S’inspirant de l’œuvre éponyme en prose d’Aloysius Bertrand, d’ailleurs sous-titrée Poèmes pour piano, Ravel choisit trois de ces tableaux fantasmagoriques d’un Moyen Age rêvé, Ondine, la légende d’une nymphe éprise dangereusement d’un mortel, mais peut-être tout cela n’était qu’un songe, La Gibet, macabre tableau d’un pendu traversé par le glas, une octave de si bémol répétée 153 fois – je le précise pour éviter à Christian Merlin d’avoir à recompter - et Scarbo portrait d’un gnome démoniaque et véritable cauchemar pianistique.
Par sa virtuosité diabolique, cette dernière pièce est aussi une manière pour le compositeur de dépasser l’Islamey de Balakirev, pourtant déjà redoutable. L’ensemble baigne dans une noirceur à laquelle n’est sans doute pas étrangère l’atmosphère délétère de l’appartement de Levallois-Perret d’où son père Joseph, affaibli par une attaque, ne sort plus. L’écriture donna beaucoup de mal à Ravel qui confia à son amie Ida Godebska, « ça a été le diable, Gaspard, ce qui est logique puisqu’il est l’auteur des poèmes ».
Et malgré ses moyens pianistiques, Ravel reconnaissait lui-même être incapable de jouer sa propre pièce, et en confiera la création en 1909 à son ami Riccardo Vines.
VERSION GAGNANTE
PROGRAMMATION MUSICALE
♫ Version.1 Maurice Ravel
Gaspard de la nuit
Romain Descharmes, piano
(Audite 2009)
♫ Version.2 Maurice Ravel
Gaspard de la nuit
Marylin Frascone, piano
(Integral 2009)
♫ Version.3 Maurice Ravel VERSION GAGNANTE
Gaspard de la nuit
Mihaela Ursuleasa, piano
(Berlin Classics 2009)
♫ Version.4 Maurice Ravel
Gaspard de la nuit
Louis Schwizgebel, piano
(Aparté 2013)
♫ Version.5 Maurice Ravel
Gaspard de la nuit
Jean-Frédéric Neuburger, piano
(Mirare 2013)
♫ Version.6 Maurice Ravel
Gaspard de la nuit
Benjamin Grosvenor, piano
(Decca 2011)