La grande soprano américaine Evelyn Lear, aussi à l’aise chez Richard Strauss que dans le répertoire contemporain qu’elle a puissamment défendu, s’est éteinte à l’âge de 86 ans.

Evelyn Lear est décédée le 1er juillet à Sandy Spring, dans le Maryland. La soprano américaine était âgée de 86 ans. Entre 1959 et 1992, elle chanta plus de quarante rôles différents, interprétant même les trois rôles féminins de Der Rosenkavalier de Strauss. Lear défendra également le répertoire du XXe siècle, chantant des œuvres signées Robert Ward, Alban Berg, Marvin David Levy, Rudolf Kelterborn ou bien encore Giselher Klebe.

Née Evelyn Shulman le 8 janvier 1926 à Brooklyn, Evelyn Lear étudie la musique au Hunter College, à la New York University et enfin à la prestigieuse Juilliard School. Avec son mari, la basse américaine Thomas Stewart (décédé en 2006), elle décroche la bourse Fulbright qui permet au couple de s’envoler pour l’Europe à la Hochschule für Musik de Berlin où la chanteuse étudie avec Maria Ivogün.

C’est dans cette même ville que sa carrière décolle, Lear étant engagée au Städtische Oper Berlin où elle chante Ariadne auf Naxos de Strauss. En 1960, elle interprète le rôle-titre de Lulu de Berg. Sa performance est telle qu’elle reprend le rôle au Theater an der Wien au Festival de Vienne en 1962 avec, à la baguette, un certain Karl Böhm… Jamais deux sans trois, Lear rechante Lulu en 1964 et l’enregistre pour Deutsche Grammophon. A la fin des années 80, elle se retrouvera également à l’affiche de cette même Lulu cette fois dans le rôle de la Contesse Geschwitz.

Ses créations furent multiples. En 1955, à la sortie de Juilliard, Lear crée le rôle de Nina dans Reuben, Reubende Marc Blitzstein – la légende veut que Leonard Bernstein prénommera sa fille Nina en référence à cette œuvre… En 1961, elle crée le rôle-titre de Alkmene de Giselher Klebe à Berlin. Deux ans plus tard, elle est la première Jeanne dans Die Verlobung in San Domingo de Werner Egk pour la réouverture du Théâtre National de Munich. En 1967, Evelyn Lear fait ses débuts au Met Opera de New York en chantant Lavinia Mannon lors de la première de Mourning Becomes Electra de Marvin David Levy.

A la même époque, la voix d’Evelyn Lear souffre de légers dérèglements, de perte en clarté et dans les aigües. La faute à « trop répertoire contemporain », dira-t-elle… Des soucis qui ne l’arrêteront pourtant guère. En 1974, elle crée le rôle d’Irma Arkadina dans The Seagull de Thomas Pasatieri au Houston Grand Opera. En 1982, on l’entend en Magna dans Minutes to Midnight de Robert Ward, suivi, deux ans plus tard, par la création du rôle de Ranyevskaya dans Kirschgarten de Rudolf Kelterborn à Zurich.

Les œuvres de Richard Strauss donneront à Evelyn Lear ses plus grands succès. Elle fait ses débuts londoniens dans les Quatre derniers lieder mais c’est son rapport privilégier à Der Rosenkavalier que le public saluera avant tout. Notamment en Maréchale qu’elle chante pour la première fois en 1971 et ne cessera de reprendre aux quatre coins du monde, Scala de Milan comprise, sans oublier ses adieux au Met en 1985, adieux suivis par une carrière dans l'enseignement.

Lear fut aussi une habituée du prestigieux Festival de Salzbourg, où elle était appréciée comme interprète des opéras de Mozart. Enfin, au registre des anecdotes, la soprano joua le rôle de Nina Cavallini dans le film de Robert Altman Buffalo Bill en 1976.

Le site d’Evelyn Lear

Evelyn Lear sings Donde lieta uscì (in German)

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