L'opéra-féerie de Simon Laks, "L'Hirondelle inattendue" est créé le 11 juillet dans le cadre du festival des Musiques Interdites de l'Opéra de Marseille. L'interprétation subtile de Marie Laforêt éclaire cette œuvre aussi rare que raffinée.

Peut-on écrire encore de la musique après Auschwitz ? La quatrième édition du festival « Musiques interdites » de l’Opéra de Marseille, consacré au « IIIe Reich », répondait affirmativement à cette . Tenue les 10 et 11 juillet, cette manifestation a permis d’exhumer deux œuvres, longtemps victimes des vicissitudes de l’Histoire. Deux œuvres qui sont aussi deux regards jetés sur la grande Tragédie du XXe siècle…

Censurée puis brûlée par les Nazis, l’œuvre de Félix Mendelssohn manqua de peu de ne pas nous parvenir. Écrite de1843-1845, la Tragédie-Oratorio « Athalie » ne fut jamais représentée. Interprétée par Julie Depardieu, cet ouvrage rare magnifie le texte mélancolique de la « pièce des connaisseurs » de Jean Racine.

Né en 1901, Simon Laks appartient à cette génération de polonais francophiles, qui déployèrent leur talents artistiques au sein de l’Hexagone. Déporté à Auschwitz-Birkenau en 1941, ce membre clé de l’école de Paris ne dut sa survie qu’à ses compétences musicales. Réquisitionné, à l’instar de Viktor Ullmann, auprès de l’orchestre du camp, il en revient vivant en 1945. La guerre modifiant en profondeur les goûts et mœurs européens, l’art de Laks sombra dans l’oubli.

Composé en 1965, l’opéra-féerie L’Hirondelle inattendue est inspiré du Paradis des animaux perdus de Claude Aveline. Cette pièce légère conte l’histoire d’un journaliste et d’un pilote qui, suite à un accident aérien, découvrent un lieu paradisiaque. Dieu y a logé tous les animaux mythiques : le Serpent de l’Eden, le Chien des Baskerville, ou encore, la Truite de Schubert. Toutefois ce microcosme est fréquemment perturbé par les interventions intempestives et inattendues d’une Hirondelle. Celle-ci, inconnue de tous, n’a, semble-t-il, rien à faire ici. Au terme d’une enquête délicate, le journaliste parvient à élucider ce mystère : l’énigmatique oiseau est issu d’une chanson intitulée « L’Hirondelle des faubourgs », destinée à devenir l’air le plus connu de tous les temps.

Parvenu à maturité, l’art vocal de Marie Laforêt illumine cette brillante fantaisie. Interprétant le rôle tout en demi-teintes de l’Hirondelle, la chanteuse à succès de Vendanges de l’Amour a su initier un public large, au langage musical méconnu de Laks. « J’ai réussi mon coup » confiait-elle, radieuse, le soir de la première.

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