Eh oui, trente ans se sont écoulés depuis une dernière Tosca avec Karajan... voilà le temps qu'a mis le Philharmonique de Berlin pour renouer avec le compositeur. Ce sera Manon Lescaut en direct de Baden-Baden, mise en scène de Richard Eyre, CE SOIR mercredi 16 avril à 18h

Puccini n'est pas, et de loin, le compositeur le plus représenté au Philharmonique de Berlin ; il est vrai que la production symphonique ou concertante du maître italien est des plus réduites, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais considérez que depuis six ans et demi qu'existe la Salle de concerts numérique, Wagner a été joué une douzaine de fois, et pas seulement ses ouvertures. Affinités électives de Rattle ? Mais quid alors des chefs invités dont certains sont de grands puccinolâtres qui auraient pu donner tel ou tel intermède, ou un acte détaché en version de concert ? Mystère.

Ne nous plaignons pas : Puccini fait son grand retour berlinophilharmonique, en version scénique naturellement, diffusion en direct de Baden-Baden le mercredi 16 avril à 18 heures (notez l'horaire décalé par rapport aux diffusions habituelles). Manon Lescaut sera chanté par une belle brochette de stars, avec en tête de brochette la soprano néerlandaise Eva-Maria Westbroeck et le ténor italien Massimo Giordano, de quoi dignement défendre ce troisième opéra du maître - troisième opéra, certes, mais son premier véritable grand succès après les deux coups d'essais que furent Le Villi et Edgar. Il faut dire que le pari était risqué de proposer un opéra sur le sujet de Manon l'Escaut de l'abbé Prévost, après le triomphe international de Manon de Massenet. Puccini, toutefois, balayera d'un revers de la main les réticences de son éditeur : " Lui la concevra à la française, avec poudriers et menuets ; moi, je la concevrai à l'italienne, avec passion désespérée. " (cité par l'un des ultérieurs librettistes de Puccini, Giuseppe Adami, dans sa biographie Puccini de 1953). Préparez donc vos mouchoirs, car en effet, le compositeur met sérieusement à contribution les glandes lacrymales avec ses airs poignants à l'extrême, ses sanglots à foison et sa vision très terre-à-terre du déroulement dramatique.

Les arides déserts de Louisiane où Manon est sensée mourir de soif...

Détail amusant, qui n'est naturellement pas de la responsabilité de Puccini ni de ses librettistes, mais les uns comme les autres auraient pu donner un coup de pouce à la réalité. Dans Prévost, Manon meurt de soif et d'épuisement quelque part aux alentours de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, dans un aride désert. D'épuisement, pourquoi pas ; mais de soif ? A des centaines de miles à la ronde, ce n'est que de la flotte, de la flotte et encore de la flotte, infestée de moult bestioles peu sympathiques qui auraient offert une rare opportunité à une héroïne d'opéra de pousser son dernier contre-ut dans l'estomac d'un alligator.

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