Le grand compositeur américain Elliott Carter encore très actif ces dernières années s’est éteint à l’âge de 103 ans.

Elliott Carter est décédé le 5 novembre. Le compositeur américain était âgé de 103 ans. Chaque nouvel anniversaire semblait rappeler son immortalité mais surtout l’étendue de sa productivité. Le 13 août dernier, il bouclait sa pièce ultime, 12 Short Epigrams for piano !

Après avoir franchi le cap des 90 ans, cet ancien élève de Nadia Boulanger n’aura guère chômé, accouchant de plus de quarante œuvres ! Et dix-huit de plus après avoir soufflé ses cent bougies ! Son premier opéra fut créé en 1999 et, rien qu’en 2007, il publiera dix partitions ! En 2008, dans les colonnes du New York Times, Elliott Carter confiera ne pas connaitre l’origine de cette productivité : « Je ne sais pas comment j’ai fait tout ça ! La première partie de ma vie, je cherchais plus ou moins ce que j’avais envie d’écrire. Maintenant j’ai trouvé, et je n’ai donc plus besoin de réfléchir ! »

Né le 11 décembre 1908, Elliott Carter fera d’abord du néo-classique avant de se diriger vers une musique atonale et rythmiquement plus complexe… La légende veut que le jeune Carter alors âgé de 15 ans ait été hypnotisé par un concert du Boston Symphony Orchestra dirigé par Pierre Monteux dans Le Sacre du Printemps de Stravinski. Un Stravinski qui dira, bien des années plus tard, que son double concerto pour clavecin, piano et deux orchestres de chambre de 1961 et son concerto pour piano de 1967 sont de véritables « chefs d'œuvre »

Sa rencontre avec Charles Ives, vers 1924, comptera parmi les plus importantes de sa vie. En effet, c'est son compatriote (qui côtoie la famille Carter) qui le poussera à être lui aussi compositeur… Après avoir étudié la littérature anglaise et la musique à Harvard et à la Longy School of Music (Walter Piston et Gustav Holst sont ses professeurs), Elliott Carter s’envole pour Paris et travaille à l'École Normale de Musique de 1932 à 1935, notamment avec Nadia Boulanger. De retour aux États-Unis, il enseigne, notamment à l’Université de Columbia et la Juilliard School of Music.

Dans les années 30, Elliott Carter se rapproche du style néoclassique, sous l'influence de Stravinski, d'Hindemith et de Nadia Boulanger. A la fin de la décennie suivante, il trouve un langage plus personnel, fondé sur le sens de la continuité et sur l'individualisation des différentes couches de la composition. Éloignée du style américanisant d'un Copland ou d'un Bernstein, mais aussi de l'expérience sérielle, sa musique se fait assez unique et surtout indépendante.

Pour ses aficionados, Elliott Carter aura réalisé une synthèse entre les diverses tendances de la musique du XXe siècle et des conceptions musicales appartenant à des époques ou à des cultures très différentes. Les plus grands orchestres et les plus grands solistes lui ont commandé des partitions. En 1954 et en 1963, il est par ailleurs lauréat du prix de Rome américain en composition musicale et est élu membre de l'Académie des arts de Berlin en 1971.

Juilliard String Quartet rehearses Carter with Carter

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