Jeudi 23 et vendredi 24 octobre, Sur le fil s’installe au Théâtre de l'Athénée Louis Jouvet. Un conte philosophique pour funambule bâillonné.

Sur le fil est un conte sans texte, pour lumière, guitares, son, et objets animés. Hélène Thiébault, l'auteur, livre le récit d’un voyage où la vue et l'ouïe sont sollicités à l'envers d'une écoute spectatrice traditionnelle du théâtre français. Ici le fil narratif est offert à la lumière, et nourri par la musique, la bande son, les objets ou les accessoires. C'est donc en équilibriste que le spectateur se laisse guider par les signes que lui livrent ses sens. Alors se révèle dans sa pleine jouissance toute l'infinité de l'horizon de nos langages.

Patrice Besombes à la lumière, Philippe Mouratoglou aux guitares, Claire Thiébault au son et à la création sonore, José Pedrosa aux objets animés font éclore ce sublime dans l'épure, là où se trouve la force et tout le mystère de l'horizon justement, cette ligne tracée au loin qui n'est qu'une représentation subjective d'un tout plus grand : « L'horizon n'est pas un point, c'est un continent ».

Le spectacle déroule des tableaux « qui sont autant de projections, définitions, expressions, représentations poétiques de l'épure et de ce qui nous ramène à l'essentiel, aux fondamentaux ». Ainsi par exemple la nature, le feu, l'eau, la naissance, l'enfance, le temps, la nuit, le silence sont quelques-uns des concepts déclinés.

La musique dans ce spectacle introduit la dimension temporelle nécessaire à la construction de sens, mais elle en est également la palette bariolée quand la scénographie joue sur le clair-obscur. Philippe Mouratoglou improvise, tour à tour sur des guitares classiques, folk et baryton, joue ses compositions, ou encore Brouwer, Barrios, Sor, Villa-Lobos et Britten. La bande-son contraste et dialogue avec cette musique, réaffirme la force du silence après la montée en décibels d'une scène tellurique. La musique, délivrée des codes du concert classique, se réinvente.

Les 23 et 24 octobre, au Théâtre de l'Athénée, Sur le Fil d'Hélène Thiébault invite à trouver de nouveaux équilibres aux amateurs de sensations fortes, profondes, et intenses. Une expérience qui place directement l'onirisme dans le réel, à vivre en suivant l’homme-ombre.

Les tracés sont éphémères, le fil lui-même ondule comme pour refuser les chemins tous tracés, et c'est jouant d'humour avec les ambivalences que l'on se sent un peu comme ce petit homme des photographies de Gilbert Garcin.