Vladimir Cosma est partout ces temps-ci. Pour marquer ses 50 ans de carrière, il donne le 9 octobre, en avant-première de sa tournée 2017, un concert (17H) au Palais des Congrès à Paris, et sort un troisième coffret luxueux consacré à des raretés et des inédits. Nous avons rencontré cet éternel jeune homme chez lui, à Paris, et lui avons posé quelques questions...

Vladimir Cosma, ce troisième coffret de 17 CD s'annonce comme une fête pour les femmes qui sont amoureuses de vous et de votre musique. Quel message voulez-vous que Qobuz leur transmette ?

— Que je suis toujours aussi jeune d’esprit et curieux de connaître celles qui s’intéressent à moi ! Mais le temps passe, et il faudrait qu’elles se dépêchent… Je suis disposé à les rencontrer mais de préférence… en dehors des rencontres à la FNAC ! Je plaisante, bien sûr...

Soyons sérieux. Qu’est-ce qui est, personnellement, selon vous, le plus appréciable et le plus excitant dans ce troisième coffret, intitulé "Inédits et raretés" ?

— Pour les collectionneurs et pour mes fans, qui sont souvent exigeants si j’en juge par les courriers, ce qui est le plus intéressant c’est tout ce que ce coffret offre d’enregistrements qui n’étaient jamais sortis ou ceux auxquels me rattachent des souvenirs personnels inoubliables. C’est, par exemple, le cas pour Le Jumeau dont j’ai enregistré la musique avec l’immense Chet Baker que j’adorais depuis mes quinze ans, lorsque j’ai découvert le jazz en Roumanie à travers, entre autres, le quartet de Gerry Mulligan dans lequel Chet s’est fait connaître. Cette bande originale n’était jamais sortie dans son intégralité. Le disque dédié à Coluche, qui comprend Banzai et Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine est également un grand souvenir. Quand nous regardions les "rushes" le soir, Coluche, qui était toujours présent, faisait de tels commentaires et plaisanteries irrésistibles que c’était plus drôle que le film lui-même !

Inédits & Raretés sur Qobuz

« La bonne musique de film, c'est la bonne musique tout

court. Elle se doit d'être populaire et savante. » (V. Cosma)Certaines musiques sont particulièrement recherchées sur le plan des couleurs instrumentales. C’est le cas du quatrième disque, qui comprend La Chambre des Dames et Richelieu. On y trouve un dialogue assez nouveau pour l’époque entre instruments anciens des 16e et 17e siècles et les modernes. J’ai fait cohabiter toutes sortes d’instruments tels que cromornes, bombardes cornetto, toute la famille des flûtes à bec avec des synthétiseurs et des instruments électroniques… C’était une musique de facture moderne utilisant des instruments anciens !

Le Fils du français est enregistré avec le London Symphony Orchestra sur une base programmée de percussions exotiques et tropicales qui crée une couleur d’ensemble que je n’avais jamais obtenue auparavant. C’est un film d’aventures qui se passe au Brésil… J’avais un peu abordé ce type de sujet dans La Chèvre mais en cherchant moins à décrire les grands espaces et en accompagnant surtout la comédie et la confrontation Pierre Richard – Gérard Depardieu.

Et puis dans Soleil, pour le film de Roger Hanin avec Sophia Loren et Philippe Noiret, j’ai composé une partie lente de concerto pour guitare et orchestre que je pense émouvante ! Au point qu’en partant de ce matériau j’ai conçu l’Adagio de mon Concerto méditerranéo pour mandoline et orchestre que je dirigerai, d’ailleurs en première audition à Paris, au cours du concert du 9 octobre prochain au Palais des Congrès.

Y a-t-il des choses qu'on n'avait JAMAIS entendues nulle part ?

— Enormément, c’est le sujet même de ce coffret ! Certains extraits de B.O avaient juste été repris dans de rares compilations. Mais la majorité des musiques de films tels que Le Bar du téléphone, Le Coup du parapluie, Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine, Richelieu, La Petite Allumeuse, Le Jumeau, Mort un dimanche de pluie, Le Monde à l’envers, une dizaine de films de Jean-Pierre Mocky, La Fiction des Guignols, Le Chapeau de Mitterrand, Catherine & Co, Just the way you are, Ils sont grands ces petits… sont des premières au disque. Le CD 11, aussi, est inédit d’un bout à l’autre : ce sont des musiques composées pour des films et mini-séries télé adaptés d’après de grands auteurs français (Henri de Montherlant, Jacques Chardonne, Marcel Aymé…)

Votre éditeur indique dans le livret que les remasterisations ont été réalisées par vous-même. En quoi consiste ce travail ? Avez-vous eu accès aux bandes originales analogiques ?

— En dehors des films qui avaient été publiés à l’origine en 33 Tours ou en 45 Tours, gravés d’après des bandes analogiques, pour tout le reste je suis reparti des vrais masters : les bandes multipistes analogiques 8, 16 pistes ou 24 pistes. Cela a été un travail passionnant, j’avais l’impression d’être remonté dans le temps et de réellement revivre les enregistrements en entendant, entre les prises, les voix des musiciens de l’époque, comme ressuscitées. Mais que l’on ne s’y trompe pas : finalement le travail est souvent plus important pour les bandes numériques, car je les ai souvent remixées à cette occasion, avec des amplis à lampe pour redonner un peu de vie au son numérique qui, surtout dans les premières années, était souvent froid, mort ; ou percussif, presque agressif, mais sans rondeur, sans chaleur.

Question angoissée : y aura-t-il de quoi nous offrir bientôt un quatrième coffret ? Quel titre pourrait-il porter ?

— Il faut énormément de temps pour concevoir un tel coffret, je vais un peu attendre quand même, mais pas trop. Ce coffret contiendra j’espère 17 CD — c’est devenu une tradition depuis le premier de la série. Il sera constitué de choses totalement inconnues et s’appellera peut-être « Les Introuvables » ! Mais… un peu de patience, je vous en prie... Je le sais, les « spécialistes » passionnés de ma musique râlent déjà ! Il y a même un super-fan qui veut ABSOLUMENT que je publie certaines musiques des Mondes engloutis — que je n’ai enregistrées qu’en direct sur la pellicule du film lors des mixages. Je me suis souvenu à cette occasion comment cela avait été fait. Comme c’était une énorme série de plus de 50 épisodes et que le réalisateur réclamait certaines musiques particulières qu’il ne trouvait pas dans celles que j’avais préalablement enregistrées, je suis allé directement dans la salle de mixage, avec mon violon et des claviers, en jouant moi-même à l’image ! L’urgence étant maximale, on n’a pas eu l’idée de faire des copies de ces musiques sur un magnétophone normal, et c’est pour ça qu’elles ont disparu. Il faudrait maintenant que je retrouve la version internationale de la série et que je repique ces musiques manquantes d’après la bande-son du film… Je vous signale que le «spécialiste» qui souhaite ces musiques complètement introuvables les a déjà copiées d’après un DVD où elles sont mélangées aux dialogues, aux bruitages etc… et me les a envoyées ! Il y a des gens qui aiment vraiment ma musique, c’est pour moi la plus belle récompense !

- Propos recueillis par Hannah KROOZ

DISCOGRAPHIE DE VLADIMIR COSMA

TOURNÉE

Vladimir Cosma sera en concert à Paris le 9 Octobre 2016 au Palais des Congrès (Porte Maillot) et bientôt en tournée dans toute la France :

07-02-17 - BORDEAUX - Patinoire

08-02-17 - TOULOUSE - Zénith

09-02-17 - GENEVE - Arena

10-02-17 - LYON - Amphithéâtre

11-02-17 - ROUEN - Zénith

14-02-17 - LILLE - Zénith

15-02-17 - STRASBOURG - Zénith

16-02-17 - DIJON - Zénith

17-02-17 - NANTES - Zénith

LOCATION : http://www.digitick.com

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