Il fut un temps où la marque Pioneer résonnait comme un symbole de qualité musicale dans les oreilles des mélomanes. Les marques audiophiles ayant entre temps pris possession de l'espace Hi-Fi laissé vacant par les grands constructeurs au profit de l'image et du home cinéma, ces dernières ont également perdu l'aura qu'elles avaient eue dans le domaine du son. Mais Pioneer ne l'entend pas de cette oreille, comme elle nous l'avait prouvé brillamment il y a quelques années avec ses amplificateurs A-A6 et A-A9 et ses lecteurs de CD-SACD PD-D6 et PD-D9, et récidive avec le N-50 en s'attaquant à la lecture en réseau et à partir de sources informatiques.

Au début de l’ère du DVD, Pioneer s’était souvent illustré par la qualité de ses lecteurs dont certains furent même un temps des références et il fut même parmi les premiers constructeurs à mettre sur le marché des platines universelles qui étaient en mesure de lire tout ce qui existait comme galettes argentées. Ce fut également Pioneer qui proposa le premier enregistreur de DVD et aussi de Blu-Ray.

Actuellement, et à l’instar de la plupart des grands constructeurs d’électronique audio qui veulent se positionner sur le marché en pleine croissance de la musique dématérialisé, Pioneer possède dans son catalogue deux lecteurs réseau, le N-30 et le N-50, pouvant s’intégrer harmonieusement dans une chaîne Haute Fidélité de la marque, ou venir compléter tout autre ensemble.

Au niveau des fonctionnalités, le N-50 se différencie du N-30 par la présence supplémentaire de deux entrées numériques S/PDIF et d'une entrée USB de type B en face arrière, le reste de la connectique et leur esthétique étant identiques.

La principale fonctionnalité du N-50 est de lire en continu via un réseau Ethernet des fichiers audio stockés sur un ordinateur ou un serveur. Il dispose pour cela d'un connecteur réseau de type RJ45 et peut être équipé d'un boîtier d'adaptation Wi-Fi optionnel.

Il est de type UPnP, certifié DLNA, Airplay, est compatible avec iTunes sous Mac ou PC et fait également office de convertisseur numérique analogique grâce à ses entrées USB (dont une compatible iPhone, iPod touch, iPad) et S/PDIF. Il reçoit aussi les radios Internet et peut être contrôlé depuis un iPod, iPad ou iPhone ou un mobile ou une tablette sous Android.

Un lecteur réseau qui se présente donc sous de bons auspices et que nous allons découvrir.

Présentation

Le lecteur réseau Pioneer N-50 qui adopte le format d'un élément Hi-Fi traditionnel est disponible en finition noire ou argentée. Sa présentation reste d'une grande sobriété avec une façade en aluminium anodisé brossé qui ne comporte qu'un nombre restreint d'éléments.

Tout à gauche, on trouve l'interrupteur de mise sous tension, avec possibilité de mise en vielle par la télécommande, et juste en dessous la fenêtre de réception des ordres de cette même télécommande et une prise USB pour brancher une clef.

Trois LED situées sur la droite de l'interrupteur indiquent respectivement, la vielle (standby), la mise en fonction du mode "pure audio" et celle de mise en service du système "Hi-Bit32", un mode de conversion propre à Pioneer visant à améliorer la qualité sonore.

Dans la partie droite de la façade prend place un afficheur couleur de pouces et cinq touches permettant, le choix de la fonction et la lecture ou pause, les sauts avant et arrière, et l'arrêt de la lecture.

La connectique

La connectique de la face arrière du N-50 compense le dénuement relatif de la façade en offrant une jolie collection de connecteurs.

On découvre ainsi une prise USB de type B permettant un raccordement avec un ordinateur pour utiliser le N-50 comme convertisseur numérique analogique (DAC) qui est vu comme une carte son externe par l'ordinateur tandis que juste au-dessus, un port "adapter port" permet le branchement d'un adaptateur Bluetooth optionnel (AS-BT200).

La capture d'écran ci-contre montre les fréquences qui sont gérées en natif par la liaison USB de type B du N-50.

Un connecteur RJ45 recevra un câble Ethernet pour relier le N-50 au réseau, et si on le souhaite, on pourra raccorder cette entrée à un convertisseur LAN sans fil AS-WL300 (en option) conjointement à la sortie USB "DC output" qui alimentera ce convertisseur.

On trouve également deux entrées et deux sorties numériques S/PDIF coaxiales et optiques, et bien sûr, les deux sorties audio analogiques qui seront reliées à l'entrée "Aux" (ou toute autre entrée linéaire) d'un amplificateur.

La fabrication

Afin d'augmenter la rigidité du boîtier du N-50, Pioneer a équipé celui-ci d'une deuxième plaque de fond d'épaisseur plus importante que celle constituant le châssis interne. Quatre pieds antidérapant de fort diamètre visés sur cette plaque assurent une excellente stabilité à l'appareil.

Le visuel correspond au modèle N-50 commercialisé aux USA.

S'il nous est arrivé de rencontrer des lecteurs réseau au format d'éléments standards d'une chaîne Hi-Fi dont l'intérieur se trouvait largement inoccupé du fait d'une électronique réduite, ce n'est pas le cas avec le N-50 puisque son espace intérieur ne laisse apparaître que peu de vide.

On remarquera que l'implantation et le choix des éléments constituant les différentes parties de l'électronique vise à obtenir la meilleure qualité sonore, en particulier au niveau des alimentations.

Ainsi, dans la partie gauche, donc au plus loin de la partie analogique pour l'éloigner de tout éventuel rayonnement parasite, se trouve l'alimentation des circuits numériques de type linéaire utilisant un transformateur de type EL. On remarque également une alimentation à découpage sur le même circuit qui est fort probablement destinée à alimenter les circuits de gestion et d'affichage.

La carte centrale, surmontée d'une carte fille recevant les entrées et sorties S/PDIF et l'interface pour le récepteur Bluetooth, regroupe les entrées USB et Ethernet ainsi que les commutations et traitements numériques des sources.

Le circuit tout à droite est équipé des circuits de conversion numérique analogique, du filtrage des signaux après conversion et de leur alimentation de type linéaire associé au transformateur de type EL se trouvant à proximité immédiate.

La partie réception traitement numérique

Cette carte est particulièrement riche en circuits intégrés à haut niveau d'intégration.

Un émetteur récepteur Ethernet SMSC8700C assure l'interface avec le réseau.

L'entrée USB utilise un processeur Cmedia CM6631 (sur lequel nous n'avons pas trouvé de documentation).

Un processeur média à triple coeur bridgeCo DM860 se charge de commuter et de décoder les flux provenant des différentes interfaces.

Un émetteur récepteur Asahi Kasei AK4118 gère les entrées et sorties numériques S/PDIF.

Un processeur de signal Texas Instruments D810K013 prend également place sur ce circuit, et nous supposons, faute d'information de la part du constructeur, que ce circuit sert au traitement "Hi-Bit32" (on trouve ce même circuit sur l'amplificateur Home Cinema haut de gamme SC-LX85 faisant usage lui aussi du procédé Hi-Bit32).

Conversion numérique analogique et filtrage

Regroupés sur un circuit qui leur est dédié, tous les composants de la conversion analogique et du filtrage ont droit à leur propre alimentation linéaire associée à son transformateur, totalement isolée des autres alimentations. C’est une solution de luxe qu’affectionnent les audiophiles et les puristes qui a cependant un coût plus élevé qu’une alimentation à découpage mais qui offre l’avantage de ne pas générer de rayonnement à haute fréquence dont il faut éviter la propagation.

Cette alimentation délivre une tension de +5V régulée par un circuit intégré 78M05 pour la partie analogique du convertisseur AK4480, un modèle de course travaillant jusqu’à 32 bit à 216 kHz, et des tensions de – 15V et +15V fournies par des régulateurs 7915 et 7815 afin d’alimenter les amplificateurs opérationnels à faible bruit NJM4580 utilisés pour le filtrage.

Les circuits AK4480 et NJM4580 se trouvent côté soudure comme on le voit sur la photo.

Les condensateurs utilisés dans le circuit de filtrage sont des modèles à couche plastique qu’il est préférable d’utiliser dans des applications audio à leurs homologues CMS à couche céramique.

Bien que le circuit imprimé soit de qualité standard (le faible nombre de composants à montage en surface ne nécessitait pas un circuit double couche de qualité professionnelle avec traversées d'une couche à l'autre, de plus cela aurait joué sur le prix), on ne peut que féliciter Pioneer du soin apporté à la réalisation électronique de cette partie cruciale du traitement du signal qui conditionne énormément le rendu sonore, peut-être plus encore que les phénomènes de gigue (jitter) sur lesquels est de plus en plus axé le discours sur la qualité sonore des convertisseurs.

Utilisation et écoute

Un petit mot pour commencer sur le gapless qui est un sujet sensible en lecture réseau. Nous oserions dire que le N-50, s'il n'est pas totalement gapless, enchaîne les pistes continues pratiquement sans discontinuer (un tout petit clic parfois tout juste perceptible entre les morceaux de la Fantasia on Britsish Sea Songs de Henry Wood, rien de dramatique donc) et sans que cela soit un blanc comme nous l'avons lu de-ci de-là. On pourra toujours lire en local en fonction DAC ce genre de morceaux avec enchaînement, qui, avouons-le, sont loin d'être les plus courants.

D'autre part, suite à une récente remarque qui nous a semblé justifiée, nous avons procédé à des "évaluations" des logiciels Pioneer ControlApp permettant de piloter le N-50 avec un iPad et avec une tablette sous Android.

L'utilisateur n'était autre que le rédacteur de ce banc d'essai, très peu rompu à l'utilisation de ces machines, et qui n'a pas rencontré de difficultés d'utilisation de cette application avec l'une ou l'autre tablette.

On regrettera quand même une interface qui soit si peu avenante, la touche pause qui ne fonctionnait pas et qu'il n'y ait pas d'affichage des pochettes. Il aurait d'ailleurs été bien que la pochette puisse être affichée plein écran sur l'afficheur du N-50 car la taille de celle-ci est quand même un peu rikiki...

Passons sur ces détails de confort, car la télécommande, elle, est un très bel objet et qu'un lecteur réseau c'est avant tout fait pour écouter de la musique, et que sur ce point le N-50 ne nous a pas déçus.

En effet, ce lecteur réseau délivre un message sonore que nous qualifierons d'excellent, doté d'une grande finesse d'analyse, d'un bon équilibre tonal et de vivacité, profond dans le grave, délicat dans le médium et fin dans l'aigu, et ce quelle que soit l'entrée choisie et le type de fichier utilisé, de la qualité CD 16 bit à 44,1 kHz au Studio Masters 24 bit à 192 kHz.

Ainsi, le N-50 s'est montré parfaitement à l'aise pour restituer la célèbre Bohemian Rhapsody de Queen où les sonorités instrumentales et vocales et les rythmes divers utilisés dans ce morceau se sont exprimés avec toute leur originalité et tout leur punch.

Avec la chanson Set Fire To The Rain d'Adèle, à la mélodie beaucoup plus calme, le N-50 a fait ressortir la voix de la chanteuse avec beaucoup d'émotion et de luminosité.

On aura beau dire, on aura beau faire, on revient toujours à ses premières amours, et dans le cas présent à un extrait d'orchestre symphonique. Même si cela ne fait pas partie de tous les goûts musicaux, ce genre de musique est reconnue quasi unanimement comme étant la plus à même de révéler les qualités d'un système de reproduction sonore.

Et puis, tant qu'à faire, autant écouter une oeuvre qui a fait le tour du monde avec le Concert du Nouvel An 2012 , comme la tonitruante Danse diabolique de Joseph Hellmesberger en qualité Studio Masters.

Et là, c'est à un véritable festin musical que nous convie le Pioneer N-50 en se montrant parfaitement à la hauteur des exigences de ce morceau où vivacité de l'orchestre, richesse de timbres, et puissants impacts des percussions entraînent l'auditeur dans une course effrénée dans le sillage de Lucifer.

Pour terminer, nous conseillerons de déterminer à l'écoute s'il est judicieux d'utiliser le Hi-Bit32, celui-ci ne nous ayons pas convaincu avec des fichiers de qualité en classique (petite sur-accentuation dans le haut du spectre rompant le bel équilibre de la restitution sans son utilisation), alors que les choses s'arrangeaient plutôt à l'écoute de la radio Internet FM Globo (diffusant en 48 kbps...).

En conclusion, le Pioneer N-50 nous a beaucoup séduits par sa qualité sonore de haute volée rendant justice aux enregistrements quelle que soit la manière dont sont lus les fichiers, en streaming ou en local sur les entrées numériques. Bien qu'il n'ait pas lu tous nos fichiers de test, ses capacités de lecture sont cependant très bonnes, faisant un sans faute sur les entrées S/PDIF.

C'est un excellent lecteur réseau proposé à un tarif mordant au sein des appareils audiophiles où qualité sonore n'est pas forcément synonyme de prix élevé et qui offre également des fonctionnalités DAC du même niveau. Ce sera une source de premier choix pour toute bonne ou très bonne chaîne Hi-Fi, sans considération de prix.

Nous lui décernons donc notre récompense Qobuzissime Hi-Fi.

Mise à jour le 15 décembre 2012 (communiqué Pioneer) :

Les N-30 et N-50 bénéficient désormais du support de deux nouveaux formats, l’Apple Lossless et l’AIFF, pour le plus grand bonheur des utilisateurs de Mac et du logiciel iTunes. Encore mieux, la fonction lecture sans interruption (gapless) est disponible pour les fichiers WAV, FLAC, AIFF et Apple Lossless.

En complément de cette mise à jour sortira une nouvelle version de l’application ControlApp pour iPod Touch, iPhone et Android.

Ces mises à jour sont disponibles via le site pioneer.fr.

Février 2013 : mise à jour du micro-logiciel pour permettre la lecture ininterrompue

Spécifications

Manuel d'utilisation

Pioneer Application Control iPhone

Pioneer Application Control Android

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Configuration d'écoute :

- amplificateur Micromega AS-400

- enceintes Focal Electra 1028 Be

- câbles enceintes Positive Cable Phoenix