Depuis vingt ans, soutenu par la Gustav Holst Foundation et de prestigieux interprètes, le label britannique NMC Records encourage la création et la diffusion de la musique classique contemporaine nationale.

« Promoting and preserving Britain’s musical heritage » : c’est par ces mots que l’internaute est accueilli sur le site de NMC Recordings, label indépendant qui apporte, depuis plus de vingt ans, sa contribution à la vie musicale contemporaine Outre-Manche.

C’est d’ailleurs un compositeur contemporain, Colin Matthews, qui a en 1988 l’idée d’une maison de disques consacrée aux jeunes compositeurs. NMC (pour « New Music Cassettes ») voit ainsi le jour, avec le soutien de la Gustav Holst Foundation, et l’appui de Société de Promotion des Musiques Nouvelles, qui prend en charge son administration jusqu’en 1992.

Devenu indépendant à cette date, NMC n’a alors qu’une trentaine de références à son catalogue, et les droits qu’il possède encore sur l’œuvre de Gustav Holst (au bénéfice d’une loi étendant la durée des copyrights de 50 à 70 ans) constituent sa principale ressource financière.

Mais le dynamisme de la maison et la ténacité de ses dirigeants commencent à porter leurs fruits : les œuvres contemporaines occupent, dans la vie musicale britannique, une place plus importante qu’ailleurs, grâce à la foi de certains musiciens qui s’évertuent à en programmer autant que possible. Simon Rattle familiarise les musiciens (et le public) de Birmingham avec Harrison Birtwistle (dont le « Masque d’Orphée » doit à toute fin être entendu !) et Thomas Adès. Il participe au disque consacré à Simon Holt (« Boots of Lead, Feet of Clay ») ; Michael Tilson Thomas et Andrew Davis, respectivement à la tête du London Symphony et de l’Orchestre de la BBC, s’attachent à la défense des compositeurs contemporains. Ils enregistrent aussi Robin Holloway et Hugh Wood. C’est en s’adjoignant la confiance d’artistes d’un tel renom que l’on permet à un label d’exister. Les projets se multiplient, le rythme s’accélère, et ce sont en tout près de deux cent disques qui ont été produits depuis les débuts.

L’édition de la musique contemporaine ne va pas sans poser un épineux problème de sélection. Les jeunes compositeurs sont nombreux et prolifiques, aussi des choix doivent-ils nécessairement s’opérer. En la matière, c’est encore par sa ténacité que NMC se distingue : en parlant de promouvoir la musique contemporaine britannique, le label veut bel et bien parler de toute la musique contemporaine britannique, avec l’incroyable diversité de formes, de styles, d’écoles et d’influences qu’une telle ambition suppose. Peu de choses rapprochent Robin Holloway (né en 1943), dont les trois concertos pour orchestre laissent transparaître, de son propre aveu, une sensibilité « néo-romantique », et John Buller (1927-2004), qui fait dialoguer dans « Proença » une mezzo, un orchestre et une guitare électrique. De même le jeune Julian Anderson (né en 1967), passionné de musique spectrale et électronique, n’a pas grand-chose à voir avec le disciple de Nadia Boulanger Thea Musgrave (1928). Les quatre « Compositeurs NMC » affichent fièrement les mêmes différences : Oliver Knussen (1952) et David Knotts (1972) se sont nourris d’une culture classique qui tranche avec l’inclassable Barry Mills, facteur au petit matin et compositeur l’après-midi, et les influences diffuses, entre Björk et Elvis Costello, d’Errollyn Wallen (1958).

Cet attachement viscéral à la nouveauté n’empêche pas NMC d’être à la tête d’archives importantes, et par conséquent d’un alléchant catalogue de rééditions : Britten par lui-même, et par Pears et Barbirolli (le compositeur de Billy Budd est d’ailleurs assez gâté même par les parutions plus récentes, comme en témoigne le très beau « Unknown Britten » auxquels ont notamment participé la soprano Sandrine Piau et le violoniste Thomas Zehetmair), Rostropovitch dans le Concerto pour violoncelle d’Andrzej Panufnik, Marriner et son Academy of St-Martin-in-the- Fields dans les « Life Studies » de Nicholas Maw montrent que l’intérêt pour la création contemporaine vient de loin. Et qu’il pourra, grâce à des labels comme NMC, durer encore longtemps !