Macha Makeïeff met en scène Les Mamelles de Tirésias de Poulenc et Le Bœuf sur le toit de Milhaud à l’Opéra de Lyon du 30 novembre au 13 décembre.

Du 30 novembre au 13 décembre, les trop rares Mamelles de Tirésias de Francis Poulenc s’installe à l’Opéra de Lyon. Opéra bouffe de 1947 en deux actes avec prologue sur un poème de Guillaume Apollinaire, cette œuvre méconnue sera mise en scène par Macha Makeïeff qui signe également les décors et les costumes. Côté direction musicale, Ludovic Morlot est à la baguette.

En prélude à ses malicieuses Mamelles de Tirésias, comme une mise en bouche, le très brésilien Bœuf sur le toit de Darius Milhaud et le Foxtrot jazzy de Chostakovitch (extrait de la Suite pour orchestre de jazz n°1 op.38a) résonneront également à Lyon. À noter que cette production sera reprise à Paris, à l’Opéra Comique, du 7 au 13 janvier 2011.

Quand Paris découvrait le jazz c’est rue Boissy d’Anglas (Paris VIIIe) qu’en 1921 Louis Moysès fonda le Bœuf sur le toit, cabaret fréquenté par Cocteau, qui deviendra un haut lieu du jazz dont le nom donnera naissance à l’expression “faire le bœuf” qui signifie en jargon jazzy “participer à une jam session”. Milhaud s’en souvient quand il écrit son Bœuf sur le toit ; en fait, il s’agissait de la reconversion d’une musique composée pour un film muet de Chaplin…

L’histoire se passe à Zanzibar. Thérèse se révolte contre sa condition de femme, la procréation ne passera pas par elle. Elle ouvre sa blouse et laisse s’envoler ses mamelles… Thérèse est devenue Tirésias. Et son mari devient femme. Il va donner naissance à 40 049 enfants. En un seul jour ! Toutes ces bouches à nourrir, c’est une catastrophe…

Comme logiquement, le cerveau en ébullition de Macha Makeieff est le laboratoire parfait de cette production. Dans ses notes de travail, la « créatrice » des Deschiens a écrit : « Soirée très Dada entre cirque et music-hall déglingué. Au Nothingdoing Bar, les rêveurs fous et les poètes insolents font danser bookmaker, dame rousse, vieux clowns sans piste et autres bêtes de passage. On joue, on boxe, on boit du lait dans une lumière de nulle part. Les étoiles d’Apollinaire explosent, Poulenc se répand en folie : scène de ménage frénétique et procréation médicalement assistée. Illusions et retournements à Médrano. On est tout à fait transgenre du sol au plafond et la vie amoureuse est un collage joyeusement inquiétant. Chez les saltimbanques de l’amour, tout tangue entre profondeur et frivolité éclatante. Même les bêtes s’invitent à la danse. Beauté grave et farfelue. Milhaud et Satie ne sont pas loin qui y mettent du leur. »

Macha Makeïeff est née à Marseille d’une famille protestante aux ascendances russe et italienne. Elle est élève au Conservatoire d’Art Dramatique de Marseille, où elle rencontre le pianiste Pierre Barbizet. Elle étudie la littérature et l’histoire de l’art à la Sorbonne et à l’Institut d’Art de Paris. Parallèlement, elle est lectrice chez Flammarion et participe à la revue Cinématographe. Sa rencontre avec Antoine Vitez est déterminante, puisqu’il lui confie sa première mise en scène au Théâtre des Quartiers d’Ivry.

Makeïeff est auteur et metteur en scène, avec Jérôme Deschamps, de plus de vingt spectacles créés dans le cadre de leur compagnie (Deschamps et Makeïeff) qu’ils fondent et dirigent ensemble. La plupart de leurs spectacles sont joués en France et à l’étranger lors de longues tournées, parmi lesquels, La Veillée, Lapin-Chasseur, C’est Magnifique, Les Pieds dans l’eau, Les Petits Pas, Le Défilé, Les Etourdis

Ils montent Les Précieuses ridicules de Molière et L’Affaire de la rue de Lourcine de Labiche, La Méchante Vie d’après Henri Monnier. Salle des Fêtes, dernière création, est donnée au Théâtre National de Chaillot et est actuellement en tournée jusqu’en 2011.

En 2006, Macha Makeïeff a signé les décors de Solo et de La Dernière bande de Beckett dans une mise en scène d’Alain Milianti au Théâtre du Nord. Directrice artistique du Théâtre de Nîmes de 2003 à 2008, elle crée l’identité visuelle du Théâtre et en réalise tous les programmes et affiches.

À l’opéra, elle a mis en scène avec Jérôme Deschamps Les Brigands d’Offenbach (Opéra d’Amsterdam et Opéra Bastille à Paris, direction musicale : Louis Langrée), production qui sera reprise du 24 juin au 2 juillet 2011 avec François-Xavier Roth à la baguette, et L’Enlèvement au sérail de Mozart (Aix-en-Provence, direction musicale : Marc Minkowski ; et Opéra de Lausanne, direction musicale : Christophe Rousset). En 2004 : Moscou, quartier des cerises à l’Opéra de Lyon. Elle en crée également les décors et les costumes. Depuis, elle a signé plusieurs spectacles remarqués comme Mozart Short Cuts (Grand Théâtre du Luxembourg et Cité de la Musique, direction musicale : Laurence Equilbey), La Veuve joyeuse (Opéra de Lyon, direction musicale : Gérard Korsten), L’Etoile de Chabrier et Zampa de Hérold (Opéra Comique, direction musicale : William Christie).

En 2009-2010, Makeïeff reprend à l’Opéra de Lyon la production Moscou, quartier des cerises de Chostakovitch (direction musicale : Kirill Karabits). Elle met en scène La Calisto de Cavalli au Théâtre des Champs-Elysées (direction musicale : Christophe Rousset). Elle crée les costumes pour Les Boulingrin de Georges Aperghis à l’Opéra Comique, dans la mise en scène de Jérôme Deschamps (direction : Jean Deroyer).

Macha Makeïeff a également fondé avec Jérôme Deschamps et Sophie Tatischeff en 2000 Les Films de mon Oncle, qui se consacre au rayonnement international de l’œuvre du cinéaste Jacques Tati et à la restauration de son œuvre. Elle assure la direction artistique des DVD et des publications et réalise la ligne éditoriale.

En 2008, elle participe à la réalisation du film d’animation La Véritable Histoire du Chat Botté. En 2009, elle est commissaire et scénographe de l’exposition Jacques Tati, 2 Temps 3 Mouvements à la Cinémathèque Française, grande rétrospective de l’œuvre du cinéaste qui sera présentée prochainement à Gand et à Montréal. Macha Makeïeff est également plasticienne et a installé son atelier au 7bis, un lieu singulier de création à Paris : on lui doit la création de costumes, décors, accessoires, identité visuelle et sentimentale pour de nombreux spectacles et événements.

Proche du groupe Moriarty, elle réalise des costumes de scène pour divers artistes de variété (M pour sa tournée Mister Mystère).

Dans les années 90, elle « invente » le style Deschiens, qui fait les grandes heures de Canal + et marque fortement toute une génération. Parallèlement, elle expose dans des lieux et espaces aussi différents que la Fondation Cartier, le Musée des Arts Décoratifs de Paris, à Chaumont-sur-Loire, à la Grande Halle de la Villette, au Carré d’Art de Nîmes, et intervient comme scénographe pour plusieurs musées et expositions temporaires.

Enfin, Macha Makeïeff a publié des essais sur le théâtre et la poétique des objets (Editions du Chêne, Séguier, Seuil et Actes Sud) et collabore à différentes revues. Depuis 2009, elle préside le fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle au CNC. En 2010, elle fonde sa propre compagnie de théâtre : La Compagnie Mademoiselle.

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Le site de l’Opéra de Lyon

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