Directrice artistique des Journées de Musiques Anciennes de Vanves qui se tiendront du 22 au 24 novembre, Carine Moretton présente l’édition 2013.

Concerts, salon de luthiers, colloque et ateliers, l’édition 2013 des Journées de Musiques Anciennes de Vanves se tiendra du 22 au 24 novembre prochain. Salon d’exposition de lutherie, concerts au Théâtre de Vanves, ouverture aux pratiques amateurs, ateliers artistiques tout public, apéro-lutherie et sessions de musique dans les cafés, la cuvée 2013 des Journées de Musiques Anciennes regorgent de trésors. Directrice artistique des Journées, Carine Moretton présente la cuvée 2013 et ses spécificités.

Pourquoi ce nouveau fonctionnement des Journées par thème ?

Carine Moretton : L'idée des Journées, c'est de fédérer tous les acteurs des musiques anciennes (musiciens professionnels, amateurs, chercheurs, luthiers, grand public...) autour d'un même qui événement. Le fonctionnement par thème permet de générer la discussion sur un sujet commun à tous. Cela permet d'appréhender la musique comme faisant partie d'un tout, dont aucune partie n'est dissociable, et dont les éléments se répondent, se structurent et s'entre-influencent : par exemple, en choisissant pour cette édition le thème Musiques et Proportions, nous amenons naturellement une mise en rapport du travail de lutherie avec celui de l'architecture, mais aussi avec la composition, les mathématiques, la rhétorique, ou la philosophie... De cette ébullition, de tout ce monde qui se rencontre et s'interpelle, sortiront des idées neuves. C'est notre rôle, en tant que programmateur de festival de les saisir au vol pour les amener à se devenir créations artistiques.

Pourquoi les consorts sont à l’honneur cette année ?

Musiques et proportions : les consorts sont l'expression concrète de cette interrogation ! Plusieurs fois le même instrument, construit dans des tailles différentes, de façon à le faire sonner dans un ensemble sonore qui condense en quelque sorte le timbre de cet instrument. Pour que cela fonctionne, les calculs mathématiques et l'utilisation des proportions sont primordiaux. Les consorts programmés cette année sont le fruit du travail de luthiers dont les recherches aboutissent en ce moment. Ils exposent leurs instruments au salon, nous les mettons sur scène pour vous les faire entendre… Et puis, je pense qu'il est primordial de mettre en avant cette part des musiques anciennes qui reste encore invisible. La période baroque est connue du plus grand nombre à présent. La programmation que je propose aux Journées lève le voile sur les musiques qui viennent avant. Celles de la Renaissance, du Moyen-âge : ces répertoires si raffiné à la fois si novateurs ne peuvent plus être ignorés.

En réunissant tous les acteurs des musiques anciennes, quel public visez-vous ?

Nous ne visons pas ! Nous répondons à un besoin. Il n'y avait pas, en région parisienne, d'événement majeur autour des répertoires anciens. Alors, nous l'avons créé. Et ça marche ! Le public est plus large et plus nombreux à chaque édition. Nous avons le plaisir de constater que ce public est très mélangé, tant sur le plan générationnel que sur le plan géographique. On vient de partout, et tout le monde vient : Monsieur tout le monde comme les plus grands spécialistes. Et si nous arrivons à faire qu'ils se rencontrent, alors, là, nous aurons réussi.

Comment les Journées ont évolué depuis leur création ?

Le festival a commencé tout petit. C'était un essai : un petit salon sur une journée, assortit d'un concert. Le succès a été tel, qu'en à peine quatre ans, nous sommes devenus le deuxième salon de musiques anciennes d'Europe et notre programmation est passée à cinq concerts, trente artistes, trois créations. Et plein de nouveautés tout autour.

Quels sont les temps forts de cette quatrième édition ?

La grande nouveauté, c'est la création d'un colloque rassemblant musicologues, musiciens et luthiers en partenariat avec l'université Paris-Sorbonne. Sur le thème Musiques et proportions, il fera écho à une programmation artistique dont la personnalité est bien marquée. Doulce Mémoire donnera un magnifique et virtuose programme en dialogue avec des musiciens venus d'Inde du Nord : la rencontre de deux univers, celui des ragas joués dans les palais d'Inde du Nord et celui de l'ars subtilior à la cour des Visconti de Milan au Quattrocento. Le Maharaja de Jaipur et le duc de Milan exigeaient de leurs musiciens la plus grande virtuosité, la plus grande complexité, le plus grand raffinement, laissez-vous entraîner dans le Salon de Musique de Satyajit Ray… Ludus Modalis présentera Une musique des sphères pour rapprocher le microcosme (l’homme) du macrocosme (l’univers). Pour répondre à note rôle de dénicheurs de nouveaux talents, nous accueillons trois créations. Un concert dansé avec la Cie de l'Aune : un quatuor de luths et deux danseurs incarnent la finesse et la sensibilité de deux arts intimement liés. L'Achéron présentera sur un consort de violes tout récemment reconstitué les musiques des Twelve Month de Christopher Simpson, et les Sonadori, réunis en consorts de violons (instruments fraichement reconstitués également) donneront à entendre une musique d'improvisation à quatre parties, exercice de voltige sonore d’une complexité extrême, et qu’ils exécuteront à la volée, sans filet… Enfin, en visitant le salon de lutherie qui rassemblera plus d'une centaine d'exposants, ne manquez pas de passer par le boudoir de musique : ce petit salon intimiste, dans lequel les musiciens joueront juste pour vous, comme on le faisait à la Renaissance.

Le site des Journées de Musiques Anciennes

Questions aux musicologues des Journées de Musiques Anciennes