Installé en France depuis les années 60, le grand guitariste de rhythm’n’blues, de rock'n'roll et de blues, moitié du mythique duo Mickey & Sylvia, s’est éteint à l’âge de 87 ans.

Mickey Baker est décédé le 27 novembre à son domicile près de Toulouse. Le grand guitariste américain de rhythm’n’blues, jazz, blues et rock’n’roll était âgé de 87 ans. Né MacHouston Baker, le 15 octobre 1925 à Louisville dans le Kentucky, il connut le succès aux Etats-Unis dans les années 50 comme accompagnateur (il joue dans la version originale de Shake, Rattle And Roll de Big Joe Turner) et en duo avec Sylvia Robinson avec le tube Love Is Strange. Comme Chuck Berry, Bo Diddley et Ike Turner, Mickey Baker sera de ces guitaristes faisant basculer le rhythm’n’blues vers le rock’n’roll...

D’abord assez jazz dans son jeu (il est fan d’Oscar Moore et Charlie Christian), Mickey Baker forme son propre groupe sans grand succès et se tourne alors vers le blues, plus rémunérateur à l’aube des années 50, et ce après avoir assisté à un concert du guitariste Pee Wee Crayton. Les contrats tombent enfin et il pige ça et là pour divers labels comme Savoy, King et Atlantic Records. Son jeu de guitare est alors assez prisée et se retrouve sur de nombreuses sessions des stars d’alors : les Drifters, Ray Charles, Ivory Joe Hunter, Ruth Brown, Big Joe Turner, Louis Jordan, Coleman Hawkins, Clyde McPhatter, etc.

S’inspirant du succès du tandem formé par Les Paul et Mary Ford, il lance, au milieu des années 50, un duo pop avec une de ses étudiantes en guitare, Sylvia Robinson, baptisé Mickey & Sylvia. Ensemble, ils décrochent la lune en 1956 avec le single Love Is Strange, tube démentiel qui se retrouve régulièrement sur les bandes originales de films désireuses de jouer la carte rétro. Le duo ne durera pas un éternité et à l’aube des années 60, Baker s’envole pour la France où il s’installe définitivement. Bien plus tard, Sylvia Robinson entrera une seconde fois dans l'histoire de la musique populaire de l'après-guerre en fondant Sugarhill Records, premier grand label de l'histoire du rap ayant notamment lancé la carrière du groupe Sugarhill Gang. Elle s'était éteinte en septembre 2011.

En France, Mickey Baker se retrouve à accompagner plusieurs chanteurs locaux comme Billy Bridge, Ronnie Bird, Françoise Hardy, Sylvie Vartan, Colette Magny et même Chantal Goya dont il fait les arrangements et produit les disques pour RCA entre 1964 et 1967 ! Il apparait même dans une scène de Masculin, féminin de Jean-Luc Godard en 1966 dans lequel Chantal Goya tient le rôle principal. Durant cet âge d’or des yéyés, Daniel Filipacchi demande même à Baker de rédiger La Méthode de Guitare Salut Les Copains.

Cette période économiquement rémunératrice le frustre artistiquement, lui le guitariste de jazz et de blues doué, cantonné à assurer derrière de gentillets chanteurs de variété… Parmi ses multiples fait d’arme, retenons aussi It's Gonna Work Out Fine d'Ike & Tina Turner, sur lequel il donne la réplique à la tigresse soul. Dans un tout autre style et dans une discographique sans fin et sans fond (surtout si l’on comptabilise les séances auxquelles il participa), il signa sous son nom McHouston Baker, en 1973, pour le label Sunny Side (réédité en 2006 par Emarcy), un bel et ovniesque album de blues avec le London String Orchestra, Mississippi Delta Blues, épaulé par Ray Cooper, Stefan Grossman et Alan Roberts.

Enfin, Mickey Baker fut également l’auteur de plusieurs méthodes de guitare. En 2003, le mensuel américain Rolling Stone le classera en 53e position de sa liste des cent plus grands guitaristes de tous les temps.

McHouston (Mickey) Baker with Coleman Hawkins Quintet South Of France Blues.mp4

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