Tous les audiophiles passionnés par la dématérialisation de la musique ont entendu parler du serveur Aurender S10, si ce n'est avoir pu assister à des démonstrations de ce dernier, ou encore pour certains, en posséder un. Ce magnifique appareil, construit avec un luxe aussi bien externe qu'interne, utilise un principe de lecture des fichiers audio exclusif censé améliorer la restitution sonore et surtout apporte un grand confort d'utilisation.

Aurender est une marque de WideaLab Incorporated, une société coréenne filiale de Wonik Corporation qui a des activités dans de nombreux domaines comme l'électronique, la construction, la finance, la technologie médicale...

Les ingénieurs composant l'équipe de WideaLab ont tous travaillé au moins pendant dix années dans les secteurs de l'audio, de la vidéo, ou de la communication de Wonik Corporation, et leur président, Harry Lee, était auparavant président de DViCO, une société de renommée mondiale spécialisée dans la vidéo.

WideaLab propose deux serveurs Aurender, le A10 et le S10, identique extérieurement et présentant le même mode de fonctionnement et ne se différenciant que sur deux points dont nous reparlerons.

Vous remarquerez que nous avons titré "présentation". Nous avons choisi ce terme de préférence à "banc d'essai" car l'Aurender S10 n'est pas à proprement parler un appareil audio, mais un super serveur dédié à l'audio. Aussi, il n'est pas toujours aisé avec ce genre d'appareil de discerner d'éventuelles plus-values auditives sachant que l'amélioration porte essentiellement sur des paramètres infinitésimaux des données numériques qui ne sont parfois mises en évidence que par un ensemble Hi-Fi de très haut de gamme.

Présentation

L'Aurender S10, d'une présentation magnifique, ressemble plus à un amplificateur qu'à un serveur, et ce d'autant plus que son double afficheur peut prendre l'aspect de deux Vu-mètres à aiguille avec un rétro éclairage bleu ou jaune modulable en intensité.

On ne trouve sur la façade qu'une touche de mise en service située à gauche et quatre autres touches sur la droite. Celles-ci permettent l'accès au menu, la lecture/pause, le saut à la plage suivante et le saut à la plage précédente, cette touche permettant aussi l'accès au firmware si on la maintient appuyée cinq secondes.

La fabrication du S10 est de très grande classe, et hormis les flancs qui sont deux énormes radiateurs à ailettes en aluminium anodisé noir, les autres éléments du boîtier du S10 sont entièrement réalisés en aluminium anodisé satiné naturel.

La connectique

La face arrière comporte un connecteur Ethernet RJ45, en bas à droite, et à coté deux prises USB sortant un signal audio numérique destiné à un DAC USB asynchrone et permettant également de brancher un périphérique USB (disque dur, clef USB ou lecteur-graveur de DVD/CD externe) afin de copier des fichiers ou de ripper des CD.

Le signal audio numérique est également disponible au format S/PDIF (en mode professionnel ou grand public) sur prise coaxiale et optique. Un connecteur XLR permet de disposer d'un signal au format symétrique professionnel AES/EBU. Ces trois connecteurs se situent dans la partie supérieure droite.

Le principe de fonctionnement

L'Aurendeur S10 utilise un disque dur standard de 2To afin de stocker les fichiers audio. Ceux-ci peuvent être téléchargés à partir du réseau ou localement à partir de médias de stockage amovibles, ou encore rippés depuis un lecteur de disque USB externe.

La lecture des fichiers audio ne se fait pas à partir du disque dur de 2 To, mais les fichiers sélectionnés sont transférés et stockés sur un disque SSD (Solid State Drive, en fait un ensemble de mémoires Flash au format d'un disque dur de 2,5 pouces de 64 Go sur le S10 et de 40 Go sur le A10), donc sans parties mobiles et présentant un temps d'accès environ dix fois inférieur à celui d'un disque dur standard.

La lecture se fait depuis ce disque SSD et l'électronique interne prend en charge les données numériques en bit à bit et les dirige vers un circuit appelé "Audio board" qui va les transformer au travers d'un circuit programmable Xilink Spartan (FPGA) en signaux aux formats S/PDIF (coaxial et optique) et AES/EBU et aussi les transférer vers les deux prises USB.

On remarquera sur ce cicuit un boîtier métallique en bas à gauche. Il s'agit d'un oscillateur de type OCXO (Oven Controlled X-tal Oscillator ou Oscillateur à Quartz Thermostaté). L'intérieur de ce boîtier est maintenu à température constante par un système de chauffage de manière à éviter toute dérive de la fréquence d'oscillation du quartz qui ne manque pas de se produire lorsque celui-ci subit des variations de température.

Cet oscillateur permet d'avoir une horloge de référence ultra stable pour transférer les données audio numérique et assurer ainsi une quasi absence de gigue (jitter).

Notons à ce sujet que le modèle A10 utilise un TCXO (Temperature Compensated X-tal Oscillator ou oscillateur compensé en température) qui corrige les dérives de fréquence dues aux variations de température, alors que la fréquence d'un OCXO reste imperturbablement stable.

Une alimentation linéaire fortement filtrée par deux condensateurs de 6800 μF/25V et régulée se charge de fournir le courant à cette carte audio afin que celle-ci bénéficie d'un courant extrêmement propre.

La carte mère

Toute la gestion informatique du S10 est assurée par une carte mère AsRock utilisant un logiciel d'exploitation dérivé de Linux et interfacée avec la carte audio par un circuit développé par Aurender.

Son alimentation a été mise au point par Aurender et "reconditionne" les tensions issues d'une alimentation à découpage afin de les rendre plus propres.

Utilisation et considérations sur les résultats sonores

Bien que l'on puisse s'en servir de manière retreinte depuis les touches de la façade, l'Aurender S10 est conçu pour être pleinement exploitable avec une tablette iPad sur laquelle sera installé l'application Aurender téléchargeable sur iTunes Apple.

Comme on peut le voir sur le visuel ci-dessus, l'interface de paramétrage est très claire et l'écran d'utilisation de cette application est plutôt réussi et son utilisation est assez intuitive.

Face à un appareil comme l’Aurender S10 se pose la question de la procédure de test. En effet, avec un élément Hi-Fi traditionnel, on met celui-ci à la place de l’élément correspondant d’un système dit "de référence" afin de cerner les différences sonores qu’apporte ce nouvel élément.

Seulement, l’Aurender S10 est censé améliorer le flux de données audio numériques, et c’est donc celui-ci qu’il va falloir comparer avec sa version "originale".

Il est donc impératif que les deux flux audio qu’on va comparer soient de nature identique, faute de quoi la comparaison ne saurait être valable.

Par ailleurs, si l’Aurender S10 peut transférer les signaux audio numériques en USB à un DAC, de quelle manière le fait-il ? Utilise-t-il son propre lecteur logiciel exploité par la carte mère, comme sur un ordinateur ? Nous n'avons pas trouvé d'informations sur ce point.

D'autre part, si l’on décide de comparer la lecture des mêmes fichiers par le S1O et par un ordinateur, ce dernier lit-il effectivement ces fichiers audio sans leur apporter la moindre altération, comme cela doit être le cas en mode ASIO ou en mode Kernel Streaming ?

Il m’est donc paru beaucoup plus rigoureux d’utiliser le signal S/PDIF issu de la lecture par le S1O d’un fichier en 24 bits à 192 kHz (3ème mouvement du concerto pour violon de Brahms) à partir de sa mémoire SSD et en raccordant le S10 par câble optique à un DAC "minimaliste" de marque Gamax. Celui-ci utilise un convertisseur numérique analogique Cirrus Logic CS4344 intégrant un filtre à capacité commutée, et ses qualités de musicalité et de transparence sonore me sont bien connues.

Pour pouvoir disposer du même fichier dans sa forme originale, j’ai utilisé un lecteur réseau Pioneer N-50, qui est reconnu comme un appareil offrant d'excellentes performances. Celui-ci a streamé ce fichier sur un serveur NAS et j’ai ensuite récupéré ce signal sur la sortie S/PDIF optique du N-50.

Je disposais donc du même fichier audio numérique au format S/PDIF, donc sans la moindre intervention d’un lecteur logiciel, fichier qui était dune part "reconditionné" par l’électronique de course du S1O, et d’autre part par celle du N-50.

J'ai alors procédé à l’écoute comparative en synchronisant la lecture des deux sources et en changeant quasi instantanément l’origine du signal S/PDIF, celui-ci provenant alternativement du câble numérique optique relié au S10 ou de celui relié au N-50.

Pour tout dire, il m'a été impossible, avec le système Hi-Fi dont nous disposons à Qobuz, de détecter des différences de rendu sonore, mais il est sûr que ce système, même s'il est de qualité, ne peut prétendre au statut de très haut de gamme. Faut-il alors disposer d'une installation de rêve pour percevoir l'éventuelle plus-value sonore apportée par le S10 ?

Quoi qu'il en soit, notons qu'une grande partie du discours du fabricant insiste sur le confort d'utilisation du S10 depuis un iPad, ce dont nous avons pu nous rendre compte. Il paraît assez clair que cet appareil intéressera les amateurs passionnés disposant à la fois d'un certain niveau de moyens financiers et de nombreux fichiers audio et CD qu'ils souhaitent ripper afin de les stocker sur un serveur haut de gamme très convivial et très réactif puisque la tablette iPad mémorise également les informations sur la bibliothèque et donne accès quasi instantanément à celle-ci.

Appareil superbement construit et utilisant des solutions électroniques sophistiquées, l'Aurender S10 se distingue avant tout par sa souplesse d'utilisation à partir de l'application iPad "Aurender" qui offre à la fois qualité graphique et convivialité. Son énorme disque dur pourra stocker un nombre très important de fichiers audio auxquels l'utilisateur pourra accéder de manière extrêmement rapide. Quant à l'amélioration sonore censée être apportée par le mode de lecture spécifique et le traitement haut de gamme des fichiers audio numériques, sans doute celle-ci ne peut-elle être mise en évidence que par du matériel Hi-Fi de très haut de gamme.

Spécifications

Manuel d'utilisation

Aurender S10 sur site Audio Focus

Contact

Configuration d'écoute :

- amplificateur Micromega AS-400

- enceintes Focal Electra 1028 Be

- convertisseur numérique analogique Gamax DAC8-USB