Discret mais influent à Chicago, le ténor s’affichait en 1979, à cinquante ans, comme le « chaînon manquant » entre les éruptions d’Ornette Coleman et une nouvelle génération de souffleurs locaux, dont Roscoe Mitchell. Son puissant, sage plus que furieux, le jeu de Fred Anderson, à l’instar de sa posture de prédilection, le corps penché vers l’avant, le visage quasiment face au sol, renvoie à une dimension terrestre – son idole Gene Ammons – qui défie les tendances. Dans une configuration minimaliste, avec Hamid Drake, jeune maître tambourinaire – de l’âge de son fils – comme partenaire privilégié, une basse monolithe, des percussions, son jazz charrie une forme d’immuabilité qui telle une boussole au cou lui permettrait tous les détours.