Intrigant de voir que de ce côté-ci de l’Atlantique, le nombre de ses fans est on ne peut plus modeste. Chez lui, Tom Petty est pourtant proche du statut de légende, de mythe, bref de star du rock’n’roll, et ce depuis plusieurs décennies… Épaulé par ses indéboulonnables Heartbreakers, le songwriter de Floride aujourd’hui âgé de 63 ans signe Hypnotic Eye, treizième album studio nerveux de toute beauté qui ne changera sans doute pas vraiment la donne sur son cas mais qui mérite que tous fans de rock dignes de ce nom y jettent une oreille attentionnée. Aux origines, Petty est cet esthète qui connait les différents théorèmes des mathématiques rock’n’roll, qu’ils soient britanniques (Stones et Beatles) ou nord-américains (Dylan et les Byrds) et qu’il mâche avec sa mâchoire à lui et digère avec son estomac à lui. A la fin des années 70, tout ceci donne un brillant carré d’as d’albums classiques mais teigneux, superbement écrits et joués, des merveilles intitulées Tom Petty And The Heartbreakers (1976), You’re Gonna Get It (1978), Damn The Torpedoes (1979) et Hard Promises (1981). L’époque est au punk et à la new wave mais Petty veut prouver qu’il peut faire du neuf avec du vieux. Plus tard, sa recette sentira parfois la redite ou l’anecdotique. Rien de déshonorant, juste de la roue libre, trop de tournées de stades springsteeniens sans doute… En 1994 avec Wildflowers, Tom Petty et ses Heartbreakers offrent à nouveau un visage réjouissant et inspiré. Il semble que ce visage soit aussi celui d’Hypnotic Eye. On y retrouve un groupe nerveux, très nerveux même, sans gras ni artifice, doté d’un son cru et épuré, à la tête duquel le maître de maison semble avoir retrouvé une seconde jeunesse. Ouch !
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