A compter du 1er décembre, le chef d’orchestre Daniel Barenboim prendra la direction musicale de la célèbre Scala de Milan, jusqu’à fin 2016.

A compter du 1er décembre, Daniel Barenboim occupera le poste de directeur musical de la Scala de Milan, et ce jusqu'à fin 2016. A 68 ans, le célèbre chef d’orchestre de nationalité argentine, israélienne et espagnole a pris l'engagement d'être présent dans le grand théâtre milanais pendant quinze semaines par an entre les opéras, les concerts et les tournées.

Barenboim ouvrira par ailleurs la saison 2011/2012 en dirigeant le Don Giovanni de Mozart mis en scène par Robert Carsen. La Scala avait perdu en 2005 son directeur musical, Riccardo Muti, après près de vingt ans de collaboration, et ce poste était resté vacant depuis.

Daniel Barenboim apportera « une grande force pour représenter la Scala en Italie et dans le monde », a déclaré à l'AFP le Français Stéphane Lissner, surintendant du théâtre milanais. « Avec Daniel Barenboim, la Scala a aujourd'hui l'un des plus grands musiciens de notre époque et dans ce moment de grande confusion, de grande crise, c'est une personnalité humaniste qui peut apporter beaucoup à travers ses idées », s'est-il félicité.

Déjà en 2005, l'orchestre de la Scala avait demandé que Barenboim soit nommé directeur musical, ce qu'il avait refusé. Avait alors été inventé pour lui le titre de « maestro scaligero », un titre qui lui appartient pour toujours.

En décembre 2010, lors de la première à la Scala, avant l'hymne national et avant de diriger La Walkyrie de Wagner, le chef d'orchestre s'était adressé au président italien Giorgio Napolitano, invité d'honneur, en se disant « très préoccupé pour l'avenir de la culture en Italie et en Europe ». Il avait dit s'exprimer contre les coupes budgétaires « au nom de tous les collègues qui chantent, dansent, travaillent non seulement ici mais dans tous les théâtres italiens ».

Daniel Barenboim est né le 15 novembre 1942 à Buenos Aires de parents juifs d’origine russe. Sa mère fut son premier professeur de piano à l’âge de 5 ans, puis son père est resté son unique professeur. C’est en août 1950, à peine âgé de 7 ans qu’il donna son premier récital à Buenos Aires. Deux ans plus tard, la famille Barenboim quitte l’Argentine pour l’Israël…

Durant l’été 1954, les parents amènent leur fils Daniel à Salzbourg pour fréquenter les masterclasses de direction d’orchestre d’Igor Markevitch. C’est au cours de ce même été qu’il rencontre Wilhelm Furtwängler pour qui il joue. Le légendaire maestro écrit alors ces mots : « A onze ans, Barenboim est déjà un phénomène ». A Paris en 1955, Daniel Barenboim étudie avec Nadia Boulanger l’harmonie et la composition.

1952 marque ses débuts de pianiste à Vienne et à Rome et 1955 à Paris, suivis par ceux de Londres (1956) et New York en 1957 avec Leopold Stokowski. A partir de ce moment, il joue régulièrement en Europe, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Australie et en Extrême Orient.

L’année 1964 marque le début de ses premiers enregistrements dans un répertoire réunissant les plus grandes œuvres pour piano, avec notamment des cycles complets de sonates de Beethoven et Mozart, et des concertos pour piano de Mozart, qu’il interprète tant comme chef que comme soliste, mais aussi les concertos de Beethoven avec Otto Klemperer, ou comme chef avec Arthur Rubinstein en soliste, ceux de Brahms avec Sir John Barbirolli et de Bartók avec Pierre Boulez.

À partir de 1964, Daniel Barenboim se consacre davantage à la direction d’orchestre. Son étroite collaboration avec l’English Chamber Orchestra commence en 1965 et durera plus de dix ans. Pendant cette fructueuse période, ils jouent ensemble d’innombrables concerts en Angleterre, dans toute l’Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Après ses débuts à Londres en 1967, avec le Philharmonia Orchestra, les plus grands orchestres européens et américains sollicitent Daniel Barenboim. Entre 1975 et 1989, Barenboim est le directeur musical de l’Orchestre de Paris, où sont jouées notamment des commandes et des créations d’œuvres contemporaines, avec des exécutions d’œuvres de Lutoslawski, Berio, Boulez, Henze, Dutilleux, Takemitsu…

L’année 1973 a marqué les débuts de Daniel Barenboim comme chef à l’opéra avec une représentation du Don Giovanni de Mozart au Festival d’Edimbourg. Ses débuts au Festival de Bayreuth datent de 1981 : il en sera alors le chef invité pendant 18 ans, donnant des représentations de Tristan et Isolde, L’Anneau du Nibelung, Parsifal et Les Maîtres chanteurs de Nuremberg.

En 1991, il succède à Sir Georg Solti comme directeur musical du Chicago Symphony Orchestra et, en 1992, devient general music director et directeur artistique du Deutsche Staatsoper de Berlin, qui l’a élu « chef à vie ».

En 1999, Barenboim et Edward Saïd, professeur de littérature comparée, créent les résidences du West-Eastern Divan, qui rassemblent chaque année de jeunes musiciens d’Israël et du Moyen Orient pour travailler et jouer ensemble, et ne former qu’un seul orchestre. Cette résidence ne prétend endosser aucun positionnement politique. Il s’agit plutôt de montrer, à travers l’exemple de la pratique commune de la musique, qu’un dialogue reste possible entre les cultures. En octobre 2002, il reçoit avec Saïd le prestigieux Prince Asturias Award for Concord, à Oviedo en Espagne, pour saluer leur engagement en faveur de la paix. Saïd qui s’éteindra peu de temps après, le 25 septembre 2003.

Enfin, Daniel Barenboim a publié deux ouvrages : La Musique éveille le temps, publié en France par Fayard, et Parallèles et Paradoxes, explorations musicales et politiques coécrit avec Edward Saïd aux éditions du Serpent à Plumes.

Le site de Daniel Barenboim