Le réalisateur de Tous les matins du monde s’est éteint à l’âge de 67 ans.

Grand amateur de musique, Alain Corneau avait misé sur la puissance du baroque en portant à l’écran en 1991 le film au sept Césars, Tous les matins du monde, d’après un roman éponyme de Pascal Quingnard. Un conte musical sur la transmission mettant en scène un violiste vieillissant à l’aube du XVIIIe siècle, Marin Marais (Guillaume Depardieu), qui apprend aux côtés de son maître, Monsieur de Sainte-Colombe, incarné par Jean-Pierre Marielle. La musique occupe dans ce film une place de choix, à tel point qu’elle en devient un personnage à part entière.

Corneau avait ainsi réussi à populariser un instrument encore trop méconnu à l’époque, la viole de gambe, aujourd’hui largement intronisé, et hautement représenté par le Catalan Jordi Savall, qui conçut la musique du film.

« Il avait déjà une connaissance personnelle du répertoire. Il connaissait tous les enregistrements qu'on avait fait 15 ans plus tôt. Moi j'ai complété, mais les pièces essentielles étaient déjà là, comme {La Rêveuse de Marin Marais et Les Pleurs de Monsieur de Sainte-Colombe} », a expliqué aujourd’hui le musicien à l'AFP.

« On savait qu'on était en train de faire quelque chose d'exceptionnel, mais moi-même, quand on a fini de choisir les musiques, je lui ai posé la question: Alain, tu es sûr que tu ne veux pas mettre quelque chose de plus gai, de plus virtuose? Mais il était très sûr de son choix », a-t-il poursuivi.

« Il fallait donner cette image du grand maître qui transmet quelque chose d'essentiel: pas un divertissement, mais une musique qui touche votre âme et vous permet de parler avec les êtres chers qui ne sont plus là. C'est ce message qui a touché tout le monde ». « Je dis toujours qu'Alain Corneau fut mon dernier maître de viole de gambe car en enregistrant la musique pour le film, il m'a donné de grandes leçons et j'ai appris l'essentiel: jouer en imaginant que je suis pas moi, mais Marin Marais, jouant pour un être en train de mourir d'amour. Cela m'a permis de changer de perspective ».

Alain Corneau débuta sa carrière cinématographique en s’illustrant dans le genre policier, avec un premier succès, Série Noire en 1979. Fort d’une filmographie exhaustive, le réalisateur a su conquérir le public et le cinéma français avec des films comme Fort Saganne (1984), Nocturne indien, Le Cousin et Stupeur et tremblements. Son dernier long-métrage en date, Crime d’Amour avec Ludivine Sagnier et Kristin Scott Thomas est dans les salles obscures depuis le 18 août.

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