Le 28 août 2009, concert d'ouverture de la saison des Berlinois, Rattle choisit de créer Laterna Magica de Kaijaa Saariaho : musique des couleurs, des lumières, des intensités, à découvrir dans les [Archives de la Salle de concerts numérique->http://www.digitalconcerthall.com/en/concert/243/rattle-britten-saariaho-berlioz]

Le titre de cette œuvre de la compositrice Finlandaise Kaija Saariaho (* 1952) est emprunté à celui de l’autobiographie éponyme de Ingmar Bergman : La Lanterne magique , référence évidente aux débuts du cinématographe et de la découverte de l’art de canaliser la lumière et les images ; elle est le fruit d’une commande passée par l’Orchestre Philharmonique de Berlin et le Festival de Lucene. C’est le Philharmonique qui eut l’honneur d’assurer la création mondiale pour le concert d’ouverture de la saison 2009-2010, le 28 août 2009, concert dont le témoignage est conservé dans les Archives de la Salle de concerts numérique.

Reprenons les explications de la compositrice : En lisant le livre, la variation des motifs musicaux au gré des différences de tempos s'est imposée à elle comme une des possibles idées de base de la pièce orchestrale qu’elle venait de commencer. Le symbole en est la lanterne magique, première machine capable de créer l'illusion d'une image en mouvement : au fur et à mesure que tourne la manivelle, les images individuelles disparaissent tandis qu’à la place, l'œil perçoit un mouvement continu. En transposant dans le domaine la musique, une variété de tempos générera une variété de paramètres : la continuité rythmique fonctionne mieux avec des tempos plutôt rapides, tandis que des teintes délicates nécessitent du temps et de l'espace si l'oreille veut les percevoir. Alors que Saariaho travaillait sur les tempos, des rythmes de différents caractères s'imposèrent à elle comme un élément essentiel de l'identité de l'œuvre : un rythme de danse sauvage inspiré d'un flamenco, un rythme décalé et asymétrique tiré d'un discours, un ostinato qui accélère et perd finalement son caractère rythmique pour devenir une texture. Une musique a alors émergé, matériau contrastant sans pulsation ni rythme clair, dominée par des plans fortement colorés et des textures aériennes, comme la couleur unifiée de six cors qui délimite les phrases orchestrales. L'utilisation des cors fait référence au film Cris et chuchotements de Bergman, dans lequel des séquences de rouge font souvent office de transition entre les scènes. En lisant l’autobiographie de Bergman, Saariaho fut également été touchée par la façon dont le cinéaste décrivait les différentes lumières que son photographe-fétiche, Sven Nykvist, arrivait à capturer avec son appareil.

Une partie du texte s'est frayé un chemin dans l’esprit de la compositrice, des mots et des images qu’elle a retranscrits dans son ouvrage : « lumière douce », « lumière dangereuse », « lumière onirique », « lumière claire de mort vivant », « lumière embrumée, chaude, intense et dure », « lumière soudaine, sombre, printanière, à rayons obliques », « lumière droite et pénétrante », « lumière oblique, sensuelle et irrésistible », « lumière limitative », « lumière empoisonnée », « lumière pacificatrice », et finalement « pleine lumière ». A l’auditeur de découvrir où, dans la partition, apparaissent les diverses séquences lumineuses, selon leur caractère musical !

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