Héros absolu de la musique brésilienne depuis la fin des années 60, Caetano Veloso a toujours chanté avec une fragilité d’ange déchu. Une forme d’anxiété douce-amère, de mélancolie fantôme, à contre-courant des clichés ensoleillés et des lieux communs en sucre sur la musique brésilienne. Quand cette voix toujours intranquille rencontre une époque anxiogène, la musique de Caetano Veloso devient encore plus indispensable.
Caetano Veloso - Anjos Tronchos (Clipe Oficial)
CaetanoVelosoVEVODans le Brésil de Bolsonaro et en plein confinement, il a conçu son nouvel album de très haute tenue, Meu Coco, composé en solo dans son studio à Rio de Janeiro, puis enregistré avec des musiciens à distance ou pourvus de passe sanitaire, Covid oblige. Ce disque est un enchantement, aussi complexe qu’évident.
Caetano Veloso - Autoacalanto (Visualizer)
CaetanoVelosoVEVOLe maestro Veloso n’y invente rien, mais ses chansons sont d’une justesse incomparable, dans l’émotion comme l’interprétation. Certaines s’habillent de quelques cordes de guitare et d’autres de drapés symphoniques, toutes se meuvent et émeuvent sur un petit tempo de samba. Chacune est un petit monde, qui évoque le Brésil et ses racines, africaines ou européennes. Comme sur le magnifique fado Você-você, en duo avec la chanteuse portugaise Carminho. Plus de quarante ans les sépare, mais cette chanson semble avoir attendu l’automne du chanteur pour éclore comme un cadeau à la chanteuse.
Caetano Veloso, Carminho - Você-Você
CaetanoVelosoVEVOSur Meu Coco, on savourera aussi Autoacalanto, inspiré à Veloso par les babillements de son petit-fils, avec son fils à la guitare sèche. Une comptine familiale touchée par la grâce, à l’image de tout l’album : un précieux cadeau, le plus efficace des vaccins contre les maux de l’époque.