... les [archives de la Salle de concerts numérique->http://www.digitalconcerthall.com/en/concerts/?a=qobuz&c=true], naturellement, où l'on trouve l'intrigant Deuxième concerto pour violon de Hans Werner Henze, alliant sonorités naturelles, sons électroniques préenregistrés, mathématiques, poésie et les craques du baron de Crac

Rares sont les concertos pour violon dans lesquels l'affiche est partagée entre le violon solo - surtout s'il ne rentre que bien tard dans le discours -, le piano solo, le baryton solo et la bande magnétique solo ! C'est le cas du très intrigant deuxième concerto pour violon de Hans Werner Henze, écrit en 1971 et révisé vingt ans plus tard. L'argument littéraire, confié à la voix, reprend un singulier poème de Hans Magnus Enzensberger, Hommage à Gödel - Kurt Gödel étant un mathématicien et logicien, qui énonça en particulier le Théorème d'incomplétude qui porte son nom. Enzenberger établit un parallèle entre le mordage-de-queue du Baron de Crac (Münchhausen en allemand) qui, à la force de son poignet, se tire - tout assis qu'il est sur son cheval - d'un marais en s'attrapant lui-même par la tignasse, et l'impossibilité d'observer l'intégralité d'un système lorsqu'on est soi-même partie du système. Naturellement, l'auditeur pourra légitimement se demander en quoi Henze a pu transférer de tels concepts en musique : peu importe ! Son deuxième concerto est un grand moment d'invention contemporaine, qui fait la part belle autant aux sonorités les plus inouïes (au sens premier du terme) de la bande magnétique, qu'aux accents bien plus classiques du langage des générations passées. Du vrai Henze, en quelque sorte.

Le concert du 30 janvier 2011, soigneusement conservé dans les archives de la Salle de concerts numériques, vous propose de découvrir ce drôle de concerto, à la jonction entre farce sérieuse et sérieux farceur. Pour les amateurs, voici le texte du poème, en allemand précédé dans la traduction de votre humble serviteur (pour le cas où d'éminents germanistes parmi les lecteurs de ces lignes proposeraient une autre compréhension). Le concert archivé se termine avec une version réduite du Chant de la Terre de Gustav Mahler pour une vingtaine de musiciens, qui n'offre certes pas la grandiose sonorité de l'original, mais permet en échange de découvrir bien des détails harmoniques et contrapuntiques que noie habituellement le très grand orchestre.

Hans Magnus Enzensberger, Hommage à Gödel

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