Selon un communiqué de l'Académie des Beaux-Arts dont il était membre, Serge Nigg est décédé le 12 novembre. Le compositeur qui fut une figure du mouvement dodécaphonique en France était âgé de 84 ans.
Né à Paris le 6 juin 1924, entré à 17 ans au Conservatoire dans la classe d'Olivier Messiaen, puis dans celle de contrepoint et fugue de Simone Plé-Caussade, Serge Nigg avait créé ses premiers ouvrages exécutés en concert en 1943. Il fut profondément marqué à cette époque par sa rencontre avec René Leibowitz, disciple de Schönberg, qui l'initie à la technique dodécaphonique.
Le jeune compositeur écrit alors en 1946 ce qui peut être considéré comme la première œuvre rigoureusement dodécaphonique conçue en France : les Variations pour piano et 10 instruments.
Dès 1950, Serge Nigg s'éloigne de la technique sérielle. Au cours des années 60 s'impose chez lui une nouvelle période dodécaphonique, mais dans laquelle le compositeur cherche à dépasser tout systématisme, qui donnera la Jérôme Bosch-Symphonie (1960), Histoire d'œuf (d'après Blaise Cendrars, 1961), commande de la radio pour le premier concert public des Percussions de Strasbourg, le Chant du Dépossédé (1964) d'après Mallarmé, Visages d'Axël inspirés de l'œuvre de Villiers de l'Isle-Adam (1967), Fulgur (d'après Héliogabale ou l'anarchiste couronné d'Antonin Artaud) en 1970.
Parallèlement à son travail de composition, Nigg s'est largement consacré au développement de la vie musicale française et à l'enseignement. De 67 à 82 il a été chargé de l'Inspection des théâtres lyriques français à la Direction de la musique dirigée par Marcel Landowski.
En 1978, il a succédé en tant que professeur de composition à Olivier Messiaen, au Conservatoire National Supérieur de Paris et en 1982 lui a été confiée la classe d'instrumentation et d'orchestration nouvellement créée.
Elu à l'Académie des Beaux-Arts en 1989 (section de composition musicale), Serge Nigg en avait été le président en 1995.