Le très controversé dernier batteur de John Coltrane s’est éteint à l’âge de 74 ans.

A défaut d’avoir été « LE » batteur de Coltrane – couronne vissée pour l’éternité sur la tête d’Elvin Jones –, il aura été le dernier batteur du saxophoniste… Rashied Ali est décédé le 12 août à New York. Né à Philadelphie le 1er juillet 1935, il était âgé de 74 ans.

John Coltrane avait besoin de deux batteurs pour jouer au Village Gate en novembre 1965. Il avait opté pour Rashied Ali en soutien de son génial enclumeur habituel, l’immense Elvin Jones. Les deux hommes figurent ainsi sur l'album Meditations (1965). Rashied Ali est par contre seul sur Interstellar Space dernier opus apocalyptique du saxophoniste qui mourra en juillet 1967. Il apparait également sur Live In Japan (1965 - 1966), Live At The Village Vanguard Again ! (1966), Stellar Regions (1967), Expression (1967), The Olatunji Concert : The Last Live Recording (1967) et Cosmic Music (1968).

Après une tournée en Europe, Rashied Ali avait lancé son éphémère label, Survival Records, en 1972, avant d’ouvrir, l’année suivante en 1973, son propre club, le Studio 77 alias l’Ali's Alley, jusqu’en 1979.

Durant les années 60 et 70, de nombreux acteurs de la scène free font appel à ses services d’artificier de la percussion : Don Cherry, Albert Ayler, Sun Ra, Archie Shepp, Sonny Sharrock ou bien encore Alice Coltrane, veuve de son ancien patron… Mais avant tous ces attentats sonores, le batteur de Philadelphie avait passé les années 50 à jouer du bop et du hard bop aux côtés de musiciens tel que Jimmy Smith, Lee Morgan ou bien encore Don Patterson.

Après toutes ces tempêtes, Ali jouera plus ou moins régulièrement avec, entre autres, Sonny Rollins, Jackie McLean, Alan Shorter, Gary Bartz, McCoy Tyner, George Adams, Frank Lowe, Sonny Fortune, Marilyn Crispell, et, pendant quelques années dans son propre trio de funk-rock électronique fondé en 1986, avec Mark Bogaerts et Amin Ali.

Le style passablement percussif et psychédélique de Rashied Ali restera un sommet de polémique dans la jazzosphère. Charlatan pour les uns. Passionnant pyrotechnicien pour les autres. Le bonhomme ne laissait guère indifférent… Rashied Ali sur MySpace Rashied Ali à New York en 1985 au sein du quartet du contrebassiste allemand Peter Kowald avec Charles Gayle au saxophone ténor et Marilyn Crispell au piano :