... que par soi-même (et par Qobuz), ce qui est toujours vrai pour Qobuz mais ne l'est pas toujours pour certains musiciens qui furent d'exécrables interprètes de leur propre musique ; toutefois, Rachmaninov, Prokofiev, Gershwin et Bartók étaient de vrais tigres au clavier : hop, direct dans la Discothèque idéale de Qobuz - sans oublier quatre choix de la rédaction

Heureusement, il nous reste quelques enregistrements réalisés par ces géants, au sommet de leur gloire et en pleine possession de leurs moyens. Cette chance nous est offerte sous forme de quatre CD d'archives réalisées entre les années 20 et 40, que Qobuz n'a pas hésité à élever au grade d'honneur de sa très convoitée Discothèque idéale. Certes, l'on n'ira pas vous affirmer que le son est toujours des plus impeccables, les équilibres idoines, les matrices fraîches comme un veau de trois jour, mais l'inestimable valeur documentaire de ces trésors justifie de tous les petits inconvénients - mineurs, en vérité.

Rachmaninov, qui enregistra deux de ses concertos avec Stokowski avant 1930, la Rhapsodie Paganini avec le même Stokowski en 1935, puis les deux autres concertos avec Ormandy en 1939-41, était un pianiste extraordinairement doué. Du haut de ses énormes mains, il savait distiller une invraisemblable finesse et sa propre vision de ses concertos démontre une sureté de goût que n'ont pas toujours eu d'autres pianistes à la suite, qui se sont permis des dégoulinades tout à fait hors de propos dans une musique qui, parce qu'elle est déjà très riche, n'a besoin d'aucune mayonnaise supplémentaire. Des enregistrements exemplaires, qui risquent encore et toujours de reléguer au second plan tant d'autres réalisés ultérieurement, y compris par les "plus grands". Prokofiev, lui, fut également un pianiste féroce, à la technique implacable, et qui nous a légué quelques enregistrements de ses propres ?uvres. Sa vision fugitive et suggestivement diabolique de ses Visions fugitives et Suggestions diaboliques, alternant avec la tendre transparence de quelques pièces plus douces, vous en apprendront beaucoup sur la manière dont le compositeur concevait son monde sonore.

En plus d'être un compositeur phénoménalement doué, Gershwin se produisit mille fois au piano, que ce soit en spectacle ou pour des enregistrements. On ne s'étonnera donc pas qu'il existe maints documents sonores du maître au piano restituant sa musique, dont bien sur l'incontournable Rhapsody in Blue enregistré en 1927, mais aussi une constellation de pièces individuelles pour piano solo que nous vous invitons à découvrir. Enfin Bartók, un homme maladivement discret, a pourtant accepté de graver quelques faces de ses ?uvres, dont les Contrastes avec les deux comparses de la création que furent Benny Goodman et Josef Szigeti, ainsi que nombre de miniatures du Mikrokosmos. On y découvre un pianiste à implacable, direct et d'une brûlante sensibilité. Des documents indispensables.

Tabatière anglaise avec miniature montrant un feu d'artifice, 1741

Si l? « accroche » du tout neuf enregistrement de l'ensemble Zefiro est naturellement la célèbre Musique pour les feux d?artifices royaux, le véritable intérêt réside dans les trois Concerts à deux ch?urs de 1747-48 : des pièces instrumentales transcrites par Haendel lui-même à partir de ch?urs de ses propres oratorios, dans une écriture virtuosissime. Tout l'art du recyclage à la Haendel ! Aucun recyclage, par contre, chez Messiaen dont voici proposés quelques ?uvres chorales par l'excellent ch?ur de la Radio Danoise : les très célèbres { Trois petites liturgies de la présence divine à la création desquelles, en 1945, assistaient Honegger, Auric, Poulenc, Sauguet, Roland-Manuel, Jolivet, Jean Wiener, Georges Braque, Paul Éluard et Boulez... l'attraction de la nouveauté messiaenesque. La seconde partie du Cd offre les plus rares Cinq rechants dans lesquels le compositeur évite religion et oiseaux pour se pencher sur l'amour, dans des accents empruntés au Pérou pré-colombien, à l'Inde et aux troubadours médiévaux ; un ouvrage déroutant, mystérieux et magnifique.

Judith Weir, le nom ne vous dit-il rien ? Mais Elgar, Bax ou Maxwell Davies vous sont familiers ; alors sachez que Judith Weir (* 1954) leur a succédé en 2014 au titre prestigieux, envié et soooo British de Maître de musique de la reine. Dans la lignée de ses prédécesseurs, mais aussi de Britten, Weir se détourne de toute avant-garde dans sa pourtant moderne et riche musque chorale que nous présentent les impeccables BBC Singers. A découvrir. Quant aux Motets de Bach, on croit les connaître... certes, mais seulement ceux de Jean-Sébastien Bach, pas ceux de ses ancêtres que furent Johann tout court (1604 ? 1673) et deux tontons au deuxième degré que furent Johann Christoph (1642 ? 1703) et Johann Michael (1648 ? 1694). Dans un style hérité à la fois de l'Allemagne de Schein, Scheidt et Schütz d'une part, des madrigalistes italiens d'une autre, découvrez cette somptueuse musique qui servit peut-être de biberon au petit Jean Sébastien pour ses propres motets ; dans la belle interprétation de Lionel Meunier et son ensemble Vox Luminis.

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