Luben Yordanoff est décédé à Chatou, le 4 septembre. Premier Violon Solo de l’Orchestre de Paris dès sa création en 1967 jusqu’en décembre 1991, il était âgé de 85 ans.
Luben Yordanoff, pour les spectateurs des concerts de l'Orchestre de Paris dans les années 70 et 80, était une figure familière. Sa haute et belle silhouette, sa distinction, son chic, la beauté de sa sonorité et son autorité naturelle ont marqué pour bien des mélomanes une période de leur vie. Il fut aussi l'un des animateurs de ces magnifiques concerts de musique de chambre de l'Orchestre de Paris qui se tenaient "Salle Bleue" au Palais des Congrès de Paris, quand l'orchestre y était installé. Plusieurs enregistrements disponibles ou à rééditer portent témoignage de ce que peut être un grand musicien d'orchestre, et un grand premier violon.
Né à Sofia en Bulgarie en 1926, Luben Yordanoff commence l’étude du violon dans sa ville natale puis la poursuit en France au Conservatoire de Paris où il obtient un Premier prix de violon. A deux reprises, il remporte un prix au Concours Reine Elisabeth de Belgique.
Dès sa création en 1946, il fait partie du Domaine Musical dirigé par Pierre Boulez. Ne voulant pas revenir en Bulgarie, il obtiendra quelques années plus tard la nationalité monégasque en étant Premier Violon Solo de l’Orchestre de l’Opéra de la Principauté de 1958 à 1967.
En 1967, Yordanoff devient Premier Violon Solo de l’Orchestre de Paris qui vient d’être créé. Parallèlement, il mène une brillante carrière de soliste, tant en France qu’à l’étranger, sous la direction des plus chefs tels Munch, Karajan, Solti, Boulez, Maazel, Mehta, Giulini ou bien encore Daniel Barenboim qui a réagit à cette disparition. « J'étais très attaché à Luben Yordanoff, grand violon solo de l'Orchestre de Paris aux qualités humaines exceptionnelles, et je suis profondément attristé par son décès. »
Luben Yordanoff joua notamment la partie de solo d’Une Vie de héros de Richard Strauss au cours d’une tournée triomphale en Allemagne sous la direction de Solti, en 1973. Il a créé le Concerto pour violon d’André Jolivet et le Concert Royal de Darius Milhaud et enregistré, entre autres, le Quintette à cordes de Bruckner, les deux quatuors de Prokofiev (Grand Prix du Disque), avec d’autres musiciens de l’Orchestre, les Sonates pour violon de Bartók, Hindemith, Stravinski et Prokofiev, le Quatuor pour la fin du temps de Messiaen et des concertos de Vivaldi.
Professeur de musique de chambre au CNSMDP de 1978 à 1981, Luben Yordanoff était Chevalier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres et Chevalier de l’Ordre du Cavalier de Madara (Bulgarie).
Philippe Aïche, Premier Violon Solo à l’Orchestre de Paris, s’est lui aussi exprimé sur la disparition de Yordanoff. « J'étais encore un tout jeune violoniste et je me souviens l’avoir croisé à la sortie d'un concert de l'Orchestre de Paris au Palais des Congrès auquel j'avais assisté avec mes parents et je n'imaginais pas que j'aurai plus tard le privilège d'être à ses côtés. C'était un homme d'une grande classe et très impressionnant par sa culture et son talent, qui restera dans l'histoire de l'Orchestre de Paris comme une figure emblématique qui participa à sa création. Il nous a quittés et ceux qui l'ont connu n'oublieront jamais le charisme de ce grand artiste. »
Les obsèques de Luben Yordanoff auront lieu vendredi 9 septembre à 10h30 à la Cathédrale Saint-Alexandre-Newsky, rue Daru à Paris dans le huitième arrondissement.
