Né en 1933 dans la grande plaine de Hongrie, non loin de cette légendaire Puszta, célèbre pour sa faune, sa flore exceptionnelle et son agriculture traditionnelle, Tamás Vásáry donne ses premiers concerts publics à l'âge de huit ans. Pourtant, l'enfant est timoré et très introverti :

« Je suis né dans une famille religieuse et mon grand-père était un évêque protestant. J'ai reçu une éducation religieuse et j'ai même voulu devenir prêtre. Mais vers cinq ans la musique est apparue dans ma vie. » avoue-t-il.

Il a travaillé à l'Académie Franz Liszt de Budapest avec Ernö von Dohnányi et aussi avec Zoltan Kodaly qui lui offre un piano Steinway de concert. Le jeune homme a 14 ans lorsqu'il remporte le Concours Franz Liszt de Budapest. Sa situation personnelle devient de plus en plus intenable. Appartenant à une famille qui a donné à la Hongrie un Secrétaire d'Etat (son père) et un ministre (son oncle), il doit d'abord s'installer à la campagne à la suite du limogeage politique dont ils sont tous les deux victimes qui prépare le soulèvement de 1956, et qui ruine tout espoir de carrière dans son pays. Il s'exile alors, se rendant tout d'abord en Suisse (il est aujourd'hui citoyen de ce pays), puis sillonnant toutes les villes d'Europe avant de s'établir brièvement à Londres.

Son arrivée en Europe de l'Ouest est immédiatement repérée par les milieux musicaux et par son compatriote, le chef-d'orchestre Ferenc Fricsay qui lui permet d'obtenir une bourse de la Deustche Grammophon pour enregistrer un récital consacré à Franz Liszt. On y découvre un musicien volontaire, au style altier et noble, d'une virtuosité bluffante. Les enregistrements ont lieu entre les 1er et 5 juin 1957 dans la Grosse Musikhalle de Hambourg. L'ingénieur du son, Hans Wildhagen, se souvenait bien des années plus tard de ce premier enregistrement :

"Il se déroula sans le moindre problème. Pourtant, les trois séances planifiées étaient, compte tenu de la difficulté du programme et du fait que ce jeune homme ne s'était pas encore jamais risqué dans une telle expérience, vraiment trop peu." Dans la Marche de Rákǿczy qui termine le récital, les octaves jaillissent et on croit entendre ici ou là des sonorités de cymbalum ou de triangle. Mais ce qui frappe avant tout, c'est comment le jeune pianiste parvient à donner le ton exact à chacune de ces vignettes.

Ce premier disque sera suivi par deux autres récitals en 1959 et en 1961. Ils ont été compilés pour appartenir à la série The Originals, publiée par DG en 2003 avec la pochette originale du tout premier album faisant l'objet de cet article. Vous le trouverez évidemment sur votre QOBUZ : les plages 1 à 7 appartiennent à l'enregistrement monophonique d'origine de 1957, les plages 10 et 11 à celui de 1961 et les plages 8 à 9 à celui de 1959.

Comme d'autres collègues pianistes, Daniel Barenboim, Vladimir Ashkenazy, Christian Zacharias ou Zoltan Kocsis, Tamas Vasary a aussi tâté de la direction d'orchestre (photo ci-dessus). Il a été directeur artistique du Nothern Sinfonia et chef-d'orchestre principal du Bournemouth Sinfonietta.