Le convertisseur numérique analogique autonome est en train de devenir le cheval de bataille des constructeurs de matériel Hi-Fi et de nombreux autres petits fabricants plus ou moins connus qui investissent ou ont déjà investi le secteur pour s'y faire une place. Le fabricant norvégien Hegel n'a nul besoin de se faire un nom puisque ses lecteurs de CD ont conquis certains audiophiles passionnés et qu'il fut le premier fabricant à proposer un amplificateur pourvu d'une entrée USB pouvant être reliée à un ordinateur.

Parmi la gamme du constructeur Hegel qui se compose de deux lecteurs de CD, de trois amplificateurs intégrés, de deux pré amplificateurs, de trois blocs d'amplification de puissance, de deux télécommandes et de trois convertisseurs numérique analogique autonomes, dont le modèle de haut de gamme HD11 utilisant un puce de conversion pouvant travailler sur 32 bit, nous allons vous présenter le DAC d'entrée de gamme HD2.

roger.olivier@neuf.fr

Présentation et fabrication

Appareil à la présentation très sobre pour ne pas dire austère, le DAC Hegel HD2 se présente comme un petit boîtier entièrement noir avec comme seules fantaisies le logo de la marque, la référence, et l’indication USB sous sa diode témoin de fonctionnement. Bref un convertisseur qui ne cherche vraiment pas à faire dans le tape à l’œil.

Comme ce DAC est alimenté par la liaison USB, il ne comporte donc pas d’alimentation et sa connectique se réduit aussi par ailleurs au strict minimum, à savoir une sortie stéréo analogique sur prises Cinch et une sortie audio numérique coaxiale au format S/PDIF sur laquelle on récupérera les signaux numériques provenant de l'entrée USB et traités en interne (nous en reparlerons). Cette sortie pourra éventuellement être raccordée à un autre convertisseur de gamme plus élevée.

Toute l’électronique est réunie sur une unique carte solidement fixée par des vis à tête six pans creux sur un châssis en tôle pliée sur lequel vient se fixer une façade en aluminium de 8 mm d’épaisseur. Le capot extérieur est fait d’une pièce en tôle de 1 mm pliée et l’ensemble repose sur trois plots en caoutchouc durci.

L’électronique

L’interface USB est réalisée autour d’un circuit intégré Tenor TE7022L capable de gérer en asynchrone des signaux audio numérique deux canaux jusqu’à 24 bit à 96 kHz.

L'avantage principal d'une interface USB asynchrone est de contrôler le transfert des données audio numérique qui ne dépend plus de l'horloge de l'ordinateur mais de celle du chip USB du DAC, réduisant ainsi le taux de jitter (gigue) à sa plus simple expression.

En interne un "transceiver" (émetteur-récepteur) Asahi Kaseï AK4118 assure la réception et le transfert des données.

Un convertisseur de taux d’échantillonnage AK4127 reformate tous les signaux en 24 bit à 192 kHz et ceux-ci sont disponibles ainsi traités sur la sortie numérique S/PDIF de la face arrière. Ce circuit possède sa propre horloge générée par une puce Fairchild CGS3321M qui pilote un oscillateur de précision à quartz.

La conversion numérique analogique est confiée à un modèle Burr-Brown PCM1754 qui intègre le filtrage et un amplificateur de sortie pour chaque voie. On ne trouve donc pas de filtrage actif réalisé avec un amplificateur opérationnel à la suite de ce convertisseur mais un simple filtrage "passif" (1) comportant des résistances et des condensateurs.

En théorie, cela ne peut être que bénéfique à la restitution sonore puisqu’un étage de filtrage à amplificateur opérationnel, aussi excellent soit-il, est un étage utilisant généralement un circuit en contre-réaction totale (2), à savoir un montage de type "suiveur", la contre-réaction n’ayant pas que des effets positifs, comme l’a démontré en son temps Mati Ottala, et que la musicalité était d'autant meilleure que la contre-réaction était faible.

Notons que de nombreux amateurs n'utilisent pas la partie conversion numérique analogique du HD2 et relie sa sortie S/PDIF à des DAC autonomes qu'ils estiment plus performants en termes de conversion et de qualités musicales.

(1) On appelle élément passif tout composant qui agit sur le signal en ne pouvant que l’atténuer (résistances, condensateurs, bobines ou selfs sont des éléments passifs, les fils et câbles sont aussi des éléments passifs). En aucun cas un élément passif ne peut "amplifier" un signal. Les agencements de résistances, condensateurs et selfs servent à réaliser des filtres passifs qui permettent d’atténuer le signal selon les besoins ou servent à le "nettoyer" de signaux indésirables en l’isolant grâce à un montage appelé "filtre passe-bande".

A l’opposé, le filtrage actif est capable d’amplifier un signal tout en le filtrant, mais surtout il permet une "adaptation en impédance" en demandant peu de courant à l’étage le précédant et en étant capable d’en fournir à l’étage qui le suit, les filtres passifs, pour leur part, introduisant systématiquement une atténuation.

A l’écoute

Comme nous le disions dans la partie technique, le HD2 fait usage d’une conversion de taux d’échantillonnage (à ne pas confondre avec le sur-échantillonnage, ce qui semble parfois, pour ne pas dire souvent, être le cas et dans les tests et dans les informations commerciales...), qui, comme nous le faisions remarquer lors d’un précédent banc d’essai et dans un article technique, n’est pas sans avoir un effet sur la restitution musicale (à quoi cela servirait-il donc si l’effet était nul me direz-vous ?).

Ce qui nous gène, ce n’est pas l’emploi d’une technique particulière, mais le discours qui l’accompagne et qui nous semble pour le moins souvent ne pas tout à fait correspondre aux effets réels de la technique employée. En effet, si les performances chiffrées annoncées sont très flatteuses, elles ne sont le fait que d'un artifice qui n'est pas forcément toujours bénéfique à la fidélité telle qu'elle est censée demeurer du fait même de l'appellation Haute Fidélité. Que cela change la restitution musicale en la rendant plus agréable à l'oreille ne signifie pas que cette restitution soit plus fidèle.

Ainsi, sur son site, Hegel indique :

Our goal is to give music lovers the most natural and engaging listening experience possible. Real life sound from acoustic instruments and voices from known artists were our preferred reference point while developing HEGEL, because nothing else would do.

Soit en français :

Notre but est de donner aux amateurs de musique l’expérience d’écoute la plus naturelle et la plus engageante possible. Le son d’instruments acoustiques dans la réalité et les voix d’artistes connus ont été notre point de référence préféré tandis que nous développions Hegel, parce que rien d’autre ne le pourrait."

A vrai dire, concernant le convertisseur HD2, nous ne sommes pas en total accord avec ce qui précède. Nous avons en effet écouté quelques uns de nos morceaux classiques de référence et nous avons noté à la restitution quelques différences par rapport à celle délivrée par des DAC traitant les fichiers sous leur forme native, ceux-ci étant par conséquent "conformes" à ce qui a été capté lors de l'enregistrement.

Avec le HD2, la restitution est un peu plus brillante dans l’aigu où cymbales, violons et cuivres semblent plus riches en harmoniques que "naturellement" et où les sonorités des timbales et de la grosse caisse nous ont paru être un peu différentes de ce que l’on peut entendre dans la réalité, mais il faut reconnaître que l’auteur de ces lignes est très puriste et qu’il a tendance à chercher la petite bête (ou plus exactement le besoin de dire les choses telles qu'elles sont ou tout du moins telles qu'elles sont ressenties), mais c’est aussi cela réaliser un banc d’essai.

Sur les autres paramètres, que ce soit en termes de bande passante ou d’espace sonore, le HD2 tire parfaitement son épingle du jeu, et quoi qu’il en soit, la restitution est plutôt très agréable malgré nos réserves, et, dans un autre style, l’écoute de Radio GaGa de Queen, ou encore de My sweet Lord de George Harison tirent auditivement bénéfice de ce traitement qui rehausse la restitution avec un certain bonheur.

En conclusion, si restitution fidèle et restitution musicale sont effectivement des choses différentes, nous aurions tendance à ranger le DAC Hegel HD2 parmi les partisans de la deuxième catégorie par ses évidentes qualités de musicalité qui ne sont pas forcément en parfaite adéquation avec le "naturel" avancé par le discours du constructeur.

Fiche technique

Site Internet Hegel