Dans son boîtier en aluminium de présentation très discrète et compacte, le modèle Joy S119 de Revox embarque un amplificateur stéréo et un lecteur réseau doté de liaisons filaire et Wi-Fi et dispose d'entrées numériques optiques et coaxiales ainsi que d'un port USB pour iPhone ou iPad. Le fabricant suisse des légendaires magnétophones à bobines aussi encombrants qu'une valise a décidément bien changé !

De la marque Revox, nombre de quinquas (et au-delà) gardent le souvenir du célèbre magnétophone à bobines A77, un appareil dont les performances faisaient rêver à une époque où le disque vinyle était la source principale pour les amateurs et où la minicassette, malgré tous les progrès qu'avaient réalisés les enregistreurs depuis l'apparition de l’ancêtre Philips EL3300, peinait à faire oublier à la fois son souffle et sa réponse en fréquence limitée.

La marque Revox appartenait au groupe Studer qui fut racheté par Harman International Industries en 1990. Cependant, Revox fut revendue à un groupe d'investisseurs privés et disparut de France.

Les amateurs ne peuvent donc que se réjouir du retour de cette marque en France, d'autant que celle-ci propose une gamme d'appareils parfaitement dans l'air du temps, comme le modèle Joy S119, objet de ce banc d'essai, qui intègre un lecteur réseau et un amplificateur de 2x60W/8Ω, ou encore pour qui voudrait disposer de plus de puissance, le Joy S120 délivrant 2x120W/8Ω. Il dispose également de fonctionnalités multizone.

Cet amplificateur peut être piloté depuis la télécommande S208 de la marque, mais celle-ci n'est pas fournie en standard, car le contrôle peut s'effectuer depuis un iPhone, un iPod ou un iPad.

Pour ce, Revox propose les applications S232 light (possibilité de naviguer et de choisir la musique que vous souhaitez écouter et de régler le volume, dispo été 2012), S232 full (contrôle complet du système à la place de la télécommande, dispo automne 2012), ou encore une interface XML pour la programmation individuelle d’une application et pour l’intégration dans la domotique, dispo septembre 2012.

Présentation

Sobriété, simplicité, efficacité semblent être les trois mots ayant présidé au design de l'amplificateur Revox Joy S119. Pour résumer, c'est un boîtier parallélépipédique en aluminium recouvert d'un laquage argent ou blanc avec une façade en verre.

L'ensemble est assez profond, avec une façade peu large, masquant une LED témoin multicolore et le récepteur radio de la télécommande derrière une épaisse plaque de verre fumé. La couleur et l'état de cette LED servent à indiquer le mode dans lequel se trouve le Joy S119.

Le boîtier se résume en un caisson monobloc en aluminium venant coiffer le fond et les faces avant et arrière, lesquels sont réalisés avec une plaque en aluminium de 2 mm d'épaisseur pliée en U dans le sens de la longueur.

Quatre pieds en plastique, servant à solidariser le coffret et le fond, et étant munis d'un disque de feutrine, assurent une bonne stabilité à l'appareil.

La télécommande radiofréquence qui est équipée d'un afficheur couleur rétro éclairé permet de configurer et de commander toutes les fonctions du Joy S119. Elle dialogue avec celui-ci et affiche les informations que celui-ci lui transmet en retour des ordres qu'il reçoit.

Notons aussi que le Joy S119 peut être optimisé automatiquement pour procurer les meilleurs résultats sonores avec les enceintes Revox via le menu "Speaker Setup".

Pour ce, un processeur numérique de signal intègre les caractéristiques des différents modèles et modifie les signaux audio pour qu'il soient parfaitement adaptés à ces caractéristiques.

Cette télécommande peut être rechargée en étant posée sur son support ou par câble USB, lequel permettra aussi de programmer la télécommande pour d'autres appareils fonctionnant de manière classique par infrarouges. A cette fin il faut installer le logiciel Joy Easy Creator (PC sous Windows XP ou 7, rien pour Mac à priori).

La connectique

Malgré sa surface somme toute limitée, la face arrière accueille une connectique plus que correcte.

On relève comme entrées :

- un connecteur réseau RJ45, à sa droite l'antenne Wi-Fi, et à sa gauche un port USB B pour brancher un iPod ou un iPhone

- quatre entrées S/PDIF (deux coaxiales et deux optiques)

- deux entrées stéréo analogiques (Aux 1 et Aux 2)

Et comme sorties :

- une sortie stéréo analogique à niveau variable (sortie préamplificateur)

- une sortie pour subwoofer qui peut être activée ou désactivée depuis le menu de setup des haut-parleurs

- une sortie numérique S/PDIF coaxiale

- deux paires de borniers pour haut-parleurs acceptant les fils dénudés ou les fiches banane de 4mm de diamètre

L'intérieur

Pas de place perdue à l'intérieur du Joy S119. L'implantation interne suit une certaine logique, avec la partie alimentation éloignée le plus possible des circuits de traitement et audio.

On remarque un filtrage (1) dès l'arrivée du secteur utilisant des condensateurs de déparasitage de classe X2 (auto cicatrisants et ne provoquant pas de court-circuit même en cas de défectuosité) et une double self de choc en mode commun de marque Talema (cylindre noir).

L'alimentation de la partie analogique et des amplificateurs de puissance est assurée par un transformateur toroïdal de 160 VA (2) associé à un pont redresseur fixé à même le fond du boîtier pour son refroidissement et deux condensateurs de 10.000 μF/35V (3). L'ensemble est donc parfaitement en mesure de répondre aux sollicitations en courant des étages de puissance (5).

La partie numérique utilise une alimentation à découpage intégrée dans un boîtier scellé (4) et peut délivrer jusqu'à trois ampères.

Le circuit accueillant les interfaces Ethernet et USB (7), démonté de son emplacement sur colonnettes, reçoit également, montés en double mezzanine, les circuits de réception Wi-Fi (8) et assure également l'interface (via la nappe style informatique enroulée pour les besoins de la photo) avec le circuit radio (9) dialoguant avec la télécommande et qui se trouve monté derrière la plaque de verre de la façade pour ne pas être soumis à l'effet "cage de Faraday" du boîtier.

En (6) se trouve les circuits de conversion numérique analogique et analogique numérique (pour les deux entrées audio analogiques) ainsi que le filtrage. La gestion de la carte est assurée par un micro contrôleur Atmel Atmega 128.

Conversion, filtrage, amplification

Le Revox Joy S119 disposant de deux entrées analogiques, celles-ci sont numérisées en interne par un codec Wolfson WM8770 (1) (8 canaux, 24 bits à 192 kHz). Auparavant, les signaux audio auront bénéficié d'un filtrage passe-bas (2) afin d'éviter les phénomènes de "repliement de spectre" (aliasing). Les filtres sont construits autour d'amplificateurs opérationnels à faible bruit Texas Instruments TL072 et OPA2134.

Ce codec WM8770 sert également à convertir les données audio numériques en signaux analogiques et il semblerait que ceux-ci ne bénéficient que du filtrage intégré à ce circuit, qui comporte également une commande volume.

Les signaux numériques S/PDIF sont traités par un "transceiver" (émetteur-récepteur) Wolfson WM8804 (3), tandis que la sortie numérique coaxiale S/PDIF fait appel à un transmetteur Burr-Brown DIT4096 (4) associé à un transformateur d'isolement et d'adaptation 75Ω (5).

On remarque également la présence du processeur numérique de signal (DSP) Cirrus Logic CS4852 (6) chargé de l'adaptation des signaux audio aux enceintes Revox, ainsi que la présence de plusieurs régulateurs de type TS1117 (7) assurant des stabilisations locales de tension.

Les amplificateurs numériques (classe D) sont réalisés à partir d'un circuit International Rectifier IRS20957S (7) qui pilote un couple de transistor Mos-Fet complémentaires visés sur le fond du boîtier (pas possible de voir les références) et se servant donc de celui-ci comme refroidisseur, bien que leur mode de fonctionnement en "commutation" ne génère en théorie aucun échauffement (résistance drain-source quasiment nulle lorsque le transistor est "passant", d'où une puissance dissipée très faible même avec de forts courants).

Le filtrage en sortie de chaque amplificateur est confié à une self (8) et à un condensateur à film plastique de 680 nF (9), largement préférable au point de vue de l'influence sur la qualité sonore à un condensateur chimique.

Utilisation et écoute

Une fois appairé avec l'amplificateur Joy S119, la télécommande se révèle agréable à utiliser, aussi bien par la navigation que par l'utilisation d'une transmission radio qui ne nécessite pas de viser le récepteur.

Certes, les textes et l'image des pochettes ne sont pas bien grands mais cela n'est pas vraiment pénalisant et on peut d'autre part piloter le Joy S119 par un iPod, iPhone ou iPad grâce à l'application Joy S232, qui peut être téléchargée sur App Store et qui permet d'avoir toute la surface d'affichage d'une tablette .

A l'écoute, le Revox Joy S119 est un amplificateur qui fait preuve d'une grande honnêteté vis à vis du message sonore, c'est-à-dire en offrant une restitution Haute Fidélité dans l'acception originelle de l'expression.

En lecture réseau, à la restitution de l'un de nos albums de référence dont nous servons régulièrement pour apprécier le rendu sonore d'un élément, La Fantasia on British Sea Songs de Henry Wood, cet amplificateur nous a bluffés par sa finesse de restitution et son sens du détail, avec un tintement de triangle bien détaché de la masse orchestrale, comme dans la réalité, la très belle sensation d'espace sonore délivrée, l'aération du message, ainsi que ses capacités à réagir aux variations de dynamique, des plus minimes aux plus extrêmes, et ce avec une grande aisance.

Toutes ces excellents impressions se confirment à l'écoute de l'abum Hotel California du groupe Eagles, dans sa version Studio Masters parue récemment. La chanson éponyme qui démarre l'album ressort dans toute sa couleur si particulière, avec des basses fermes qui ne traînent pas, des pincements de cordes de guitare précis et des frottés fluides, tandis que la voix du chanteur fait preuve d'aisance et de naturel.

Nous avons fait cette écoute depuis un EEE PC avec le logiciel Foobar 2000 lisant le fichier en Studio Masters, d'une part sur l'entrée numérique coaxiale via un convertisseur USB-S/PDIF NuForce U192, et également sur l'entrée analogique Aux1 avec un DAC/ampli casque Musiland Monitor 01 Mini. Dans les deux cas les résultats auditifs nous ont semblé très proches.

Juste une anecdote. Une collègue travaillant dans le bureau contigu à notre salle d'écoute, entendant Hotel California, vint me voir et me fit remarquer qu'elle trouvait que le son était très bon... même au travers d'un mur !

A la restitution, depuis le Desktop Qobuz, en "streaming Hi-Fi" du deuxième volume des Sonates et partitas pour violon solo de Bach dans le nouvel album d'Isabelle Faust, le Joy S119 se montre d'une redoutable précision sur l'interprétation et sur le jeu de la violoniste, laissant entendre le moindre des mouvements de la main de l'interprète sur le manche de l'instrument ou encore le frottement de l'archet, comme si on était assis à la première place !

Pour conclure, notre première surprise avec le Revox Joy S119 a été son prix lorsque le nouvel importateur de la marque nous l'a annoncé. Deux mille euros, certes, ce n'est pas rien, mais nous tenons à relativiser un peu cet appréciation du prix dans ce domaine qu'est la Haute Fidélité de haut de gamme. C'est un monde de passion et même si celle-ci ne doit pas inciter à afficher des prix qui nous paraissent parfois bien déraisonnables, "on n'achète pas" l'appareil de ses rêves, "on l'acquiert".

Soulignons également que cet amplificateur est fabriqué en Allemagne, ce qui prouve que la vieille Europe peut être encore compétitive !

Ces éléments, ainsi que les excellents résultats sonores procurés par cet amplificateur, ses capacités de lecture (parfait en S/PDIF et en FLAC sur réseau), de même que sa conception et sa fabrication, nous ont amenés à décider d'attribuer au Revox Joy S119 notre récompense Qobuzissime Hi-Fi.

Contact ou contact@agath.com

Caractéristiques

Manuel d'utilisation (en anglais)

Formats reconnus

Configuration d'écoute :

- enceintes Focal Electra 1028 Be