Singulier programme que celui choisi par Gustavo Dudamel pour son retour annuel au Philharmonique de Berlin, lui qui a habitué ses fans aux grands mammouths orchestraux. Deux "petits" Stravinsky, une symphonie de jeunesse de Schubert, "seulement" la Quatrième de Beethoven... A suivre en direct dans la [Salle de concerts numérique->http://www.digitalconcerthall.com/tickets/?a=qobuz&c=true] le vendredi 6 décembre

Oui, vraiment, voilà bien un programme éclectique en diable : chacune introduite par une farce de cirque signée Stravinsky, Dudamel a choisi deux symphonies de la "moyenne maturité" de leurs compositeurs respectifs. Schubert avait 19 ans lorsqu'il écrivit sa Quatrième qu'il appela lui-même "Tragique", pour une fois ce n'est pas un gadget d'éditeur ; et 19 ans, pour un Schubert, c'est déjà une certaine maturité ! Beethoven, de son côté, avait déjà à son actif la titanesque Troisième "Eroica", certes, mais sa Quatrième symphonie semble presque un retour en arrière, vers Haydn - exactement, d'ailleurs, comme la Quatrième de Schubert, très haydnienne elle-même. Peut-être le génial-déjà-presque-sourd prenait-il ainsi son élan avant d'écraser la planète de sa Cinquième qui, en vérité, aurait pâti d'être précédée d'un monument tel que l'Eroica... la remarque vaut ce qu'elle vaut, ni plus ni moins, mais un truisme n'a jamais tué personne. "La Tragique" de Schubert par Norrington

Là où l'on reste intrigué, c'est devant le choix des deux Suites pour petit orchestre de Stravinsky pour introduire ces symphonies. La première Suite date des années 20-25 et fut conçue initialement pour piano, puis orchestrée pour un tout petit ensemble dont les sonorités rappellent délibérément celles du cirque. La deuxième vit le jour en 1921 comme un recueil de quatre pièces pour piano à quatre mains, avant de subir le même traitement orchestral minimaliste et quasiment farceur, parfois à la limite du bébête (avec la touche géniale du compositeur, naturellement). Stravinsky aurait-il voulu rendre hommage à Erik Satie qu'il n'aurait pas agi autrement. Napolitaine, espagnole, balalaïka, marche, valse, polka et galop sont les titres des divers morceaux de ces suites miniatures, qui ne durent l'une comme l'autre que cinq petites minutes. Et chacune des suites sera suivie d'une imposante symphonie !

Mariage de la carpe et du lapin : Vive les programmes hardis !

La curiosité devrait donc pousser les mélomanes à voir ce que donne cette juxtaposition de la carpe et du lapin - l'ennui ne naquit-il pas un jour de l'uniformité ? Donc, cela changera des trop nombreux programmes Mahler-Bruckner-Tchaikovsky qu'égrènent jour après jour les orchestres du monde entier... A déguster dans la Salle de concerts numérique du Philharmonique de Berlin ce vendredi 6 décembre à 20h.

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