Quelques considérations générales préalables.

Il nous a parfois été reproché de faire trop long sur la technique et pas assez long sur l'écoute.

Lorsque j'étais dans la presse papier, la règle pour un banc d'essai était 1/3 pour la présentation, 1/3 pour le descriptif technique et 1/3 pour l'écoute. Sachant que nous disposions d'un maximum (et grand maximum !) de 6000 caractères, cela allait assez vite.

Par ailleurs, depuis plus de trente ans, j'ai toujours gardé en mémoire ce message publicitaire de la marque Monitor Audio "La Musique : l'indicible privilège des sons".

Non seulement la phrase est très belle mais elle résume à elle seule la difficulté à traduire l'émotion par des mots.

Existe-t-il quelque autre forme d'art ou d'expression artistique qui soit en mesure de nous donner la chair de poule comme savent le faire les musiques qui nous émeuvent profondément ?

Même si la finalité d'un matériel Hi-Fi est de reproduire de la musique et par là l'émotion qu'elle porte en elle, la finalité d'un banc d'essai est d'apporter des informations sur l'appareil testé, et ce sur tous ses aspects : présentation, possibilités, fabrication et technique, utilisation (de plus en plus, surtout avec les lecteurs réseaux pilotés par iPad ou autres tablettes), et qualités sonores.

On pourrait très bien décrire les qualités sonores de manière concise, mais cela perdrait de son charme, aussi procède-t-on toujours en relatant ses impressions à l'écoute de musiques que l'on aime. Mais cela doit servir à informer sur le "type" de restitution procurée par l'appareil testé, ce type de restitution pouvant plaire ou ne pas plaire, s'adapter plus ou moins bien à certains genres musicaux, et par là ne pas retranscrire au mieux le contenu émotionnel de telle ou telle musique.

La nécessité d'un "système de référence"

Lorsque l'on emploie cette expression «système de référence», c'est simplement pour parler du système auquel on se réfère (et non pas que celui-ci soit ce qui se fait de mieux, "une référence" comme on dit).

Lors du test d'un élément, celui-ci vient en place de celui d'origine dans ce système de référence dont on a bien le son en oreille, et donc on est sûr que les modifications sonores seront dues à l'élément changé.

Comme à Qobuz nous testons très souvent des convertisseurs numérique analogique il nous est parfois assez difficile de cerner des différences entre des modèles de provenance différente reprenant des structures électroniques proches, voire utilisant le même convertisseur, car, contrairement à d'autres éléments comme les enceintes ou les amplificateurs, où les «personnalités sonores» sont assez facilement identifiables du fait de leurs principes de fonctionnement, les DAC délivrent simplement (si l'on peut dire) un «signal électrique» qui n'a pas les contraintes ni d'une enceinte ni d'un amplificateur.

L'objectivité en question

Il est également difficile d'être totalement objectif dans ce domaine où n'intervient que la sensibilité c'est pourquoi, et c'est aussi notre goût, nous essayons de rester à la définition originelle de la haute fidélité, c'est-à-dire être aussi près que possible de l'original.

Cela implique l'écoute d'instruments naturels dont on connaît la sonorité, et aussi, en ce qui nous concerne, d'être aussi méchant que possible en choisissant des morceaux de grand orchestre couvrant une large étendue spectrale et offrant des ambiances sonores le plus varié possible ainsi qu'une large dynamique en partant du principe "qui peut le plus peut le moins".

Après nous pondérons nos appréciations et faisons part de la personnalité sonore de l'appareil qu'a révélée l'écoute et même si celle-ci n'est pas celle que nous préférons, ce ne sera pas forcément l'avis d'autres amateurs, car tous les goûts sont dans la nature.