Judith Nelson est décédée le 28 mai à Albany. Depuis plusieurs années, la grande soprano baroque qui était âgée de 72 ans était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle fut l’une des voix majeure du renouveau baroque.
Née le 10 septembre 1939 à Evanston, près de Chicago, Judith Nelson a d’abord étudié au St. Olaf College de Northfield dans le Minnesota avant de s’installer à Berkeley en 1970. Grâce à une bourse, elle s’envole pour l’Europe deux ans plus tard où elle rencontrera les plus grands « baroqueux », de Christopher Hogwood à William Christie, en passant par René Jacobs.
Judith Nelson a étudié au Studio der frühen Musik de Francfort aux côtés d’Andrea von Ramm. Elle s’oriente rapidement vers le répertoire baroque, et interprète notamment plusieurs cantates de Haendel avec l'Academy of Ancient Music et Hogwood. L’Américaine aborde également le répertoire italien, avec le Couronnement de Poppée de Monteverdi, et les duos da camera de Rossi et Cesti. Elle chante en duo avec Jacobs et le Concerto Vocale, et participe à un enregistrement intégral des musiques de scène de Purcell.
« Faire de la musique en sa compagnie était pure joie, se souvient Nicholas McGegan, l’ancien directeur musical de l’ensemble baroque californien Philharmonia. Elle était intelligente et drôle mais aussi très généreuse avec ses collègues. Elle ne possédait certes pas une voix capable de remplir le Royal Albert Hall, mais la subtilité avec laquelle elle attaquait une chanson de Purcell pouvait vous faire rire ou pleurer. Quelle que soit l’émotion contenue dans l’œuvre, elle l’extrayait brillement ».
Les enregistrements auxquels elle participa aux côtés de Hogwood et Gardiner furent essentiels dans l’histoire du baroque. Le Messie de Haendel dirigé par Hogwood à l’abbaye de Westminster en 1980, auquel elle participe en tant que première soprano, est une référence. Sa discographie comprend plus de 70 albums, un grand nombre pour Harmonia Mundi et L’Oiseau-Lyre.
Avec la claveciniste Laurette Goldberg et la comédienne Rella Lossy, Judith Nelson fondera également l’Elizabethan Trio. Agrémenté de la soprano Anna Carol Dudley, la formation change de nom pour Tapestry et se lance dans les répertoires Renaissance et baroque.
Dans le fameux Messie de Hogwood, Judith Nelson chante ici en compagnie de Simon Preston, Emma Kirby, Carolyn Watkinson, Paul Elliott et David Thomas.
