Le Stabat Mater de Szymanowski (écrit en 1926) date de la "troisième période" du compositeur - la première se caractérisant par un certain romantisme tardif à l'allemande avec quelques emprunts aux chromatismes scriabiniens, la deuxième embrassant l' "impressionnisme" d'essence française, tandis que la troisième et dernière représente un retour aux sources polonaises. Toutes ces considérations étant teintées de relativité, car le Stabat Mater trahit l'évidente influence de Stravinsky, tandis que l'élément polonais reste encapsulé dans un langage délibérément polyphonique "savant".
Savant, certes, mais l'impression générale reste singulièrement terrienne, vire paysanne, un choix assumé du compositeur qui a ici fait l'alliance parfaite entre la foi et le charbonnier : allusions à l'écriture quasiment médiévale de certaines phrases monophonique ou polyphoniques, dans une harmonie et une couleur orchestrale massive, taillée dans le chêne, le tout chanté en polonais plutôt qu'en latin... Voilà un superbe ouvrage, aisément de la trempe de la Messe glagolitique de Janáček, et que l'on n'entend hélas guère en concert, ce qui est bien dommage. Le Philharmonique de Berlin le met donc à son répertoire, avec une distribution vocale de stars.
Les mêmes stars finissent la soirée avec LA neuvième, celle qui n'a pas besoin que l'on nomme son compositeur pour savoir de quoi il s'agit. Imposant contrepoids au Stabat Mater de Szymanowski, mais en fait, le couplage est d'une grande finesse, car les deux œuvres ne peuvent en aucun cas se marcher sur les pieds.
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