposition de Moussorgski, dans l'orchestration de Peter Breiner, le RA-12 fait preuve d'une grande aisance dans le rendu des couleurs de l'orchestre et de ses puissants impacts lors des forte, et globalement la restitution est pleine de vie et rend justice aux détails de cette nouvelle orchestration des "Tableaux".
Dans un autre style musical, la restitution de la version Studio Masters (24 bits à 96 kHz) de La Japonaise de l'album Barcelona, par Freddie Mercury et Montserrat Caballe, chanson exceptionnelle aussi bien artistiquement que techniquement, est avec le RA-12 un moment grandiose qui fait passer un très grand souffle d'émotion !
Notons pour terminer que le RA-12 peut être piloté à distance grâce à l'application Rotel iOS remote control et que nous n'avons pas remarqué à l'écoute de différences de qualité sonore entre entrée numérique coaxiale et entrée optique.
Construit avec soin et utilisant des composants de grande qualité, le Rotel RA-12 apportera beaucoup de satisfaction aux amateurs épris d’une restitution sonore vivante et fouillée. Il n’apportera pas de couleur propre aux messages sonores qu’on lui demandera de reproduire, une qualité appréciée par ceux qui cherchent à s’approcher au plus près de la musique telle qu’elle a été captée.
Manuel de l'utilisateur (en Français)
Formats reconnus
Note : les caractéristiques de l'entrée USB A sont données dans le tableau "à propos du Rotel RA-12".