Adaptation d’une autobiographie de l’un des protagonistes du premier festival de Woodstock, le treizième opus du réalisateur taïwanais, Taking Woodstock, s’est fait remarquer au Festival de Cannes qui s'est clôt hier soir.

Du 15 au 18 août 1969, un petit village de l’Etat de New-York était le lieu d’une nouvelle manifestation devenue par la suite quasi-mythique : le festival de Woodstock. Ce festival-phare de la contre-culture fête cette année ces quarante ans. Toutefois, en raison de controverses entre producteurs, dont nous faisions état dans un précédent article, il n’y aura, outre-atlantique, aucune commémoration d’envergure. Ainsi le film d’Ang Lee Taking Woodstock, apparaît-il comme le seul hommage à la mesure de l’événement.

Taking Woodstock est basé sur l’autobiographie homonyme d’Elliot Tiber. Publié il y a deux ans, cet ouvrage fait état du rôle joué par l’auteur dans l’organisation du festival. Propriétaire d’un motel, El Monaco Motel, dans les environs du village du Woodstock Elliot Tiber va user de toute son influence pour mettre en place une manifestation musicale dans cette localité perdue des Etats-Unis. Dans cette optique, il décide de prêter son motel au producteur Michael Lang, justement à la recherche d'un emplacement pour monter un festival. Le lieu, trop exigu, ne conviendra pas. Aussi Tiber s’efforce-t-il de convaincre un fermier du coin, Max Yasgur, d’accueillir l’événement…

Deux thématiques sont présentes dans ce beau Tribute. D’abord une opposition entre la grisaille de l’Amérique profonde où Tiber se morfond et le faste déployé par le festival. Ensuite un regard inédit sur l'envers du décor de la manifestation : Ang Lee ne s’intéresse pas tant au festival en tant que tel (un excellent documentaire de 1970 avait su fort bien le faire) qu'à ses coulisses ; il dévoile les difficultés auxquelles ont dû faire face ses organisateurs qui en ont évité de peu la ruine avant la réussite finale.

Ce treizième opus du réalisateur taïwanais, nominé au Festival de Cannes 2009, a reçu un bon accueil de la part des critiques qui l’ont trouvé « extrêmement drôle » selon l’AFP et l'ont même considéré comme une palme d’or potentielle qui ne lui sera finalement pas attribuée. Ang Lee lui-même le tient pour l’un des films-clé de sa carrière : « J'ai fait six tragédies à la suite. Je voulais tourner une comédie avec du drame mais sans cynisme. Je voulais faire ce film à ce point de ma carrière ». Outre l’excellence de la direction, l’ensemble bénéficie d’une interprétation non-conformiste avec le comique Demetri Martin et le jeune acteur Emile Hirsch, révélé l’année dernière dans Into the Wild de Sean Penn.