Le trompettiste polonais Tomasz Stańko est un funambule…

Comme la plupart des artistes souffleurs estampillés « jazz » du label ECM, Tomasz Stańko possède une sonorité en apesanteur bien à lui. Et le dernier album en date du grand trompettiste polonais, Dark Eyes, livre une nouvelle révolution de velours. Pour les sens. Et pour le corps. Comme une méditation profonde pour cet ancien terroriste de la scène free qui travailla notamment avec le grand compositeur Krzysztof Komeda, auteur de belles partitions pour certains films de Polanski (Cul-de-sac, Le Couteau dans l'eau, Rosemary's Baby, Le Bal des Vampires). Komeda auquel Tomasz Stańko rendit hommage en 2000 avec le superbe Litania... Comme chez Miles, il y a chez Stańko un timbre assez uniforme, une sonorité finalement toujours un peu similaire, mais qui s’aventure dans des territoires si chatoyants (même lorsque la mélancolie est à son paroxysme !), dans des mondes si chamarrés, que le périple n’est jamais soporifique ou monolithique. Comme sur ces beaux instants captés en 2004 :