Le Point.fr attaque violemment cette semaine les sociétés de perception des artistes, des auteurs et des producteurs – et au premier rang la SACEM et la SCPP. L’interprétation que Le Point livre du rapport de la Commission de contrôle des SPRD (Sociétés de Perceptions et de Répartitions des Droits d’auteurs) est pourtant approximative, et participe d'une campagne assez habituelle et facile visant à critiquer les sociétés de perception. La SCPP a déjà vivement contre-attaqué et publié un démenti.

Dans un article du 12 avril intitulé Comment la Sacem se goinfre... qui décrit le contenu du rapport de la Commission de contrôle des SPRD (Sociétés de Perceptions et de Répartitions des Droits d’auteurs), le site du Point s’interroge sur le bien-fondé des salaires de leurs managers.

Son interprétation du rapport est pourtant approximative, et participe d'une campagne assez constante visant à critiquer les ayant-droits et leurs sociétés de perception, cibles favorites de toutes les attaques depuis et avant-même HADOPI. Ce sont tous des escrocs qui assassinent le consommateur, comme chacun sait.

Selon la lecture que Le Point fait du rapport, Marc Guez, directeur général de la SCPP (Société Civile des Producteurs Phonographiques), percevrait « le deuxième salaire le plus important des dirigeants du secteur (entre 250.000 et 300.000 euros annuels) ». « La SCPP », continueLe Point, « n’emploie qu’une quarantaine de collaborateurs et ne traite qu’un peu plus de 60 millions d’euros de droits. (...) le patron de la SCPP est trop payé pour le service qu’il rend à ses sociétaires ».

La SCPP a publié un communiqué de démenti, qui dénonce « une mauvaise lecture du rapport de la Commission de contrôle des SPRD », et « (des) informations erronées ».

Elle défend son Directeur Général :

« Marc Guez, Directeur Général de la SCPP, n’est pas le bénéficiaire de la deuxième rémunération du secteur. Sa rémunération (…) se situe à un niveau très inférieur, qui est celui des dirigeants de la SACD et de la SCAM ». Elle fait remarquer qu’il n’est nulle part indiqué dans le rapport que « le patron de la SCPP est trop payé pour le service qu’il rend à ses sociétaires » ; et dément les propos qui auraient été recueillis auprès de Marc Guez dans l’article, qui aurait tenté de justifier une telle rémunération en déclarant « qu’il perçoit un salaire équivalent aux patrons de l’industrie du disque ».

La SCPP conclut :

« D’une manière générale, ainsi que cela figure page 277 du rapport de la Commission de Contrôle, les rémunérations des salariés de la SCPP, y compris celle de son dirigeant, sont en phase avec celles pratiquées par des entreprises de taille comparable ».

Un peu plus délicate est certainement la position de la SACEM, Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique. Elle n’est pas épargnée par le site de presse et fait figure de grand accusée autant pour ses salaires que pour ses notes de frais.

Il faut pourtant rappeler une banalité de base : toutes les sociétés sont contrôlées par des assemblées et des Conseils d’administration élus par les membres eux-mêmes, qui ont accès à l'ensemble des rapports de gestion - car ces sociétés les représentent, et représentent leurs intérêts, leur argent.

Peut-être ces mandants sont-ils mieux placés que quiconque pour voir et évaluer les scandales où ils sont, c'est-à-dire réellement ? ... Par exemple dans le pillage systématique de leurs œuvres et productions sur Internet, qu'ils n'ont pas cessé de dénoncer, un pillage auquel les accusateurs d’aujourd’hui, parmi lesquels des journalistes dont les journaux sont sacrés, et lourdement soutenus par l'Etat, n'ont rien trouvé à redire, et n'y voient toujours pas grand chose à redire...

Ce genre de campagne sent franchement mauvais, et jette en pâture à l’opinion publique l’image bien caricaturale et bien peu avisée d’une industrie de la musique arrogante et cupide, qui s’en mettrait plein les poches. Si seulement c’était vrai…