La chanteuse franco-britannique succède à Asa au palmarès du célèbre prix destiné à mettre en valeur les jeunes talents musicaux.

Lundi soir à l'Olympia à Paris au terme d'un concert ouvert au public, qui réunissait les dix artistes nommés, Emily Loizeau a remporté le huitième Prix Constantin, destiné à mettre en valeur les jeunes talents musicaux.

La chanteuse franco-britannique qui était en lice pour la deuxième fois, succède à la Nigériane Asa, lauréate 2008. Emily Loizeau a été préférée par le jury à Babx, Birdy Nam Nam, Diving With Andy, Dominique A, Fredo Viola, Hugh Coltman, Orelsan, Piers Faccini et Yodelice.

« Ce choix me satisfait complètement : le fait que ce soit une fille, que ce soit une artiste avec une super maîtrise de la scène », s'est félicité Olivia Ruiz, qui présidait le jury composé de professionnels de la musique (journaliste, programmateurs, disquaires...).

Agée de 34 ans, Emily Loizeau est pianiste de formation. Après un détour par le théâtre, cette fan de Bob Dylan a fait des débuts remarqués dans la chanson en 2006, avec son premier album L'Autre bout du monde, sorti sur le label indépendant Fargo.

Née d'un père français et d'une mère britannique, Emily Loizeau avait été nommée en 2008 aux Victoires de la Musique dans la catégorie « révélation scène de l'année ». Sur son deuxième album Pays sauvage, la demoiselle a délaissé en partie le piano et gagné en liberté. Convoquant banjos et fiddles, elle y puise aux sources de la musique américaine qu’elle aime tant (folk, blues, country...), mais s'inspire aussi de Kurt Weill et de la chanson française.

D'une voix charnelle, pleine de failles et de fractures, Emily Loizeau y interprète en français et en anglais des comptines d'apparence légère mais parfois graves, fortement inspirées de l'univers de l'enfance. L'Ardèche, le "pays sauvage" où a été écrit l'album, infiltre les chansons par petites touches sonores: chants d'oiseaux, pluie qui tombe, bruits d'enfants ou de la ferme...

Pays sauvage est aussi nourri par de nombreuses collaborations : le groupe folk français Moriarty, Thomas Fersen, David Herman Düne ou encore Jean-Loup Dabadie qui lui a écrit un texte ultra-sensible (La Photographie) sur un thème de l'Orphé de Monteverdi.

« Je trouve que l'univers de l'enfance, le langage du conte permet d'être à la fois onirique et violent. C'est un disque qui parle de mes racines, à la fois musicales et humaines. C'est une cérémonie païenne, un appel à la vie », a déclaré Emily Loizeau à la presse après avoir reçu son prix.

« Je suis très fière, j'étais convaincue que je ne l'aurais pas. J'ai l'impression que c'est un peu une erreur, car il y a tellement de gens que j'admire dans cette sélection », a-t-elle ajouté.

Le Prix Constantin a été créé en 2002 par les syndicats de producteurs de disques (Snep et UPFI), sur le modèle du Mercury Prize britannique. Il porte le nom de Philippe Constantin, directeur artistique mort du paludisme en 1996 et figure respectée du milieu musical, qui a notamment accompagné les débuts de Stephan Eicher, les Rita Mitsouko, Téléphone ou Noir Désir. Il a souvent joué le rôle de tremplin vers le grand public pour les artistes récompensés par le passé : Avril (2002), Mickey 3D (2003), Cali (2004), Camille (2005), Abd al Malik (2006), Daphné (2007) et Asa (2008).

A noter que le concert de ce lundi 9 novembre sera diffusé sur France Inter le 13 novembre à 21h, sur France 2 le 19 novembre à 0h15 et sur France 4 le 21 novembre à 0h30.

Le site officiel d’Emily Loizeau

Le site officiel du Prix Constantin