Il nous semble que les temps sont arrivés où le DAC est en train de devenir l'espèce Hi-Fi en voie de prolifération ! Il ne se passe pas grand laps de temps entre deux apparitions de nouveautés dans ce domaine, et nous venons de recevoir un superbe petit DAC de la marque coréenne Calyx Audio baptisé "Coffee" (mais pas John...), offrant de très bonnes performances musicales et des possibilités de commande que nous n'avions pas encore rencontrées sur un DAC.

Calyx est la marque de haut de gamme créée en 2008 par la société coréenne Digital and Analog. Cette société, fondée en 1999 commença par se spécialiser dans la réalisation d’amplificateurs en classe D (dits numériques) et coopéra avec Samsung dont elle put utiliser la puissance industrielle dans la réalisation de circuits intégrés.

Grâce à divers investisseurs, Digital and Analog put alors développer divers algorithme PCM-PWM (transformation de signaux numériques «standards» en signaux à «modulation de largeur d’impulsion», le principe de l’amplification en classe D) qu’achetèrent de nombreux fabricants d’appareils audio.

En 2010, Digital and Analog commença par concevoir un convertisseur numérique analogique utilisant une puce XMOS et un circuit ESS Sabre 9018. Celui-ci fut présenté au CES de 2011 en même temps que le nouveau Calyx CTI (Calyx The Integrated, un amplificateur de 2 x 200W équipé d’un DAC USB, toujours commercialisé). Ces deux appareils connurent un grand succès sur le marché.

La gamme Calyx se compose actuellement, par ordre de possibilités croissantes, du DAC avec ampli casque Kong, du DAC avec ampli casque et sortie ligne Coffee (24 bits à 96 kHz et objet de ce test), du modèle DAC traitant les signaux jusqu’à 24 bits à 192 kHz, du Femto DAC équipé d’une horloge très performante et de huit puces ESS9018 par canal et du CTI.

Présentation

Sobriété, discrétion et élégance d’un boitier parallélépipédique aux arêtes arrondies en aluminium massif anodisé couleur café rehaussé par six petites touches dorées et une LED témoin de couleur jaune, voilà le portrait du DAC Calyx Coffee.

La bête pèse son poids, on le comprend mieux au démontage lorsque l’on constate que le fond est réalisé dans une tôle d’acier de 3mm d’épaisseur, ce qui assurera une bonne stabilité lorsque l’appareil restera posé et que l’on aura besoin d’actionner l’une des touches de commande.

Celles-ci sont groupées par trois, le premier groupe, jouxtant la LED, est constitué des touches de volume et de mute, tandis que le deuxième groupe se compose de la touche play/pause et des touches de saut avant et saut arrière (pas de possibilité d’avancer dans la plage en cours de lecture).

La connectique est très sobre, une entrée USB B pour relier à un ordinateur, des sorties Cinch analogiques stéréo à niveau variable et une prise casque au standard Jack 3,5mm déconnectant automatiquement les sorties Cinch.

L’électronique

Comme dans certains autres DAC compacts que nous avons l’occasion de tester, on remarque que le Calyx Coffee est de conception minimaliste. Il n’utilise donc que ce qui est indispensable au fonctionnement de ce type d’appareil.

L’interface USB est confiée à un circuit Tenor TE7022L (24 bits à 96 kHz) connecté en mode I2S à un convertisseur numérique analogique ESS Sabre ES9023 (juste à droite du Tenor).

Cette puce ESS intègre un circuit de réduction du jitter et sa partie conversion utilise une architecture "Hyperstream". Le filtrage est réalisé en interne et un étage à amplificateur opérationnel permet de disposer de signaux de 2V efficaces en sortie.

On remarquera aussi la présence d'une "pompe de charge" (charge pump) permettant de générer une tension négative à partir de l'alimentation positive pour pouvoir référencer les signaux de sortie à la masse et ainsi éviter l'emploi de condensateurs de liaison qui pourraient plus ou moins "colorer" le son.

Sous le circuit Tenor se trouvent deux régulateurs à faible "drop out" (différence de tension entre entrée et sortie assurant un fonctionnement normal) de type LD1117.

A droite et légèrement au-dessus se trouve l'amplificateur pour casque sous forme d'un circuit intégré à huit broches TS482I de ST Microelectronics.

La gestion de l'ensemble ainsi que celle des touches est confiée à un micro contrôleur Atmel (petit circuit situé entre les touches).

Utilisation et écoute

« Plug and play », brancher et jouer, voilà un appareil bien sympathique que ce Calyx Coffee qui ne demande rien de plus qu’à être connecté sur son ordinateur pour être en état de fonctionnement quelques instants plus tard, au grand bonheur de l’utilisateur !

On appréciera aussi ses touches de commandes auxquelles ne manquent que l’avance et le retour dans la plage en cours de lecture (une impossibilité que l’on trouve également sur la plupart des lecteurs réseau) et l’arrêt. Bref, bien peu de chose d’autant qu’on peut accéder normalement à ces fonctions via l’ordinateur.

Deux très bons points donc, dont nous espérons qu’ils feront école. Au niveau des résultats d’écoute, c’est très bon également, que ce soit sur les sorties Cinch pour un branchement sur une chaîne Hi-Fi ou sur la sortie casque.

Sur une chaîne Hi-Fi de très bon niveau, comme notre système de référence, ou encore sur le système personnel du testeur, le Calyx Coffee ne rougit absolument pas de son tarif «démocratique» et de sa conception «minimaliste», loin de là, et se révèle musicalement très performant.

A propos de conception minimaliste, il nous a été rapporté les propos du concepteur d’un DAC français «pas cher» qui s’est fait une grande renommée nationale et internationale et qui s’étonnait que ce DAC Calyx Coffee puisse fonctionner avec si peu de composants ! Nous, ce qui nous étonne, c’est l’étonnement de ce Monsieur pour qui la technique n'a probablement pas de secrets et qui n’est pas sans savoir ce qu’il faut pour fabriquer un DAC !

En effet, comme il nous arrive de le dire, pour qu’un convertisseur numérique analogique puisse fonctionner, il faut et il suffit d’une interface de réception des signaux numériques (USB ou S/PDIF le plus souvent, HDMI ou FireWire parfois) avec son horloge, d’une puce de conversion numérique analogique, d’un filtre passe-bas (parfois inutile avec les convertisseurs intégrant cette fonction) et d’une alimentation, cette dernière pouvant même être créée à partir du 5V délivré par la liaison USB dans le cas de DAC de ce type.

Voilà pour l’anecdote. En ce qui concerne les résultats sonores du DAC Calyx Coffee en liaison avec une chaîne Hi-Fi, celui-ci s’est montré très convaincant dans sa restitution sonore qui nous a semblé d'excellente tenue.

L‘écoute de l’un de nos albums de «référence test», La Fantasia on British sea song de Henry Wood, nous a apporté de grandes joies musicales par le respect des timbres et des nuances, la fluidité et la douceur de la reproduction des cordes dans Home Sweet Home (piste #8 ) ou encore par ses capacités dynamiques dans Jack The Lad ou dans le final triomphant introduit par les cuivres qui brillent de toutes leurs couleurs.

Avec les fichiers en qualité Studio Masters 24 bits à 96 kHz, comme la Symphonie n°5 de Gustav Mahler par l'Orchestre Symphonique de San Francisco dirigé par Michaël Tilson Thomas dont nous avons écouté le premier mouvement particulièrement percutant, le Calyx Coffee se montre parfaitement à l'aise et ne peine aucunement à délivrer un message propre lors des importantes pointes de dynamique contenues dans ce morceau.

Sur la sortie casque, La Japonaise de Freddie Mercury en compagnie de Montserrat Caballé, dans la version Studio Masters 24 bits à 96 kHz, ne perd pas de son aspect grandiose malgré les limitations en termes d'espace sonore lors d'une écoute au casque et on parvient sans peine à des niveaux sonores élevés sans impression de tassement.

Globalement, la qualité intrinsèque de l'amplificateur casque utilisé nous a donc semblé à la hauteur des étages de conversion bien que ST Microelectronics ne donne pas d'information sur la technologie utilisée (mais quand on sait que ce fabricant s'est plus ou moins spécialisé dans les amplificateurs intégrés en technologie MosFet, un type de transistor dont le fonctionnement se rapproche de celui des tubes).

Pour conclure, bien que n'acceptant qu'un échantillonnage maximum de 96 kHz, le DAC Calyx Coffee est un excellent appareil polyvalent. Il peut aussi bien convenir à un usage fixe avec une chaîne Hi-Fi qu'à un usage "en déplacement confortable" dirons-nous, relié à un ordinateur portable pour une écoute au casque, cette deuxième possibilité nous semblant mieux correspondre à sa compacité, sa robustesse et à la présence de touches de commande, ce qui est (à notre connaissance) unique sur un appareil de ce type. Proposé à un tarif qui reste raisonnable, cet appareil est fortement recommandable, même, selon nous, pour des installations très performantes.

Spécifications

Site Calyx

Alter Audio (importateur)

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Configuration d'écoute :

- amplificateur Micromega AS-400

- enceintes Focal Electra 1028 Be

- casques utilisés : Focal Spirit One Qobuz Edition, Koss Porta Pro

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