Sony est donc entré de plain-pied dans l'univers de la musique dématérialisée et le premier des appareils de la toute récente gamme du constructeur que nous avons testé fin septembre, l'amplificateur avec DAC intégré UDA-1, s'est vu récompensé par un Qobuzissime.
Le modèle HAP-S1, objet de ce banc d'essai et baptisé par Sony "HDD Audio Player System", est, comme son nom l'indique dans la langue de Shaekspeare, un système audio à disque dur, et celui-ci a une capacité de 500 Go. Il y a tout juste deux ou trois ans, on aurait dit, c'est très bien, aujourd'hui on se contente de dire que ce n'est pas trop mal, bien qu'il faille déjà un certain nombre de fichiers Studio Masters en FLAC pour le remplir. Et si ça ne suffit pas, il est possible de raccorder au HAP-S1 un disque dur externe en USB, mais celui-ci devra être formaté par le HAP-S1 et ne sera plus utilisable avec un ordinateur PC ou Mac.
Bien que le HAP-S1 dispose d'une liaison réseau filaire, et aussi WiFi, lui donnant, bien sûr, accès à Internet pour les mises à jour du firmware et aux Web radios, celui-ci n'est pas un lecteur réseau.
Sa liaison réseau servira à transférer depuis son ordinateur les fichiers audio de son choix vers le disque dur interne du HAP-S1 grâce à l'application HAP Master Transfer, et le HAP-S1 les lira ensuite localement, Sony avançant l'argument qu'ainsi la lecture ne peut plus être affectée par d'éventuelles perturbations sur le réseau.
Présentation
Peut-être Sony voulait-il, en adoptant des lignes pures pour le dessin du HAP-S1 (et pour la gamme Hi-Res Audio en général), évoquer la pureté de la musique en Haute Définition ?
Pas surcharge de boutons sur la façade du boîtier en aluminium anodisé brossé en finition naturel ou noir, qui fait corps avec la face supérieure en ne laissant apparaître aucune visserie disgracieuse, c'est de la Haute déFinition ! Les faces latérales, quant à elles, sont peintes couleur aluminium, mais l'illusion est parfaite, et elles aussi ne laissent apparaître aucune vis.
A gauche de l'écran couleur, qui offre une surface confortable et une bonne finesse (avec l'indication du type de fichier, de sa fréquence d'échantillonnage et du nombre de bits), prennent place le bouton de mise en marche et sa discrète LED témoin verte, ainsi qu'une prise casque au standard Jack 6,35 mm.
Immédiatement en haut sur sa droite, la touche "Home", repositionnant immédiatement le HAP-S1 sur sa page d'accueil, la molette de navigation dans les menus avec pression centrale de validation, et dessous la touche "Back" permettant de revenir à l'écran précédent.
C'est simple, intuitif et efficace. Plus à droite, la touche combinée lecture/pause, et enfin, le réglage de volume par "encodeur optique" (génération d'impulsions par coupure d'un faisceau lumineux, pas de friction comme avec un potentiomètre, donc pas de vieillissement et les crachements qui vont avec).
La discrète fenêtre du récepteur de télécommande rappelle que le HAP-S1 peut être piloté à distance, mais seulement pour les fonctions principales comme le volume et quelques autres pour lesquelles on n'aime pas se lever de son fauteuil douillet, comme le saut de plage avant ou arrière, les deux fonctionnant aussi comme avance ou retour rapides en maintenant la touche enfoncée..
Si on veut le pilotage intégral dans le creux de la main avec image et informations sur l'album écouté, il faudra télécharger l'application HDD Audio Remote, pour iPod, iPhone, iPad et aussi pour appareils Android.
La fabrication
Le boîtier du HAP-S1 est réalisé en tôle d'acier pliée de 1 mm d'épaisseur. L'ensemble, du fait de sa relative compacité, présente une bonne rigidité, renforcée par le structure monobloc de la façade et de la face supérieure.
En contrepartie de cette compacité, c'est un peu la crise du logement à l'intérieur du HAP-S1, que nous vous faisons découvrir en vue plongeante, bloc face avant-supérieure démonté et basculé comme un capot de voiture. Mais où donc le disque dur a-t-il pu trouver place ?
Celui-ci, un modèle sata Toshiba 2,5" de 500 Go tournant à 5400 tr/mn, est monté sur silent bloc le long du flanc droit (en bas sur la photo), et nous l'avons démonté pour faire un cliché de l'agencement interne du HAP-S1, qui est plus ou moins semblable à celui de l'amplificateur avec DAC UDA-1.
Le transformateur prend place dans la partie gauche du boîtier (en haut sur la photo), ainsi que l'alimentation de veille. Dans la partie droite (bas de la photo) se trouve l'alimentation de l'électronique avec ses deux gros condensateurs de filtrage pour fournir du courant aux amplificateurs.
Le long de la face arrière prennent place la carte accueillant les entrées numériques, et sous celle-ci, les deux entrées analogiques et la sortie à niveau des signaux numériques convertis.
La connectique
Pour les entrées numériques, le panneau arrière du HAP-S1 offre deux entrées S/PDIF (coaxiale et optique), la prise réseau dont nous avons détaillé le rôle dans l'introduction, une prise USB A pour un support de stockage externe (disque dur, clef USB).
En analogique, on pourra raccorder deux sources sur prises Cinch, et aussi récupérer les signaux analogiques résultant de la conversion interne pour les brancher sur l'entrée auxiliaire d'un amplificateur plus puissant par exemple, et pour finir, les deux borniers pour les enceintes acceptant les fiches banane comme les fils dénudés.
L'alimentation et les amplificateurs
Alimentation et amplificateurs partagent la même carte de manière à avoir les trajets les plus courts entre les deux. Le filtrage est assuré par deux condensateurs Nippon Chemicon de 6800 µF/50V, une valeur bien en rapport avec la puissance délivrée par les amplificateurs.
Ces amplificateurs sont des modèles intégrés à hautes performances LM3876 "Overture" fabriqués par National Semiconductor, que l'on peut voir le long du radiateur à ailettes en aluminium qui évacue leur excédent de calories !
On peut aussiremarquer entre les deux condensateurs de filtrage une sorte "d'araignée" (non pas rouge comme dans True Lies), mais orangée puisqu'il s'agit de cuivre.
C'est une "masse en étoile", où les conducteurs des courants de retour (ou "masses") des différentes sections du HAP-S1 sont séparés les uns des autres.
Cela évite ce que l'on nomme les "boucles de masse" génératrices de ronflement et aussi que ces courants se superposent et que les retours numériques, éventuellement bruités, ne polluent des signaux analogiques de faibles amplitudes, et ces courants se rejoignent ainsi au plus près de la masse électrique d'origine qui se trouve au niveau des condensateurs de filtrage de l'alimentation. On remarquera sur la vue en gros plan que les retours des différentes sections sont parfaitement repérés sur le circuit imprimé.
Sony a opté pour "la solution électrique par excellence" pour les retours des courants (solution également adoptée sur le UDA-1).
Cette carte comporte également un circuit intégré NJW1194 du fabricant New Japan Radio Co servant au réglage du volume et de la tonalité (en haut à droite de la photo, sous les relais), ce dernier réglage pouvant être contourné via le paramétrage.
Une seconde alimentation prend place, composants têtes en bas au-dessus de l'alimentation des amplificateurs. Elle fournit le 5V aux circuits numériques et de gestion ainsi que des tensions de 6V et de 9V destinées au ventilateur (Fan), la première pour une ventilation normale, la seconde pour une ventilation plus énergique quand la température du disque dur l'exige.
Les entrées numériques
Celles-ci sont rassemblées sur une carte reliée par de nombreuses nappes de fils au reste de l'électronique. Au c?ur de cette carte se trouve un circuit intégré Sanyo LC89075 qui intègre les fonctions d'interface de réception numérique, de conversion analogique numérique avec filtre anti-repliement (anti aliasing) pour les entrées audio analogiques, et de sélecteur audio.
Plein de courage face à un enchevêtrement de nappes et de limandes où même Ariane n'y retrouverait pas son fil, et ne voyant rien dans le boîtier "intra muros" qui ressemble à une carte réseau, nous sommes plus ou moins parvenus à suivre tous les écheveaux connectés à cette carte où se trouve l'entrée réseau pour arriver sur le panneau faisant office de contre-façade.
Il semble bien que ce soit là, dans la partie gauche de cette contre façade, qu'ait élu domicile la carte réseau, puisqu'au passage nous avons aussi remarqué un petit boîtier métallique blindé (à côté du disque dur) relié à deux antennes situées sur les flancs du boîtier et qui serait le module WiFi que nous n'en serions pas étonné (cela expliquerait aussi pourquoi les garnitures démontables sont en plastique peint et non en aluminium). La carte située dans la partie droite, sur laquelle on peut voir un processeur ARM, est visiblement dédiée à la gestion globale du HAP-S1.
La vue ci-dessous montre la deuxième face du circuit situé à gauche, qui est enfiché sur une seconde carte qu'il masque totalement. On peut y voir un circuit programmable Altera Cyclone IV dont nous supposons que le rôle est peut-être d'assurer le traitement des signaux numériques en provenance du réseau afin de les stocker sur le disque dur au formatage "propriétaire Sony".
Cette autre vue montre la partie cachée de l'iceberg, c'est-à-dire le circuit sur lequel s'enfiche la carte précédente. Nous ne sommes pas allé (à regret) plus loin dans nos démontages et investigations, l'entreprise devenant trop risquée pour le matériel et aussi, peut-être pour l'opération de remontage.
Vue de l'arrière de la façade avec la carte supportant l'encodeur optique de réglage de volume et les commandes de navigation (partie gauche), et, de l'autre côté l'afficheur et son électronique, ainsi que la prise casque et le bouton de mise en marche.
Conversion numérique analogique
Après avoir débroussaillé un peu les alentours du convertisseur numérique analogique, nous avons réussi à faire un instantané de celui-ci afin que vous puissiez aussi le découvrir.
Il s'agit d'un des grands classiques de la conversion de qualité, le modèle Burr-Brown PCM1795, pouvant traiter des signaux jusqu'à 24 bits à 192 kHz et aussi les signaux DSD. Le filtrage après conversion est réalisé à partir d'amplificateurs opérationnels à faible bruit de type NJM4580, associés à des composants passifs de qualité audiophile, en particulier des condensateurs à couche plastique.
Utilisation et écoute
Le transfert des fichiers depuis son ordinateur vers le disque dur interne du HAP-S1 ou un disque dur externe relié en USB se fait de manière relativement souple grâce au logiciel HAP Music Transfer.
De plus ce logiciel dispose d'un explorateur (Explorer HAP) pour gérer les contenus du ou des disques durs du HAP-S1 et aussi le contenu des disques durs de son son PC, comme avec l'explorateur Windows (suppression, déplacement, glisser-déposer...).
L'utilisation du lecteur lui-même ne pose pas de problèmes particuliers. A partir de l'écran d'accueil on sélectionne (un peu comme dans l'application Qobuz) "Genres", "Artistes", "Albums", "Plages",«Station SensMe?» (une fonction qui analyse et classe automatiquement les plages musicales en fonction de leur humeur et de leur tempo à l'aide de la technologie 12 Tone Analysis développée par Sony et qui se montre plutôt efficace), "Listes de lecture", etc, et on navigue ensuite pour faire le choix de ce que l'on veut écouter. Cette opération se fera depuis la façade du HAP-S1 ou depuis un smartphone ou une tablette Apple ou Android.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets nous disent les physiciens, l'électronique de conversion du HAP-S1 étant la même que celle de l'UDA-1 et l'amplification de la même famille mais en un peu plus costaud, nous avons retrouvé à l'écoute du HAP-S1 les mêmes qualités sonores de haut niveau qui nous avaient emballé lors du test de l'UDA-1, et si vous l'avez lu, vous voyez déjà poindre un Qobuzissime et vous avez raison.
Comme nous le disions récemment lors d'un banc d'essai, qualité élevée ne signifie pas nécessairement prix élevé, et cet HAP-S1 en est une preuve de plus, comme l'était déjà son frère cadet UDA-1.
Le fait est, selon nos oreilles, que cet appareil fait entendre d'une manière très fidèle ce qui est contenu dans le fichier.
Avec la musique d'une douceur et d'une mélancolie indicibles du magnifique Nimrod extrait des Variations Enigma de Sir Edward Elgar (album Last Night of the Prom's), la restitution sonore du HAP-S1 plonge l'auditeur au c?ur d'un monde de sérénité et de beauté où l'électronique se fait complétement oublier pour laisser la place à la musique.
On peut tout autant apprécier la restitution des différents morceaux de La Fantasia on Britsih Sea Songs qui bénéficient de cette restitution sonore de qualité alliant finesse et aération du message sonore, excellente différentiation des instruments et des plans sonores, le tout avec de très bonnes aptitudes dynamiques avec une réserve de puissance, qui, sans être excessive, reste appréciable.
Ces excellents résultats sonores obtenus avec des fichiers en qualité CD se retrouvent en mieux à l'écoute de fichiers Studio Masters ou DSD, comme à l'écoute de la très belle chanson The Golden Age de l'album Sea Change de Beck en version Studio Masters 24 bits à 88,2 kHz, dont l'introduction avec ses accords à la guitare rappelle l'époque où l'on écoutait le vinyle My Sweet Lord de George Harrison et l'on aurait aussi un peu l'impression d'écouter du "pur analogique" tant prisé par les amateurs de disques vinyles.
Quant à la restitution de l'Allegro du Concerto pour violon en ré de Mozart dans ses versions DSD 2,8 et 5,6 MHz (fichiers de test 2L.no), c'est à de très grands moments de restitution sonore que nous invite le HAP-S1, tout est là, bien en place, l'orchestre s'invite dans la salle d'écoute et le violon solo chante avec une aisance remarquable jusque dans ses notes les plus aigües que l'on perçoit sans peine jusque dans leurs nuances les plus ténues.
Nous l'avions annoncé, c'est officiel maintenant, Qobuzissime pour le HAP-S1 de Sony, un constructeur qui nous donne la preuve qu'il sait concevoir des appareils de grande qualité à des tarifs accessibles pour un grand nombre d'amateurs. Très beau son, très beau design, un appareil que l'on écoutera et que l'on regardera avec le même bonheur.
Manuel d'aide en ligne (français)
Formats de fichiers audio lisibles
Capacités de lecture
Contrairement aux indications de Sony concernant la limitation à 96 kHz pour l'entrée S/PDIF optique, nos fichiers à 176,4 et 192 kHz ont été lus sans problème sur cette entrée.
