Ambassadeur d’un art lyrique inscrit dans le XXe puis le XXIe siècle, le directeur d’opéra belge qui dirigea notamment l’Opéra de Paris, la Monnaie à Bruxelles et le Teatro Real de Madrid a été emporté par un cancer à 70 ans.

Gerard Mortier est décédé le 8 mars 2014, emporté par un cancer du pancréas à l’âge de 70 ans. A la tête notamment de l’Opéra de Paris entre 2004 et 2009, il fut l’un des acteurs majeurs de la scène lyrique de ces dernières décennies, comptant autant d’aficionados que de détracteurs. Ne laissant donc guère indifférent, Mortier était un passionné, portant son engagement, sa vision et ses projets jusqu’à l’affrontement si cela était nécessaire. Il incarnera la lutte permanente contre le conservatisme et le passéisme dans la sphère lyrique, faisant de la modernité une priorité dans chacun des prestigieux théâtres qu’il dirigera.

Né le 25 novembre 1943 à Gand, en Belgique, Gerard Mortier commence sa carrière en 1968 comme assistant du directeur du Festival de Flandres avant de partir en Allemagne pour y devenir directeur artistique des opéras de Düsseldorf, Hambourg puis Francfort. Au début des années 80, il est nommé directeur de la Monnaie de Bruxelles. Mortier prend l’institution en main, décide d’y produire des œuvres nouvelles, contemporaines et atypiques. Une audace et une volonté de ne pas rester figé qui lui apporteront une réputation mondiale.

Une décennie plus tard, Gerard Mortier relève un défi plus grand encore : prendre la tête et moderniser le Festival de Salzbourg, dirigé par Karajan depuis des années. Le Belge aura le plus grand mal à faire entendre sa voix parmi tous ses opposants mais parviendra à imposer sa marque.

De septembre 2004 à 2009, il débarque à Paris, où il succède à Hugues Gall comme directeur de l'Opéra de Paris, dont le statut a été modifié pour permettre à Mortier de rester à sa tête après son 65e anniversaire, après en avoir été le directeur délégué depuis décembre 2001. Là aussi, ses partisans comme ses opposants auront matière à s’affronter.

Début 2007, le directeur d’opéra accepte ensuite de prendre les rênes du New York City Opera. Mais une mission à laquelle il renoncera pour cause de moyens insuffisants. C’est au Teatro Real de Madrid qu’il se lance dans sa dernière aventure à compter de 2010. Fin janvier, il accompagnait l'un de ses derniers projets, la création de l’adaptation à l'opéra de Brokeback Moutain, le livre d'Annie Proulx rendu célèbre par sa version cinématographique signée Ang Lee. Un projet atypique comme la carrière de Gerard Mortier qui aura marqué de son empreinte l’opéra du XXe siècle.

Ecoutez le podcast "Croisée" avec Gerard Mortier enregistré le 22 février 2012 à Madrid